
Cette ascension fulgurante à la mairie de New-York n’est pas un hasard. La plus grande ville des États-Unis est un bastion de la classe travailleuse. La zone métropolitaine de New York comporte presque 2 millions de travailleurs syndiqués, soit 19,3 % de la population, un taux deux fois plus élevé que la moyenne nationale. Dans le secteur public, les écoles, les casernes de pompiers, les transports publics, ce taux s’élève à plus de 65%. Les syndicats présents dans la ville sont pour beaucoup des organisations de classes combatives qui n’hésitent pas à faire grève pour obtenir des gains concrets et à organiser de nouveaux secteurs de l’économie comme le dépôt logistique d’Amazon de Staten Island.
Pour l’emporter, Zohran Mamdani a su mettre l’urgence sociale au coeur de son programme : l’instauration d’un service municipal de la petite enfance universel et gratuit ; la gratuité du transport public de bus ; le gel des loyers de l’ensemble du parc social New Yorkais… Le nouveau maire a aussi l’ambition de créer un supermarché sous gestion publique dans chacun des 5 districts de la ville. L’ambition est de contrer l’inflation sur les produits alimentaires en offrant une option municipale. Pour ce faire la municipalité utiliserait le foncier municipal, étant ainsi exempt de loyer ou de taxe foncière, se fournirait en gros pour centraliser le transport et le stockage et ne ferait pas de profit sur ces opérations. Cette municipalisation du panier alimentaire est un levier puissant pour la défense et l’augmentation du pouvoir d’achat.
Il a également démontré que les immigrés, loin des fantasmes réactionnaires, constituent une part essentielle de la classe travailleuse new-yorkaise, contribuant quotidiennement au développement économique, social et culturel de la ville.
Pour financer son programme Mamdani a prévu d’augmenter l’impôt municipal sur les sociétés et d’instaurer une flat taxe à 2% sur les revenus de plus d’un million de dollars. Il compte aussi s’attaquer frontalement aux grands propriétaires fonciers corrompus pour récupérer les amendes dues à la ville.
À l’inverse de la campagne de Kamala Harris pour la dernière élection présidentielle, la victoire du nouveau maire de New-York confirme donc que c’est par la défense d’un programme de classe qu’il sera demain possible de reconquérir la confiance du monde du travail et des catégories populaires, de les rassembler contre leurs mises en concurrence, et de battre la droite MAGA. Zohran Mamdani a, de ce point de vue, raison de dire que « s’il y a une façon de défaire un despote, c’est en détruisant les conditions qui lui ont permis d’accumuler son pouvoir ».
C’est ainsi la connivence du Parti démocrate avec le néolibéralisme qui vient d’être désavouée, sous la pression d’une partie de sa base sociale qui tire les leçons de son incapacité à s’opposer au trumpisme. Plus généralement, c’est le mouvement de protestation « No Kings », qui a récemment rassemblé plusieurs millions de manifestants dans tout le pays et un large éventail d’organisations citoyennes, sociales, syndicales et politiques, qui obtient là une première victoire.
Cette journée électorale a d’ailleurs aussi confirmé un recul important des Républicains qui ont largement perdu les élections pour les postes de gouverneur de New Jersey et de Virginie. Trump paie plus particulièrement le prix du « shutdown » gouvernemental : le gel d’un grand nombre de services fédéraux depuis plus d’un mois par manque d’accord sur le budget du pays. Les démocrates avec une combativité inhabituelle bloquent toute progression tant qu’ils n’auront pas obtenu gain de cause sur la sauvegarde de la subvention fédérale aux coûts d‘assurance santé. Sans cette mesure, soutenue par les trois-quarts des Américains, plus de 20 millions de personnes risqueraient de perdre leurs assurances ou de voir leur coût exploser.
Sans budget fédéral, des millions de travailleurs fédéraux ne sont plus payés, et nombreux sont ceux à s’inscrire au chômage. Le shutdown est aussi la source d’une grande confusion dans les aéroports. Le manque de contrôleurs aériens cause de nombreux retards et changements d’itinéraire. Enfin, des millions de bénéficiaires ne reçoivent plus leurs aides alimentaires et se ruent vers les banques alimentaires. La pression porte ses fruits et Trump est tenu responsable de cette situation pour une grande partie de la population.
La confrontation politique et sociale va, selon toute probabilité, se durcir aux États-Unis. Le régime trumpiste, qui a déjà fait appel à des lois datant du XIXe siècle et du maccarthisme contre des grandes villes démocrates, contre les migrants et contre la gauche, fait peser de lourdes menaces sur le pays et la démocratie, alors que se profile la campagne pour les élections de mi-mandat. Les victoires des scrutins de ce 4 novembre seront néanmoins des points d’appui essentiels pour la reconstruction d’une alternative politique à même de défaire un pouvoir dangereux et liberticide.
Le PCF réaffirme sa solidarité avec les Étatsuniennes et Étatsuniens qui luttent contre les politiques trumpistes, avec le mouvement social et les organisations politiques de transformation sociale et démocratiques qui cherchent à ouvrir une nouvelle voie à gauche.
Paris, le 6 novembre 2025
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