Parti communiste français : cent ans d’affiches, cent ans d’histoire(s)

Affiche centenaire PCF 1 – Fondation Gabriel-Péri

La Fondation Gabriel-Péri propose une rétrospective qui retrace un siècle de combats à travers slogans, tracts et images. Un hommage aux militants « colleurs ».

C’est l’histoire d’une célébration confinée. Pour le centenaire du Parti communiste français, la Fondation Gabriel-Péri ne voulait pas se contenter de 100  bougies. Elle a vu les choses en plus grand : une exposition qui retrace un siècle de combats à travers une centaine d’affiches, de tracts et de unes de journaux communistes, dans l’espace Niemeyer, au siège de la formation. À cause du coronavirus, l’exposition « Cent ans d’histoire de France et du PCF sur les murs. Les communistes s’affichent » n’a jamais pu ouvrir au public. Mais un accès virtuel est prévu grâce à un film diffusé début janvier et au catalogue livresque édité par les éditions Helvétius (192 pages, 24 euros). Visite en avant-première.

« On était considérés comme des complices de terroristes »

Au-delà de l’outil pour communiquer une vision du monde au plus grand nombre, ce sont parfois des œuvres d’art, signées par les illustres Pablo Picasso, Georges Wolinski ou encore André Fougeron. Mais pour les coller, faut-il encore des bras. Au-delà de cent années de combats à retracer, cette compilation rend donc hommage à ces « petites mains » militantes qui se sont battues contre la guerre du Vietnam ou d’Irak, pour la sécurité sociale, la décolonisation, les droits des femmes… Parmi ces « colleurs » aguerris, un certain Fabien Roussel.

Affiche centenaire PCF 2 - Fondation Gabriel-Péri
Affiche centenaire PCF 3 - Fondation Gabriel-Péri
Affiche centenaire PCF 4 - Fondation Gabriel-Péri

Devant une affiche en noir et blanc réclamant la « liberté pour Nelson Mandela » et des « sanctions immédiates contre l’Afrique du Sud », l’actuel secrétaire national du PCF se souvient : « Quand j’avais 16 ou 17 ans, je l’ai collée celle-ci. À l’époque, on était considérés comme des complices de terroristes ! Mitterrand au pouvoir, Fabius premier ministre : la France vendait des armes à l’Afrique du Sud. On dénonçait cela. » Le parallèle est vite dressé avec une autre affiche du mouvement des Jeunes communistes que pointe Fabien Roussel. Le « député palestinien, militant pacifiste, prisonnier politique en Israël » Marwan Barghouti y est représenté menotté, derrière un grillage. « Le jour de la réunification de la Palestine et Israël, on pourra dire qu’on aura mené le combat », note le parlementaire communiste du Nord.

Après la guerre, le Front populaire

Mais reprenons depuis le début. Soit un siècle en arrière avec un immense poster rouge, déchiré sur les bords, de Jules Grandjean représentant le concert des nations autour d’une Terre dévastée par la guerre 14-18. « Frères humains, opposés, exploités, déchirés par les patries, la paix sera communiste ou ne sera jamais », y lit-on. Des « leçons de la guerre » que les gouvernants n’ont visiblement pas tirées. Pour s’en convaincre, il suffit de tourner le regard vers le dessin d’à côté sur lequel des capitalistes bien en chair dédaignent des miséreux rachitiques en contrebas. « Tous les gros doivent payer et dans tous les pays car la guerre a vraiment été leur guerre », est-il inscrit alors que l’armée française vient d’envahir la Ruhr après que l’Allemagne n’a pas payé les indemnités qu’elle devait verser. « Le capitalisme entraîne la guerre », résume Guillaume Roubaud-Quashie, commissaire de l’exposition.

Vient alors le Front populaire. « Pour le pain, la paix et la liberté » et contre les « fascistes d’ici » qui « voudraient que l’hitlérisme triomphe en France », « votez communiste », enjoint une affiche de 1936. Hélas, malgré les conquêtes sociales, la suite est connue : l’Europe sombre dans la guerre. En France, le Parti communiste est interdit. Et parmi les 4 000 archives d’où sont tirés les posters exposés, très peu concernent la période 1939-1945. « Pendant la guerre, c’était compliqué de faire des affiches car le papier était réquisitionné », rappelle Guillaume Roubaud-Quashie.

Affiche centenaire PCF 5 - Fondation Gabriel-Péri
Affiche centenaire PCF 6 - Fondation Gabriel-Péri

L’une d’elles attire le regard. Et pour cause, elle n’est pas communiste mais nazie. Elle rappelle l’horreur : « Toute personne qui (…) soutient, en quelconque manière que ce soit, des agissements communistes aide les ennemis de l’Allemagne. Le coupable devra s’attendre à être condamné à mort. » Puis arrive la Libération. Il faut alors « reforger une France forte avec l’énergie de son peuple », appelle une affiche où un marteau frappe les mots « inertie », « sabotage » et « trahison » contre une enclume, sur un fond tricolore. C’est aussi le temps de la Sécurité sociale d’Ambroise Croizat et de réclamer l’ « interdiction de l’arme atomique ». Les années passent et de Gaulle s’apprête à revenir. « À bas le fascisme, vive la République », s’emportent les communistes sur un placard représentant le général bâillonnant Marianne.

« Charcutage électoral, charcutage des libertés »

Avec l’avènement de la Ve République et l’enchaînement des présidentielles, vient aussi celui de l’humour sur les murs. De Chirac et Pasqua en plein « charcutage électoral, charcutage des libertés » à Macron en « méprisant de la République », en passant par la privatisation de La Poste pour laquelle il « faut être timbré », les communistes s’en sont donné à cœur joie pour s’attaquer aux dominants. Exemple parmi tant d’autres, l’affiche de 1969 pour appeler à l’abstention d’un second tour entre Alain Poher et Georges Pompidou. « Blanc bonnet, bonnet blanc », ironise alors le PCF, qui popularise cette expression désuète. Mais une affiche au style très marqué années 1970 pour les élections européennes de 1979 résume peut-être parfaitement ce siècle de combats communistes : une femme en blanc ouvre des volets bleus et rouges. « Pour votre emploi, votre vie, pour l’Europe des travailleurs et de la paix, pour la France, votez communiste. » L’une des favorites de Fabien Roussel.

Icon Bullhorn Un siècle après le congrès de Tours, retrouvez toutes nos actualités sur le centenaire du PCF.

Besoin de communisme

À l’occasion du centenaire du congrès de Tours et de la création du PCF, l’Humanité publie Besoin de communisme, un hors-série qui explore le passé, le présent et l’avenir de cette visée « commune », plus que jamais nécessaire face aux crises sociales et environnementales. Un numéro exceptionnel à commander ici.


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