Le syndicat agricole progressiste condamne en bloc les mesures de soutien aux agriculteurs annoncés par Gabriel Attal jeudi.
Dès les annonces de Gabriel Attal égrainées jeudi, Pierre Thomas, président du Mouvement de défense des exploitations familiales (Modef), avait donné le ton. « Ces quelques mesures ne changent rien sur le fond. La crise que nous connaissons va donc se poursuivre. On continuera donc les actions. De toute façon, nous savons que la bataille sera longue à mener pour changer de système agricole. »
Ce vendredi après-midi, alors que les points de blocage tenus par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs avaient tous été levés en Île-de-France et autour de Lyon, le syndicat progressiste qui veut « en finir avec le pillage organisé du travail des agriculteurs », a répondu point par point aux annonces gouvernementales.
Le cadre des lois Egalim et le renforcement des contrôles annoncé par Bruno Le Maire ne suffiront pas à maintenir des prix rémunérateurs, assure Didier Gadéa. « Egalim, c’est rester dans un cadre où le marché fixe les prix. Mais on voit bien que des deux bouts de la chaîne, ce sont les agriculteurs et les consommateurs qui se font assassiner. Au milieu, il y a des profiteurs. Et quand vous demandez à la grande distribution ou à l’agro-industrie quelles sont leurs marges, on n’obtient aucune réponse », décrypte le viticulteur en Héraut, qui milite avec le Modef pour « la fixation des prix par la loi, garanti par l’Etat ».
« 1035 euros d’aide par élevage »
Le syndicat a par ailleurs expertisé les 150 millions d’euros de soutien fiscal et social aux éleveurs bovins. « Quand ils annoncent des fonds de soutien, ils parlent toujours en millions. Mais ça fait 1035 euros par élevage. Pour moi, ça correspond à 1 % de mon chiffre d’affaires », calcule Elliott, qui a par ailleurs vu les 8500 euros d’aides à l’installation pour les jeunes agriculteurs fondre au gré des augmentations de toutes ses factures.
La mise en « pause » du plan écophypto 2030 provoque aussi la colère du Modef. Pour Amandine Feuchot, « c’est la cerise sur le gâteau offert à l’agrobusiness et l’agro-industrie ». La maraichère bio en Corrèze rappelle l’évidence : « Notre premier outil de travail, c’est la terre, la pluie, le vent, les insectes polinisateurs, nos animaux ; c’est aussi le corps, la tête et le coeur de l’agriculteur qui a besoin de vivre en bonne forme. On connaît tous les conséquences de ces produits sur la santé, sur l’environnement. Ces mesures reviennent à faire sauter nos protections aux profits des plus gros. Voilà pourquoi nous appelons à faire passer les coûts de ces produits pour notre société en investissements dans la recherche, la formation, pour aider les agriculteurs à changer leurs pratiques pour mieux en vivre. »
Quant à la souveraineté alimentaire maintes fois citée par le premier ministre, cette idée sonne étrangement aux oreilles du Lot-et-Garonnais et dirigeant du Modef Raymond Girardi. « Il y a quelques années, la France était l’un des plus grands pays agricoles. Entendre désormais parler de souveraineté agricole est surréaliste. L’agriculture est l’épine dorsale de notre ruralité. Si elle s’effondre, c’est notre ruralité qui s’effondre », affirme-t-il, rappelant que le Modef est membre fondateur du mouvement Via Campesina qui a défini la souveraineté alimentaire comme le droit des populations, de leurs Etats ou Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis-à-vis des pays tiers.
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