Quand la Macronie déclare sa flamme au RN

Les semaines passent, et les déclarations de respect voire d’amour du gouvernement ou de députés de la majorité envers le parti de Marine Le Pen s’intensifient. Jeudi, plusieurs responsables macronistes ont dressé des louanges aux députés d’extrême droite dans un article du Figaro.

Aux côtés de Marine Le Pen, le député Jean-Philippe Tanguy incarne cette « normalisation » du parti d'extrême droite. © AFP / LUDOVIC MARIN

Aux côtés de Marine Le Pen, le député Jean-Philippe Tanguy incarne cette « normalisation » du parti d’extrême droite. © AFP / LUDOVIC MARIN

La lucidité d’Élisabeth Borne n’aura été qu’un mirage. Sa sortie qualifiant le Rassemblement national d’ « héritier de Pétain », véhiculant une « idéologie dangereuse » – tout en renvoyant dos à dos l’extrême droite et la gauche -, dimanche sur Radio J, n’aura pas caché longtemps la complaisance du camp macroniste avec celui de Marine Le Pen.

Dès mardi, Emmanuel Macron a frontalement critiqué cette phrase en Conseil des ministres. Un recadrage sec : «  ce n’est pas comme cela que le combat contre l’extrême droite doit se mener, il ne passe plus par des arguments moraux » évoquant des « mots des années 90 qui ne fonctionnent plus ». Surtout, ne pas rappeler d’où vient le RN et quel est son ADN au prétexte que cela ne paie pas électoralement…

Car la Macronie, qui depuis six ans critique vertement la gauche tout en épargnant relativement l’extrême droite, veut continuer à mettre en scène son duel avec le parti lepéniste. Allant même ces derniers mois jusqu’à flatter les députés RN, jugés « plus républicains » que la Nupes par Élisabeth Borne après les débats sur la réforme des retraites.

Une mansuétude coupable

Jeudi, Le Figaro a encore publié quelques tendresses venues de Renaissance. La présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet y encense Sébastien Chenu, élu vice-président de la chambre grâce aux voix macronistes, qui ne serait pas « un bon mais un très bon vice-président de l’Assemblée nationale ».

Dans cet article du quotidien de droite, démontrant comment le RN s’est facilement intégré dans les meubles du palais Bourbon, un autre « cadre macroniste » assume en estimant que ces députés n’ont « rien à voir avec le parti d’extrême droite fondé par Jean-Marie Le Pen ». Le fond raciste et xénophobe toujours enrobé d’une grande plasticité électoraliste sur les autres sujets politiques, ne semble pas gêner la Macronie, devenu un des acteurs principaux de la normalisation du RN.

Toujours dans Le Figaro, Naïma Moutchou, vice-présidente Horizons de l’Assemblée va plus loin : « Le RN, c’est une nouvelle génération de députés qui joue à la préférence nationale et au patriotisme, mais ce n’est pas le Front national. C’est un parti qui est en train de se normaliser, même si le chemin pour eux est encore long. »

Ce serait « comme cela » qu’il faut combattre l’extrême droite selon Emmanuel Macron ? Il ne faut en tout cas pas attendre de ses parlementaires la moindre remise en cause, même après d’innombrables attaques à la démocratie pour passer en force la réforme des retraites. Comme toujours, tout est de la faute de la gauche, et particulièrement de la FI.

Pour Aurore Bergé, cheffe de file des députés Renaissance, c’est du fait de la Nupes que le texte n’a jamais été voté par l’Assemblée nationale, non du 49.3. Elle ajoute, jeudi sur BFM TV, à propos des débats houleux sur la proposition de loi d’abrogation du groupe Liot, en commission : « La France insoumise est un marchepied extraordinaire pour l’extrême droite ». Certainement pas ceux qui lui offrent des sièges, les congratulent publiquement et reprennent leurs idées ou éléments de langage sur la sécurité et l’immigration…

 


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