Infographie. La « deuxième ligne », 17 métiers essentiels… et mal lotis
Enseignants, agriculteurs, chauffeurs, manutentionnaires, caissières, éboueurs, aides ménagères, personnels de nettoyage… Tous ces travailleurs au front depuis le début de la crise sanitaire sont aussi les moins bien traités. Ils souffrent, selon la dernière étude de la Darès (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques) de conditions d’exercice plus dégradées, mais aussi d’un écart de rémunération significatif par rapport aux autres salariés du privé. La preuve.
Essentiels à la vie économique, mais pas payés à leur juste valeur. L’étude de la Darès (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques) parue le 18 mai, montre que les 4,6 millions de travailleurs en « deuxième ligne », répartis en 17 métiers (enseignant, agriculteur, chauffeur, manutentionnaire, caissière, éboueur, personnel de nettoyage…), au front depuis le début de la crise sanitaire, sont aussi les plus mal lotis.
« Des salaires inférieurs de 30% »
Selon l’organisme statistique, ils souffrent « d’un déficit global de la qualité de l’emploi et du travail », déjà présent avant la pandémie. « En moyenne, ces travailleurs sont deux fois plus souvent en contrats courts que l’ensemble des salariés du privé, perçoivent des salaires inférieurs de 30% environ et ont de faibles durées de travail hebdomadaire », souligne la Darès. Ces personnes aux conditions de travails difficiles sont aussi plus exposées aux risques professionnels, aux accidents du travail (deux fois plus de risque) mais aussi au chômage.
Quant à la reconnaissance de ces métiers, question sur laquelle le ministère du Travail planche depuis octobre 2020 sans avoir abouti, elle est au point mort. En salaire net mensuel en équivalent temps plein, les employés de la deuxième ligne gagnent en moyenne 1 634 euros, contre 2 337 euros pour l’ensemble du privé. Leur revenu salarial net annuel atteint 11 946 euros, soit 62,5 % de celui de l’ensemble des salariés du privé (19 113 euros). Un niveau inférieur à celui du Smic à cause notamment des contrats discontinus et du temps partiel, très présents dans certains secteurs.
Peu d’opportunités de carrière
Les rémunérations les plus faibles se retrouvent chez les aides à domicile et aides ménagères (11,5 euros de l’heure), les agents d’entretien (12,6 euros), les maraîchers jardiniers viticulteurs (12,7 euros), les caissiers (12,8 euros) et les vendeurs en produits alimentaires (12,9 euros).
Certains de ces postes sont majoritairement occupés par des femmes qui connaîtront des évolutions de salaires très limitées et peu d’opportunités de carrière. Ces données font d’ailleurs écho à la perception négative des rémunérations exprimée par ces forçats avant même le Covid. Dans l’enquête « Conditions de travail », 39 % d’entre eux déclaraient être mal payés compte tenu du travail réalisé, contre 34 % des salariés du privé.
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