Salaires des fonctionnaires : pourquoi le compte n’y est pas

Le ministre Stanislas Guerini a annoncé une revalorisation de 1,5 % du point d’indice, et l’octroi de 5 points supplémentaires par agent, soit 25 euros brut par mois. Pour les syndicats, le compte n’y est pas.

Clement Martin

La réunion était très attendue, et son résultat décevant. Après des rencontres bilatérales à la fin du mois de mai et des promesses d’annonces rapides, le ministre de la Transformation de la fonction publique, Stanislas Guerini, a reçu lundi, à 14 h 30, les huit organisations syndicales des fonctionnaires (CGT, FO, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, CFE-CGC, FA-FP) au cours d’une réunion plénière.

Le ministre a annoncé une revalorisation du point d’indice, qui sert de base au calcul du traitement des agents, de 1,5 %, à partir de juillet. Cinq points seront de plus octroyés à chacun, soit environ 25 euros brut par mois.

Des mesures qui n’entreront pas en vigueur avant 2024

Ces mesures, complétées par des primes ponctuelles, n’entreraient en vigueur qu’en 2024, laissant dans la bouche des syndicats, qui espéraient arracher une revalorisation significative et immédiate, un goût amer.

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La revalorisation est «très insuffisante», a réagi d’emblée Benoît Teste, secrétaire général de la FSU. «C’est un jeu de dupes. Le ministre veut nous faire croire que ce sont des mesures pour 2023, mais les points ne s’appliqueront qu’en 2024», dénonce Céline Verzeletti, cosecrétaire générale de l’UFSE-CGT. «Nous avons calculé que, depuis 2010, les agents ont perdu 16 % de leur pouvoir d’achat. Ces mesures immédiates ne permettront pas de le sauvegarder», ajoute-t-elle.

Face à l’inflation et un point d’indice gelé pendant dix années, jusqu’à la revalorisation de 3,5 % consentie en juillet 2022, les organisations syndicales alertaient d’une même voix et depuis plusieurs mois sur la nécessité de revaloriser nettement les salaires pour quelque 5,7 millions de fonctionnaires.

Avec une si faible augmentation concédée, le compte n’y est pas, estiment les organisations. Après le refus du ministre d’organiser une nouvelle réunion multilatérale avant l’été pour annoncer de nouvelles mesures, celles-ci ont d’ailleurs quitté la réunion avant la fin, ensemble.

La CFDT revendiquait 3,5 % d’augmentation, la CGT et la FSU en demandaient au moins 10 %

Les huit syndicats de la fonction publique réclamaient bel et bien une augmentation du point d’indice, mais dans des proportions bien plus ambitieuses que celle présentée par le ministère.

La CFDT revendiquait ainsi au minimum 3,5 % d’augmentation, comme en 2022. La CGT et la FSU en demandaient au moins 10 %. Le strict minimum pour rattraper une décennie de gel des salaires et pour compenser la hausse des prix, estiment les centrales.

De son côté, dans un communiqué, FO fonction publique demandait il y a quelques jours que les primes, qui composent une grande partie de la rémunération des agents, soient intégrées au traitement.

Stanislas Guerini n’a pas non plus emprunté cette voie, en multipliant les mesures de rémunérations annexes (prime du partage de la valeur, remboursement plus important du titre de transport) plutôt qu’une plus grande augmentation du point d’indice. La prime ne serait par ailleurs pas attribuée à l’ensemble des agents de l’État, des collectivités ou de l’hôpital.

Si les annonces faites par Stanislas Guerini n’ont guère rassuré les organisations syndicales, le membre de l’exécutif n’est pas tombé dans l’écueil habituel de son ministère, que les représentants des agents redoutaient : opter pour des mesures catégorielles pour les plus bas salaires de la fonction publique uniquement.

20 % des agents de la fonction publique payés au niveau du Smic aujourd’hui

Environ 20 % des agents de la fonction publique seraient en effet payés au niveau du Smic aujourd’hui. L’entourage du ministère avait pourtant laissé entendre qu’une telle mesure aurait pu être privilégiée.

«On a entendu» la volonté d’augmentation générale des syndicats, assuraient des proches du ministre à l’AFP. Mais, dans un contexte budgétaire contraint, «les efforts doivent être concentrés sur le pouvoir d’achat, notamment des bas salaires», prévenaient-ils.

Pour les organisations syndicales, une telle mesure n’aurait en effet pas permis de répondre à l’urgence de la situation. En plus d’exclure une grande partie des agents des revalorisations, l’augmentation des plus bas salaires uniquement a également pour effet de tasser les grilles salariales.

À l’issue de cette réunion plénière, une négociation est prévue entre les syndicats et le ministère en septembre, au sujet de l’évolution des carrières ou de l’égalité entre femmes et hommes au sein de la fonction publique.

«Ce sont des chantiers sur lesquels il est important d’avancer», expliquait à l’issue de sa rencontre bilatérale, en mai, le coordinateur de la CGT fonction publique Baptiste Talbot. Reste à savoir si le gouvernement sera aussi frileux sur ces questions que sur celles des rémunérations.

 


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