Ian Brossat : « Nous proposons un pacte pour les législatives à toute la gauche »

Le conseil national du PCF, ce week-end, a réaffirmé dans une résolution la candidature de ­Fabien Roussel à la présidentielle et lancé un appel à « un pacte d’engagements communs » pour les législatives. Ian Brossat, son directeur de campagne, estime que, si la primaire proposée par Anne Hidalgo n’est pas le bon « remède », le mode de scrutin des législatives, lui, permet le rassemblement.

Face à la droite et l’extrême droite qui s’imposent dans ce début de campagne, comment la gauche peut-elle redresser la barre ?

Ian Brossat La gauche est en bien mauvaise posture, et cette situation ne date pas d’hier. Quand François Hollande est élu en 2012, elle rassemble 40 % des voix au premier tour. Cinq ans plus tard, en 2017, elle représente 27 %. Aujourd’hui, tous candidats confondus, c’est encore un peu moins avec 25 %. Le problème de la gauche, ce n’est pas d’abord sa division ou sa dispersion, c’est qu’aux yeux de beaucoup elle ne défend plus les intérêts du peuple. Fabien Roussel s’attelle à reconstruire ce lien avec ses propositions sur le travail, le pouvoir d’achat ou encore les services publics.Lire aussi : Présidentielle. Avec Fabien Roussel, pleins feux sur l’emploi et les salaires

Cela ne se traduit pas pour l’heure dans les intentions de vote…

Ian Brossat C’est vrai, ce travail sera long et âpre précisément parce que le fossé à combler est profond. Et aussi parce qu’à quatre mois du premier tour ceux qui s’y intéressent déjà sont les électeurs les plus politisés. Les catégories populaires entreront dans la campagne plus tardivement. Or, ce sont elles que nous voulons aller chercher.

Anne Hidalgo a proposé la semaine dernière une primaire, refusée par les autres candidats de gauche hormis Arnaud Montebourg. Jean-Luc Mélenchon a aussi adressé un courrier au PCF pour proposer une alliance. La question du rassemblement doit-elle se poser ?

Ian Brossat Je les respecte profondément et je leur fais crédit de proposer un chemin, mais je ne partage ni le diagnostic ni le remède proposés par Anne Hidalgo et Arnaud Montebourg. Il faut avoir la lucidité de reconnaître qu’il ne suffira pas d’un artefact pour renouer avec le peuple. D’autant que, sur le fond, nous ne disons pas tous la même chose. Sur le travail, au cœur du projet que nous présenterons en janvier, Fabien Roussel fait déjà entendre une musique originale à gauche : pour nous, l’issue n’est pas le revenu universel, mais le travail universel, le travail pour tous. Concernant Jean-Luc Mélenchon, j’entends cet appel, mais il ne me semble pas que ce soit à l’ordre du jour. Nous l’avons soutenu à deux reprises et cela ne nous a pas permis de gagner. Par ailleurs, le début de cette campagne a montré que nous avions des vues différentes sur bien des sujets, comme l’énergie.

Vous évoquez des différences, mais le conseil national du PCF a lancé ce week-end un nouvel appel en vue d’un pacte d’engagements communs pour les législatives. À qui s’adresse-t-il et sur quelles bases s’agit-il de le bâtir ?

Ian Brossat La présidentielle, c’est un ou une candidate, les législatives, ce sont 577 circonscriptions. Ce mode de scrutin permet la représentation de sensibilités différentes pour l’élection du maximum de députés de gauche dans leur diversité. C’est pourquoi nous proposons un pacte d’engagements communs à l’ensemble des forces de gauche et écologistes, sans exclusive. Celui-ci devra immanquablement se faire sur des bases claires à la fois de rupture avec les politiques libérales, de changement profond de l’Union européenne et de mesures fortes pour répondre aux principales préoccupations des Français, comme le pouvoir d’achat ou la santé.