Éducation : drôles d’étrennes pour les AED et AESH 

À partir de ce mois de janvier les assistants d’éducation et accompagnants d’élèves et situation de handicap ont enfin accès aux primes d’éducation prioritaire. Mais avec des montants inférieurs aux autres personnels.

Une manifestation d'AESH à Paris le 5 avril 2022. © Pierrick Villette / ABACA

Une manifestation d’AESH à Paris le 5 avril 2022. © Pierrick Villette / ABACA

Les ministres changent, les (sales) habitudes demeurent : pour faire respecter ses droits par le ministère de l’Education nationale, il faut lui tordre le bras. La bonne nouvelle, pour les AED (Assistants d’éducation) et les AESH (Accompagnants d’élèves en situation de handicap), c’est qu’à compter de ce mois de janvier 2023, celles et ceux qui exercent en réseaux d’éducation prioritaire et d’éducation prioritaire renforcée (REP et REP+) pourront enfin percevoir la prime à laquelle ils auraient dû avoir droit depuis bien longtemps.

Cette indemnité de sujétion a en effet été créée en 2015, avec un double but : compenser les exigences particulières des postes exercés en REP et REP+… tout en incitant les personnels à les pourvoir – et à s’y maintenir, les territoires concernés faisant l’objet d’un turn over plus important qu’ailleurs. En REP, elle se monte à 1734 euros bruts annuels ; en REP+, elle atteint 5114 euros. Vient s’y ajouter une faible part variable de 234, 421 ou 702 euros bruts annuels, dont le principe est très contesté par l’ensemble des organisations syndicales. Tous les personnels, enseignants comme non-enseignants, y ont droit, jusqu’aux inspecteurs.

Tous… sauf, jusqu’à présent, les AED et AESH. Alors que les demandes des syndicats restaient lettre morte jusqu’à présent, SUD Education déposait un recours devant le tribunal administratif (TA) de Paris, incitant les personnels concernés à faire de même à titre individuel. Première victoire en avril dernier : le recours de SUD était accepté par le Tribunal administratif qui, dans sa décision, enjoignait le gouvernement à donner droit aux AED dans un délai de six mois. Début décembre, c’est le recours d’un AESH qui recevait lui aussi une issue favorable.

Des primes réduites de 36 % !

Le gouvernement aura senti le vent judiciaire tourner : dès octobre, dans le cadre de la discussion budgétaire à l’Assemblée, il modifiait les règles d’attribution des primes REP et REP+ pour en ouvrir enfin l’accès, à partir de janvier 2023, aux 8000 AED et 15000 AESH concernés. Seulement, les montants ne seront pas les mêmes pour eux : 1106 euros bruts en REP, et 3263 euros bruts en REP+. Soit… 36% de moins ! SUD Education dénonce cette “décision scandaleuse” qui montre, selon le syndicat, que pour le ministère “les AED et les AESH ne sont pas des personnels à part entière de l’Education nationale, mais des sous-personnels, sous-payés, avec une sous-prime REP”.

Pour des personnels qui restent soumis à des contrats et statuts précaires, le plus souvent à temps partiel, avec des rémunérations si faibles qu’elles les contraignent souvent à un double emploi, cette prime reste de toute façon une bonne nouvelle. Mais elle montre aussi le chemin qui reste à parcourir pour être considérés à l’égal des autres personnels.


En savoir plus sur Moissac Au Coeur

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Donnez votre avis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.