Les bureaux de poste des petites communes menacés : les maires haussent le ton in DDM
L’amputation par l’État de 50 M€ dans le contrat de présence postale territoriale, qui finance les 17 000 antennes de La Poste en France, suscite un tollé chez les maires, qui haussent le ton.
Les Français sont attachés à leur bureau de Poste. Philippe Wahl, le PDG du groupe, le sait bien, et s’en est encore rendu compte vendredi. En annonçant en marge du congrès de l’Association des maires ruraux de France à Saint-Julien (Côte-d’Or), que le contrat de présence postale territoriale – qui finance les 17 000 antennes de La Poste en France et lui permet de remplir sa mission de service public – doit être amputé de 50 millions d’euros cette année, il a déclenché un tollé.
« Il y a cette coupe budgétaire de 50 millions d’euros sur 160 millions qui a été décidée et nous allons discuter avec l’État. Si cette coupe est faite en 2024, elle annonce sans doute une coupe en 2025, cela veut dire qu’on ne pourra plus faire fonctionner des agences postales communales. Dans les communes rurales, il y a énormément d’agences postales communales où La Poste paye une partie du salaire de l’employé communal, donc c’est un vrai drame pour l’avenir de ces points de contact », a précisé le PDG, ajoutant que le groupe avait « déjà engagé beaucoup de dépenses pour 2024 ».
Dit autrement, il faudrait que les communes, aux moyens déjà très contraints, mettent la main à la poche pour préserver ces points postaux qui constituent bien souvent pour les populations un point d’ancrage avec l’administration au sens large et permettent notamment la perception des minima sociaux, des retraites, etc.
L’Association des maires de France (AMF) a immédiatement réagi et appelé « au respect des engagements pris pour la présence postale territoriale. » « Le contrat de présence postale territoriale signé par l’État, La Poste et l’AMF est l’outil financier permettant à La Poste de remplir ses obligations en matière d’aménagement postal du territoire. C’est le 6e contrat négocié, pour une durée de trois ans (2023/2025). Le coût de ce service est évalué à 348 millions d’euros par an par l’ARCEP, mais depuis plusieurs années le contrat ne prévoit que 174 millions par an (loi de finances 2024). En outre, ce montant n’est jamais versé complètement du fait de la variation des recettes de CVAE », rappelle l’AMF.
Si le contrat était effectivement amputé de 50 millions d’euros, « pour la première fois, le fonds serait donc privé de plus d’un tiers de sa ressource, aggravant ainsi une situation qui ne cesse de se dégrader », assure l’AMF. « Cela constituerait un mauvais signal pour le partenariat territorial annoncé par le nouveau gouvernement. »
De fait, hier lors de sa déclaration de politique générale ce mardi 1er octobre, Michel Barnier a mis en avant pour le saluer le dispositif des Maisons France Services, aujourd’hui au nombre de 2840, mais dont le développement nécessitera, selon la Cour des comptes, des moyens financiers et humains plus importants.
Craintes de voir des bureaux fermer
S’il manquait 50 millions d’euros, les conséquences seraient immédiates, selon l’AMF : « les moyens financiers nécessaires pour faire fonctionner les agences postales diminueraient en zone rurale, en Outre-mer et dans les quartiers de politique de la ville. À terme, cela conduirait à renforcer la charge financière des communes pour garantir le fonctionnement du service postal qui ne relève pourtant pas de leurs compétences. Au pire, cela pourrait conduire à la fermeture de points de contacts postaux. La question de la survie de ces bureaux dans les petites communes est donc posée », estime l’AMF.
« C’est une annonce brutale et difficile. C’est une mauvaise nouvelle pour les services publics dans les communes rurales ainsi que pour les quartiers prioritaires des villes, d’autant plus que cette réduction de 50 millions d’euros ne s’inscrit pas dans le budget de l’année prochaine mais dans celui de l’exercice actuel. Des investissements vont être remis en cause », a déploré le député (EPR) Stéphane Travert, président de l’Observatoire national de la présence postale. Plusieurs députés entendent également monter au créneau.
Aujourd’hui, plus de 97 % de la population se trouve à moins de cinq kilomètres ou à moins de vingt minutes d’un « point de contact » postal.
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