Une étude attentive de la distribution cantonale des binômes permet d’affiner les premières analyses et de les corriger en partie. Portrait plus précis d’une élection bien particulière, de ses vérités… et de ses pièges.
Le rapport des forces général
Les premières analyses, dès le lendemain du second tour, se fondaient sur les résultats des binômes tels qu’ils étaient enregistrés officiellement. Les données ci-après sont fondées sur une analyse canton par canton, en tenant compte de l’étiquette politique de chaque membre des binômes vainqueurs.
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La distribution des sièges reflète le rapport des forces enregistré au premier tour et confirme la stabilité relative du rapport des forces entre droite et gauche sur le plan cantonal. La gauche recueille un gros tiers des sièges et la droite près des deux tiers.
Ce butin départemental en sièges est allé pour l’essentiel dans l’escarcelle des forces déjà localement installées. Le PS, les radicaux et les « divers gauche » sont à la tête d’un peu plus de 1100 sièges de conseillers départementaux (sur 1400 environ pour toute la gauche), les Républicains, l’UDI et les « divers droite » de 2200 sièges (sur 2500 pour toute la droite).
Le RN et les partisans du Président se contentent des miettes, même si le centre se conforte légèrement entre 2015 et 2021. Quant au RN, il diminue par deux son maigre capital précédent. On notera toutefois que, si la mouvance des socialistes et des Républicains se porte bien, ce sont les « divers droite » et « divers gauche » qui bénéficient des mouvements internes aux deux camps. Comme si LR et PS devaient mettre de côté leur étiquette pour maintenir leurs positions respectives.
Quant aux Verts, ils triplent tout de même leur représentation cantonale. Comme aux régionales, ils attendaient sans doute mieux. Mais dans un scrutin a priori peu favorable et où l’écologie politique est très peu implantée, ils ont toutefois montré qu’il fallait compter avec eux.
Du côté du PCF
L’analyse fine des résultats à l’échelle des cantons renforce l’idée que le PCF s’est globalement bien sorti d’un scrutin cantonal qui lui est familier. On a noté précédemment que la direction du PCF annonçait un gain des sièges attribués à des communistes ou « apparentés » : 160 contre 157 en 2021.
Le score des conseillers confirme en l’amplifiant l’image dressée les jours suivants l’élection. En 2015, 142 conseillers départementaux avaient été élus sous l’étiquette communiste (auxquels s’ajoutaient une douzaine d’apparentés). En 2021, ce sont 149 conseillers qui sont élus sous la même étiquette. Le PCF entre dans 14 départements où il n’avait pas de conseillers et n’est exclu que de 5 autres, soit un gain global de 9 départements : 39 en 2015, 48 en 2021.
La hiérarchie des départements en fonction du nombre de conseillers départementaux s’est modifiée. Les tableaux ci-après énumèrent les départements qui ont cinq conseillers et plus, et, à l’autre extrémité, ceux qui n’ont qu’un conseiller élu.
La fourchette s’est resserrée (de 1 à 15 en 2015, de 1 à 11 en 2021). Le Nord ravit la première place au Val-de-Marne et le Pas-de-Calais vient s’insérer dans le trio de tête. Les Hauts-de-France se taillent la part du lion et la Seine-Maritime s’adosse à l’ensemble septentrional.
Le dernier tableau montre la hiérarchie des gains et des pertes, en mettant en exergue les plus forts gains (3 et plus) et les plus fortes pertes (2 et plus). Les pertes s’observent dans des zones de force traditionnelles du communisme français, dans la France très urbanisée (Val-de-Marne ou Bouches-du-Rhône) ou celle plus ruralisée de l’Allier et des Côtes d’Armor.
Au total, l’espace de la France cantonale s’est étendu géographiquement, mais a perdu de sa concentration et peut-être de son identification. En 2015, la représentation communiste s’était construite sur la base de 51 binômes d’appellation communiste, soit 70% du total des conseillers. En 2020, ces binômes ont été ramenés à 39, soit la moitié du total. De plus, dans une trentaine de cantons où un seul candidat porte l’étiquette PCF, ce candidat est en seconde position, souvent derrière un socialiste.
Le PCF peut donc se réjouir, comme l’ensemble de la gauche d’avoir bien réussi son examen cantonal. Mais le bon résultat global ne peut pas effacer le recul dans bien des vieilles zones de force, et notamment dans les trois premières métropoles, parisienne, lyonnaise et marseillaise. Le PCF conserve une assise locale non négligeable, le résultat cantonal venant prolonger et conforter la persistance du fameux « communisme municipal ». Mais cette persistance n’annule pas le fait que l’espace communiste, fortement nationalisé entre 1936 et 1981, est depuis longtemps affecté par un mouvement qui fait, du « continent » de la grande époque, un « archipel » distendu.
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