Les cadres prêts à descendre dans la rue

Selon un sondage de l’Ugict-CGT, salaires, retraites et temps de travail sont au cœur des préoccupations des personnels encadrants.

AFP / VALENTINE CHAPUIS

Ils seraient souvent dépeints comme des manageurs individualistes, négociant discrètement une augmentation des salaires, bien loin des mobilisations collectives. Le dernier baromètre de l’Ugict-CGT sur les opinions et attentes des cadres au travail, en collaboration Secafi et ViaVoice, fait mentir ce cliché. 38 % d’entre eux – un nombre inédit selon l’organisation syndicale – seraient prêts à se syndiquer dans les prochains mois. 42 % pourraient même faire grève pour défendre leur retraite et 35 % pour obtenir de meilleurs salaires. Près de la moitié d’entre eux seraient également prêts à manifester.

À en croire les résultats de cette dixième édition du baromètre, les motifs de protestation ne manquent pas. Dans un contexte fortement inflationniste – et pourtant faste pour les grandes entreprises –, les salaires demeurent le nerf de la guerre. 73 % des cadres, dont 80 % pour les femmes, estiment que leur pouvoir d’achat a diminué en un an. « C’est l’une des préoccupations principales des salariés et on note une contestation grandissante. Une majorité de répondants veut que des négociations collectives, et non pas individuelles, soient ouvertes sur les rémunérations », souligne Olivier Dupuis membre du bureau de l’Ugict et employé chez RTE. Dans de nombreuses entreprises, la réponse de la direction n’a pas été à la hauteur des attentes des cadres. « Malgré une année record chez Capgemini, la direction n’a réservé qu’une enveloppe de 3 millions d’euros aux salariés, soit 10 euros en plus par mois et par personne », cite notamment Emmanuelle Lavignac, de la fédération CGT des sociétés d’études.

la rémunération en décalage avec l’ implication

La question des salaires est d’autant plus pressante chez ces salariés – qu’ils travaillent dans le privé ou pour une administration publique – que beaucoup estiment s’investir plus que de raison dans leurs missions. Plus d’un répondant sur deux pense que sa rémunération est en décalage avec son implication. « Dans le détail, 42 % d’entre eux disent travailler plus de 45 heures par semaine et 20 % plus que 49 heures. Ce chiffre est en hausse de 5 points depuis l’année dernière », note la secrétaire générale de l’Ugict-CGT, Sophie Binet. Celle-ci recommande, pour enrayer le phénomène, de veiller à ce que le droit à la déconnexion soit fermement respecté et que soit « supprimé le forfait jour sans décompte horaire », qui permet aux cadres de travailler sans contrôle de leurs horaires de travail.


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