Ouvriers de la métallurgie : « Tous nos acquis sociaux sont en jeu »

« Tous nos acquis sociaux sont en jeu à l’heure actuelle. C’est pour ça qu’on se mobilise aujourd’hui ! ». Dimitri Pora travaille depuis 20 ans chez Arcelormittal. Il est venu sur Paris dans sa tenue de travail, ce jeudi 25 novembre, aux côtés d’ouvriers de la métallurgie en provenance de toute la France et aux couleurs de la CGT, pour défiler jusqu’aux fenêtres de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). 

En cause, « le dispositif conventionnel » national négocié avec le patronat de la métallurgie et auquel s’oppose ardemment la CGT. « On est face à un patronat qui veut casser le statut du métallurgiste », attaque Frédéric Sanchez, secrétaire général de la Fédération de la métallurgie CGT. Classification du travail, temps de travail, heures supplémentaires… Le projet, tel qu’il est conçu par le patronat qui espère signer avant la fin de l’année, serait lourd d’impact pour les salariés du secteur qui compte près d’1,4 million de personnes en France.

Un projet de casse sociale

« Déjà, dans sa vision de la classification, l’UIMM ne reconnaît plus l’individu mais simplement le poste de travail » développe Frédéric Sanchez. « C’est-à-dire qu’un salarié, quel que soit son diplôme, son ancienneté, l’expérience qu’il a pu acquérir, sera rémunéré en fonction de comment sera côté le poste. Un ingénieur pourra ainsi travailler sur un poste qui est qualifié CAP, par exemple », détaille-t-il.

Une proposition jugée « inconcevable » pour la Fédération de la métallurgie, qui prône également la réduction du temps de travail à 32 heures afin d’élargir les embauches aux jeunes générations, tandis que l’UIMM pousse pour l’augmentation du temps de travail et la dérégularisation des heures supplémentaires.

Lapidaire, Frédéric Sanchez résume: « on est sur deux projets diamétralement opposés: un projet au service du patronat et de la casse sociale, et un projet de progrès social ».

Dans le cortège, près de 6 000 ouvriers selon la CGT, ont fait entendre leurs revendications, venus de Moselle, d’Ardèche, du Rhône, du Pas-de-Calais, de la Mayenne ou de la Seine-Maritime, salariés de Thales, Airbus, ArcelorMittal, Stellantis, Renault et autres. Les fédérations CFDT et CFE-CGC, absentes de cette mobilisation, devraient décider en janvier si elles signeront ou non cet accord, ont-elles indiqué à l’AFP.

« On revient à Florange »

« Comment voulez-vous attirer les jeunes avec de telles conditions de travail ? » s’indigne Dimitri Pora d’Arcelormittal. « Comment voulez-vous trouver du personnel, faire que la sidérurgie ou même l’industrie en France puisse retrouver sa place avec de telles conditions ? » poursuit-il, avant d’évoquer la situation de la fonderie automobile SAM, lâchée par Renault, car les manifestants sont aussi là pour défendre les emplois industriels et les industries, sur lesquels planent de lourdes menaces.

« C’est plus que révélateur. C’est honteux, ce qui se passe. On nous fait des beaux discours à la télé, on nous dit qu’il faut réindustrialiser, mais très franchement, quand on voit ça… On se dit qu’ils se foutent de nous. » s’attriste le métallurgiste.

Pour Frédéric Sanchez, la situation n’est pas sans précédent: « J’ai vu la une de l’Humanité du jour, et c’est exactement ça. « On revient à Florange ». Ce sont les mêmes arguments qui avaient été mis sur la table à l’époque, alors qu’on a une fonderie avec un bureau d’étude, des capacités de développement, un savoir faire unique » regrette le syndicaliste, qui avertit néanmoins que la « bataille n’est pas terminée pour les salariés de la SAM ».

Et s’agissant de la convention collective, la CGT n’a pas non plus dit son dernier mot, assure Frédéric Sanchez, qui compte bien s’inscrire dans une bataille « de la durée ». Conscient que l’UIMM ne pliera probablement pas, le secrétaire général de la Fédération de la métallurgie CGT veut ancrer le combat au plus près du terrain. « Plus on aura des grèves dans les entreprises, mieux cette négociation sera prise en compte par les syndiqués, mais aussi plus largement par les salariés. Et comme ça, on arrivera à faire plier le patronat ».

Anna Mutelet


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