Après la démobilisation historique lors des derniers scrutins, le gouvernement multiplie les propositions techniques tandis qu’une partie de la gauche plaide pour une refonte des institutions.
« C oup de semonce » pour le délégué général de LaREM, Stanislas Guerini , « schisme entre la classe politique et les Français » pour l’écologiste Yannick Jadot… Les responsables politiques n’ont pas manqué de commenter l’abstention depuis le premier tour des élections régionales. Dans la foulée, le gouvernement a multiplié les propositions, sans attaquer toutefois le problème à la racine. « Je suis favorable au vote électronique », a ainsi déclaré son porte-parole, Gabriel Attal, sur BFMTV et RMC, en invitant à « être très ouvert » et à « avoir une vraie discussion transpartisane avec l’ensemble des formations politiques ». Laminé aux élections régionales et départementales, le parti présidentiel de Stanislas Guerini souhaite aussi que le « vote par Internet » soit mis en place « dans le prochain quinquennat ». Cette réforme du mode de scrutin présenterait des risques, comme des problèmes de sécurité et de sincérité du vote. À ce titre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’y oppose, estimant qu’il s’agit d’une « fausse bonne idée ». Quant au président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, il a annoncé la création d’une mission d’information pour « identifier les ressorts de l’abstention ». Il n’exclut pas une énième « consultation » des Français sur ces thématiques.
Silence du gouvernement sur des questions clefs
Mais, avec des propositions uniquement techniques, ponctuées de silences assourdissants sur des questions essentielles pour la démocratie, le gouvernement a surtout montré la faiblesse de son projet et tenté de détourner les regards des causes réelles de l’abstention. À l’inverse, ce sont de profonds changements politiques que proposent les gauches face à cet enjeu majeur. Le candidat PCF à la présidentielle, Fabien Roussel, souhaite une « révolution démocratique » garantissant la fin du règne de la figure omnipotente du président et le lancement d’une République sociale, démocratique et écologique. Un changement auquel aspire également Jean-Luc Mélenchon. Le candidat de la France insoumise plaide toujours pour une « refondation » du pays autour d’une VIe République et d’une nouvelle Constitution, « plus démocratique », votée par une assemblée constituante élue au suffrage universel direct. Outre le chantier institutionnel, le député des Bouches-du-Rhône entend déposer une proposition de loi instaurant la reconnaissance du vote blanc ainsi qu’un seuil minimal de participation en deçà duquel une élection serait invalidée. Une idée à laquelle souscrivent une large majorité de Français, selon un sondage Ifop pour Sud Radio : 80 % se disent favorables à l’idée de comptabiliser le vote blanc dans le calcul du résultat des élections.
Réanimer la démocratie en partant des communes
Par ailleurs, le député communiste de Seine-Maritime Sébastien Jumel appelle de ses vœux une revitalisation de la démocratie par le retour des services publics, essentiels à la préservation du lien entre les citoyens et les institutions territoriales. « Si on ne réveille pas la conscience que le bulletin dans l’urne permet d’améliorer la vie, d’assurer un aménagement du territoire plus équilibré, de lutter contre les inégalités, aucun miracle technique n’aura le pouvoir de casser le mur de l’indifférence au vote », estime-t-il dans une tribune publiée sur notre site Internet. Réanimer la démocratie en partant des communes, un échelon encore apprécié par les électeurs (lire ci-contre), c’est également le sens de la proposition émise par l’Association des petites villes de France dans une tribune au Monde. « L’élu doit être remis au cœur de la prise de décision », estiment les édiles.
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