« Globalement on retrouve le niveau de 2019. Les effets négatifs de la crise sont résorbés ». Pour Fabienne Rosenwald, directrice de la Depp (division des études du ministère) et Edouard Geffray, Dgesco, les résultats des évaluations nationales de début d’année scolaire 2021-22 sont bons. Pourtant on constate juste que quand les enfants commencent l’école en CP en 2021 ils obtiennent les mêmes résultats que quand ils commençaient l’école en 2019. Entre temps de nombreux postes ont été mobilisés pour étendre les dédoublements à 100% des CP et CE1 de l’éducation prioritaire et limiter à 24 le nombre d’élèves hors éducation prioritaire. Près de la moitié des élèves ne sait toujours ni additionner ni soustraire en CE1 et 20% comprendre une phrase ou un mot lu par l’enseignant. A cette cinquième rentrée de JM Blanquer; la moitié des enseignants du premier degré juge toujours que les évaluations ne servent à rien.
Les résultats scolaires sont meilleurs quand les élèves vont à l’école
« La fermeture des écoles avait eu un impact négatif sur les résultats des élèves, rappelle Fabienne Rosenwald. « A la rentrée 2021 les élèves de CP ont retrouvé des niveaux de résultats équivalents à ceux de la rentrée 2019 ». De la même façon en CE1 « les élèves ont retrouvé au moins le niveau de 2019″. En gros, les résultats confirment une trouvaille extraordinaire : quand les élèves vont à l’école ils réussissent mieux aux tests scolaires organisés par l’éducation nationale que quand l’école est fermée. »Globalement cette génération arrive en CE1 avec le niveau d’avant la crise sanitaire ». On ne saurait mieux attester l’absence de progrès même avec des évaluations maison.
Cette précision parce que l’effet test se retrouve dans les résultats. Par exemple dans les rares progrès en début de CP on a le taux de réussite en reconnaissance de lettre ou du nom des lettres qui montre que les maternelles se mettent à préparer le test d’entrée en CP.
En CE1, on retrouve aussi le niveau de 2019 avec là aussi un élève sur 4 qui échoue en compréhension de mots et 30% en lecture de texte. En maths40% des élèves échouent à additionner et soustraire. Rappelons que JM BLanquer avait annoncé que les élèves étudieraient les 4 opérations dès le CP…. Pour le ministère « tous les élèves progressent » c’est à dire qu’ils retrouvent le niveau de 2019…
Quelle réduction des écarts entre éducation prioritaire et non prioritaire ?
Les écarts entre éducation prioritaire et hors éducation prioritaire retrouvent le niveau de 2019. Il est de 25 points pour la compréhension de mots et de 17 pour la résolution de problèmes. Et d’environ 10 points sur la compétence addition ce qui donne à penser que la moitié des élèves de l’éducation prioritaire sont incapables de faire une addition à la fin du mandat de JM BLanquer.
La Depp et la Dgesco mettent pourtant l’accent sur la réduction des inégalités. En CP, les écarts entre éducation prioritaire et hors éducation prioritaire restent stables eux aussi de 2019 à 2021 alors que les dédoublements ont été généralisés. Ils sont par exemple de 20 points en résolution de problèmes et de 27 en compréhension de mots. En CE1, l’écart entre EP et non EP reste le même par exemple en compréhension en français ou en calcul à 1% près. Pour être précis il a augmenté de1% en compréhension et diminué de 1% en calcul.
Et le ministère continue à constater la baisse de résultats entre le milieu de CP et le début de Ce1 et à l’imputer aux vacances. Cela reste à prouver. Il semble que l’impact des effets tests ne soit jamais envisagé par la Depp.
Pour E Geffray , Dgesco, ces résultats s’expliquent par « tout le travail fait sur les compétences en maternelle, le plan français, le plan maths qui commencent à payer. Avec les effets des dédoublements ils ont permis de surmonter la crise du covid ».
L’échec des dédoublements
Or, sur les effets des dédoublements, la Depp a publié une étude en septembre dernier qui est beaucoup plus éclairante que la comparaison entre école en éducation prioritaire et hors éducation prioritaire. Elle compare les résultats des élèves de même milieu social défavorisé qui bénéficient des dédoublements dans l’éducation prioritaire et qui sont scolarisés hors éducation prioritaire et n’en bénéficient pas. Les écarts de niveau sont quasi nuls entre ces deux catégories, alors que l’écart avec les élèves favorisés se maintient tout au long des années de Cp et CE1. On constate l’effet quasi nul des dédoublements sur les résultats des élèves alors même que cette politique a consommé 11 000 postes.
Qui se sert des évaluations ?
Mais revenons aux évaluations. On s’interroge sur leur utilité à un double titre. D4abord parce que les résultats montrent des choses banales : quand les écoles ferment en 2020 les résultats scolaires baissent, quand elles rouvrent en 2021 les petits de CP retrouvent le niveau de 2019. Mais on s’interroge aussi au regard de ce qu’en disent les enseignants. En mars 2021 une étude de la Depp montrait que seulement 30% des enseignants du premier degré les jugeaient utiles pour découvrir les difficultés des élèves. Elles servaient surtout comme argument dans les réunions de parents. Et seuls les IEN déclaraient très majoritairement (90%) s’en servir (pour leur plan de formation). Selon F Rosenwald, cette année 55% des professeurs déclarent qu’elles servent à déceler des difficultés des élèves. C’est mieux. Mais en cette 5ème rentrée de JM BLanquer, la moitié des professeurs des écoles pensent toujours qu’elles ne servent à rien.
François Jarraud
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