Arrêts maladie, gel du point d’indice, fin de la Gipa… Le budget tourne à la potion amère pour les fonctionnaires

Le budget adopté en commission mixte paritaire ce vendredi promet une potion amère pour les fonctionnaires. L’ensemble de leurs syndicats est vent debout contre le gel du point et le plafonnement à 90 % de la rémunération des arrêts maladie. Ils ont écrit un courrier à Laurent Marcangeli, pour exiger le retrait de ces mesures de l’ordre du jour du conseil commun, prévu le 11 février.

 

La douche froide. C’est le sentiment qui domine unanimement parmi les représentants des fonctionnaires, réunis en intersyndicale le 29 janvier dernier, après avoir appris, sans consultation préalable et par voie de presse, la potion austéritaire à laquelle le gouvernement s’apprête à soumettre les agents de la fonction publique, dans le cadre de son projet de loi de finances (PLF), adopté en commission mixte paritaire (CMP) vendredi.

À l’issue des réunions bilatérales organisées début janvier par leur nouveau ministre, Laurent Marcangeli, les représentants syndicaux étaient pourtant repartis plutôt rassurés par ses engagements à respecter le dialogue social et le ton adopté qui semblait trancher avec celui de son tonitruant prédécesseur, Guillaume Kasbarian.

Deux semaines plus tard, malgré la concession du gouvernement sur les trois jours de carence, arrachée au prix d’une mobilisation importante dans la rue en décembre dernier, la potion n’en reste pas moins amère. L’abaissement à 90 % de l’indemnisation en cas d’arrêt maladie, le gel du point d’indice pour 2025, après une année blanche en 2024, et la suppression de la prime Gipa (Garantie individuelle de pouvoir d’achat), un filet de sécurité contre l’inflation, sont en effet bien maintenus dans ce nouveau projet de loi de finances à la sauce Bayrou.

« On vous reçoit, on vous écoute mais au final on fait comme on veut »

Pire, pour les syndicats, ces points ont même été mis à l’ordre du jour du Conseil commun de la fonction publique, prévu le 11 février prochain, alors même que le texte de loi n’avait à ce moment-là pas encore franchi le barrage de la CMP et n’est présenté que ce lundi 3 février, à l’Assemblée nationale.

« Il y a là un véritable problème de dialogue social qui est commun à tous les ministres de la fonction publique qui se succèdent. Et c’est de pire en pire. On vous reçoit, on vous écoute mais au final, on fait comme on veut », s’indigne Sylviane Brousse, responsable de la CGT fonction publique. Même colère à Force ouvrière, dont le représentant pour la fonction publique, Christian Grolier, pointe le caractère « antidémocratique et scandaleux de cette démarche qui anticipe des dispositions avant même le vote d’un texte ».

« Le ministre s’était engagé, une fois les arbitrages rendus, à nous avertir des résultats des négociations, avant d’en passer par la presse. Et là, de nouveau, comme avec Kasbarian, on se retrouve à essayer de décrypter les propos qu’il a tenus sur les ondes », pointe également Benoît Teste, le secrétaire général de la FSU. « Cela témoigne clairement d’une volonté de passer en force », abonde Sylviane Brousse.

Au-delà de la méthode, les syndicats, qui se sont fendus d’un courrier à Laurent Marcangeli, dans la foulée de cette réunion intersyndicale, maintiennent leur résolution à combattre ces nouvelles attaques. Dans cette missive cosignée par l’ensemble des organisations (CGT, CFDT, CFE-CGC, FSU, Solidaires, FO, Unsa) , il est ainsi demandé au ministre « le retrait de l’ordre du jour de la séance du 11 février des textes relatifs à la rémunération portée à 90 % en congé de maladie ordinaire » ainsi que « la possibilité d’avoir un échange sur l’ensemble des arbitrages rendus ou en cours par le gouvernement ».

Plafonnement à 90 % de l’indemnisation des arrêts maladie

Le décret concernant le passage de 100 % à 90 % de la rémunération pendant les trois premiers mois d’arrêt maladie, que les syndicats ont découvert il y a une semaine, au détour des textes de préparation du conseil commun, est pour tous une ligne rouge, symptomatique de l’indifférence de l’exécutif à leurs conditions de travail de plus en plus dégradées. Guillaume Kasbarian n’avait ainsi pas manqué de relancer la machine à clichés, en habillant ce projet de la volonté d’aligner leur traitement sur celui des salariés du privé et de lutter contre « l’absentéisme des fonctionnaires ».

Sauf que l’argument économique est bien ce qui prévaut dans le maintien de cette mesure, au mépris de la puissante levée de boucliers qu’elle suscite. « On sait bien pourquoi le gouvernement veut la maintenir : c’est la mesure qui rapporte le plus. Les trois jours de carence, cela représentait 300 millions d’euros d’économies, alors que les 10 % de réductions d’indemnités, c’est 900 millions d’euros d’économies, soit trois fois plus », décrypte Christian Grolier.

Pour le syndicaliste, l’heure est à la recherche d’une stratégie commune qui n’est pas encore tranchée, mais dont la première étape sera ce conseil commun, présidé par le ministre de la Fonction publique. Deux options sont pour l’heure sur la table : le boycott de la réunion ou un vote unanime contre ce texte qui empêcherait son adoption. Sans illusion toutefois sur l’impact de ce vote, seulement consultatif, et son pouvoir sur un gouvernement visiblement décidé à en découdre.


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