Gina Lollobrigida, le sex-symbol qui rêvait d’être une artiste

Un temps considéré comme la plus belle femme au monde, la comédienne italienne s’est éteinte, hier, à l’âge de 95 ans.

Sur le tournage de la Loi, de Jules Dassin (1959). Les films Corona/Roger corbeau/sunset boulevard/corbis/getty images

Sur le tournage de la Loi, de Jules Dassin (1959). Les films Corona/Roger corbeau/sunset boulevard/corbis/getty images
Corbis via Getty Images

Gina Lollobrigida a incarné une certaine idée de l’Italie, presque à son corps défendant. Elle était belle, la Lollo, son surnom de sex-symbol dans les années 1950 et au début des années 1960. Et pourtant, si elle a joué de son physique avantageux, lui devant même en grosse partie sa carrière, elle a refusé qu’on l’y réduise. Née en 1927 à Subiaco, un village du centre de l’Italie, dans une famille ouvrière, elle déménage à Rome après la guerre. Étudiante aux Beaux-Arts, elle s’imagine peintre, avant que le cinéma ne se l’approprie. Remarquée après un roman-photo et des concours de beauté, où elle finit sur le podium de Miss Rome (2 e) et de Miss Italie (2 e), elle enchaîne de 1947 à 1951 les rôles secondaires chez Lattuada, Germi ou Monicelli.

En 2007, elle confie au magazine Variety, dans un aveu qui ressemble fort à une réécriture de sa légende: «Je ne voulais pas être actrice mais artiste. J’étais figurante seulement pour ramener de l’argent à la maison. Puis, on m’a offert un vrai rôle. Ce n’était pas ce que je voulais. J’ai pensé: “J’y vais et je leur demande la lune, un million.” Ils me l’ont donné et j’ai commencé à faire du cinéma.» Ainsi, elle interprète une fausse diseuse de bonne aventure dans Fanfan la Tulipe, de Christian Jacq, face à Gérard Philipe. En 1953, elle est aussi de l’aventure de  Pain, amour et fantaisie, un énorme succès de Luigi Comencini.

Si ses qualités d’actrice sont souvent remises en cause, elle est adoubée dès 1953 par les exigeants Cahiers du cinéma. «La charmante Gina Lollobrigida a été lancée par la gorge. Une gorge généreuse en vérité et faite d’une matière à la fois marmoréenne et transparente qui fascine le regard et énerve la main. Ceux qui ont vu la Marchande d’amour , de Mario Soldati, adapté de la Provinciale , d’Alberto Moravia, savent maintenant que Gina ne dispose pas seulement d’une gorge, d’un nombril et d’une très belle chute de reins, mais aussi d’un très sûr et très sensible talent de comédienne.» Autres mœurs, autre époque.

Quoi qu’il en soit, la Lollo affole le monde, et Hollywood lui tend les bras. Sa première escapade états-unienne est de courte durée. Mais elle revient outre-Atlantique à la fin des années 1950, donnant la réplique à Yul Brynner dans Salomon et la reine de Saba, de King Vidor, un péplum kitsch où elle fait fondre son partenaire. Si elle côtoie les plus grands, ce n’est pas dans leur meilleur film. Son époux agent, Milko Skofic, un médecin yougoslave, pas toujours de très bon conseil, lui fait refuser la Dolce Vita. Quel dommage.

Dans les années 1960, elle continue sa carrière avec peu d’œuvres marquantes. Avec la maturité, elle disparaît peu à peu des écrans, revenant à ses premières amours artistiques. Son livre de photos, Italia Mia, lui vaut le prestigieux prix Nadar en 1974. Au tournant des années 1980, elle se consacre à la sculpture, remodelant, entre autres, sa vie de cinéma. Elle tente aussi une incursion dans la vie politique agitée de son pays, se présentant deux fois aux élections. En 1999, aux européennes, elle concourt sous la bannière du juge anticorruption Antonio Di Pietro, sans parvenir à se faire élire. L’année dernière, elle se lance aux sénatoriales, dans la liste Italie souveraine, menée par le Parti communiste italien et des formations eurosceptiques, sans plus de succès. Elle est morte, hier, des suites d’une mauvaise chute, à l’âge de 95 ans.


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