À propos d’un concept. Des perspectives « écomunistes » qui s’insinuent peu à peu… Par André Prone

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André Prone Poète et essayiste

Voilà près de quinze ans que je m’attache, avec d’autres, à comprendre l’histoire des rapports sociaux et des relations humaines et à penser de manière critique le capitalisme dans toutes ses dimensions, mais aussi à chercher à ouvrir une perspective à la fois radicale et lucide pour en sortir. Cela s’effectue non seulement dans l’idée d’un retour à Marx, mais avec la volonté d’en prolonger la pensée en tenant compte de ce qui a changé depuis l’émergence du marché-monde, issu de l’hyperconcentration des capitaux et de la révolution numérique, auquel s’ajoutent la profonde crise environnementale, sans oublier la sordide montée du néofascisme mondial piloté par l’impérialisme américain et l’échec du « socialisme réel » vers la fin des années 1980.

Chemin faisant, et bien que tout ce travail débouche sur le concept d « écomunisme », j’ai pu m’appuyer sur la notion d’idéologie du désir de Michel Clouscard et son fameux Capitalisme de la séduction, et encore sur la pensée de Spinoza, et plus tardivement sur celle de Gramsci dans les Cahiers de prison.

Ces analyses, qui ont fait l’objet pour ma part de six livres, ont été rassemblées dans un ouvrage publié en 2016 chez Alter Éditions sous le titre Capitalisme et révolution. Et enfin, dans le prolongement de l’ensemble de ces recherches, la publication chez l’Harmattan en 2018 du livre les Chemins de l’écomunisme, qui est en quelque sorte la conclusion de tout ce travail théorique et idéologique. Aujourd’hui, avec l’universitaire Janine Guespin-Michel, nous publions Pratiques écomunistes et dynamiques émancipatrices (Éditions du Croquant) où nous souhaitons mettre en avant les « perspectives communistes qui s’insinuent peu à peu » au travers des entreprises autogérées, des maisons du peuple et des actions environnementales.

Avant que ne viennent épauler ce concept certains philosophes, dont le regretté André Tosel, Yvon Quiniou ou le tout aussi regretté et éminent économiste Samir Amin, je me suis senti parfois bien seul. Militant de longue date et toujours dans l’action, j’ai continué mon petit bonhomme de chemin sans prêter trop attention aux critiques, parfois sévères, que n’ont pas manqué de faire certains politologues dans des revues universitaires, parfois financées par l’Europe. Si « l’adversaire » n’est pas content, cela veut sans doute dire que je pourrais l’être…

Depuis sa publication, le concept d’« écomunisme » appartient donc à tous et n’est la « chasse gardée » de personne. Je suis toutefois amené à faire quelques précisions sur ses fondements.

Si l’« écomunisme » a quelque chose à voir avec les questions environnementales, pour autant il serait dommageable de le réduire à cette seule problématique. En citant la phrase d’André Tosel : « L’écomunisme n’est qu’une étape – urgente et non garantie – d’un processus qui se veut nouveau commencement. Il se donne pour tâche la construction d’une émancipation plurielle et universelle », apparaît alors sa pleine dimension philosophique et politique. C’est-à-dire celle qui propose une base théorique et pratique à la possible transition du capitalisme au communisme.

 


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