Finance. En pleine euphorie, le CAC 40 ne touche plus terre + soutien

Le 2 novembre au soir, le CAC 40 (indice boursier regroupant les 40 plus grosses entreprises françaises) a franchi la barre des 6 927 points. Éric Piermont/AFP

Dopé par les flots de liquidités et les plans de relance, l’indice vedette de la Bourse parisienne vient d’atteindre son plus haut niveau depuis vingt et un ans.

C’est un peu comme si un vieux record d’athlétisme venait de tomber et qu’il fallait congratuler le sprinteur valeureux, en nage sur la ligne d’arrivée. Le 2 novembre, au soir, le CAC 40 (indice boursier regroupant les 40 plus grosses entreprises françaises) a franchi la barre des 6 927 points (1), suscitant des commentaires enthousiastes. « L’attente a été longue, soupirent les Échos. Après plus de vingt ans, le CAC 40 a enfin inscrit un nouveau record historique. » La dernière fois que l’indice avait dépassé les 6 920 points, c’était le 4 septembre 2000, en pleine euphorie de la « bulle Internet ».

Le « record » de cette semaine n’est absolument pas une surprise, puisqu’il s’agit de l’aboutissement logique d’une hausse continue du CAC, qui a flambé de 25 % depuis janvier. Les résultats de ces derniers jours sont tirés par la performance de quelques poids lourds, qui profitent d’un contexte favorable. Les géants du luxe tricolore, par exemple, bénéficient de la ruée des ménages aisés en Chine ou aux États-Unis : une fois le plus gros de la pandémie passé, ces derniers se sont précipités dans les boutiques (ou sur les sites Internet) des grandes marques, pour le plus grand plaisir d’Hermès ou de LVMH. Le groupe de Bernard Arnault a ainsi vu son cours de Bourse grimper de près de 35 % depuis le début de l’année.

Les énergéticiens sont les autres grands gagnants de la période récente, à commencer par Total, dont le cours de Bourse a augmenté de près de 25 % depuis janvier. La hausse des prix de l’énergie (gaz et pétrole), délétère pour les consommateurs, a gonflé les bénéfices de la multinationale (4,6 milliards d’euros sur trois mois).

Des milliards injectés par les banques centrales

Encore une fois, les patrons du CAC 40 et les actionnaires vont sabrer le champagne, mais la bonne santé des grands groupes doit moins au génie de leurs dirigeants qu’aux politiques publiques fort accommodantes pratiquées depuis des mois : ce sont les nombreux plans de relance gouvernementaux et les milliards de liquidités injectées par les banques centrales qui ont empêché l’économie mondiale de sombrer.Une manne distribuée, évidemment, sans aucune contrepartie. « Le problème est que cet argent est versé sans aucune considération d’intérêt général, pointe l’économiste Maxime Combes, membre de l’Observatoire des multinationales. On aurait pu conditionner le rachat de titres d’entreprises par la Banque centrale européenne à des changements de politique de ces mêmes entreprises : pratiques environnementales, égalité hommes-femmes, etc. Même chose pour les plans de relance, qui subventionnent les grands groupes, au lieu de cibler des secteurs qui en ont réellement besoin. Je pense par exemple aux emplois du “care” dans les territoires, qui font vivre notre pays. »

Des « bulles » financières en circuit fermé ?

Le gouvernement n’a pas l’intention de changer de cap, puisque les 30 milliards d’euros promis par Emmanuel Macron dans le cadre de « France 2030 », vont probablement profiter avant tout aux multinationales – automobile, hydrogène, aéronautique.

Ces afflux d’argent alimentent les suspicions des économistes les plus critiques : l’envolée du CAC 40 reflète-t-elle vraiment les performances de l’économie « réelle », comme l’estiment la plupart des libéraux ; ou bien est-elle le symptôme d’une déconnexion croissante de la Bourse, produisant des « bulles » financières en circuit fermé ? Enseignant-chercheur à l’IAE de Lille, David Bourghelle penche pour la deuxième option : « Il n’y a aucune raison de se réjouir des résultats du CAC 40. Je pense au contraire que c’est l’un des signes indiquant que le régime de bulles dans lequel nous sommes rentrés (cryptomonnaies, valeurs technologiques, matières premières, etc.) est en train d’atteindre son paroxysme. Cela ne veut pas dire, naturellement, que cela va éclater demain. Mais il n’est pas exclu que l’euphorie actuelle s oit le prélude à un retournement ou à une correction sévère. Je note, par exemple, que ce sont surtout les grandes valeurs du CAC qui sont concernées par la hausse, pas les moyennes et petites capitalisations, ce qui me laisse penser que tout cela est très artificiel. »

(1) Le CAC 40 est mesuré en points ; il évolue en référence à sa valeur d’origine de 1 000 points, fixée le 31 décembre 1987.

Plus que jamais, rejoignez les comités des jours heureux pour soutenir le seul candidat anticapitaliste, Fabien Roussel

 


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