École: Retour sans réelle protection

 

Soignants et syndicats enseignants s’inquiètent du manque de mesures sérieuses pour éviter la propagation du virus dans les écoles, pourtant épicentres de la contamination.

Le ministre de l’éducation nationale s’accroche à son mantra : maintenir les écoles ouvertes. En pleine cinquième vague de Covid, Jean-Michel Blanquer peine pourtant à mettre en place la moindre mesure qui rende ce rêve réalisable. Interrogé sur France Inter le 28 décembre, il s’est contenté d’annoncer le doublement du nombre de tests exigés pour les cas suspects. «  Désormais lorsqu’il y a un cas dans une école primaire, les élèves ne reviennent à l’école qu’avec un test négatif. Aujourd’hui on ne fait faire qu’un test, et on va sûrement aller vers deux ou trois tests à plusieurs jours d’intervalle » a – t-il expliqué.

À peine faite, l’annonce de Jean-Michel Blanquer a été démentie par les services du premier ministre. « Une concertation est en cours, sur le sujet, a bien confirmé Matignon à BFM, mais rien n’est encore tranché. » La multiplication des tests paraît de surcroît irréaliste. «  Le Conseil scientifique a expliqué qu’au regard de la vague, le nombre de tests disponibles ne serait pas suffisant, s’inquiète Guislaine David, cosecrétaire générale et porte-parole du SNUIPP-FSU, le principal syndicat enseignants dans le primaire. Obtenir un test posait déjà un problème aux parents avant les vacances de Noël et certains ramenaient leurs enfants à l’école sans avoir pu en réaliser et nous étions obligés de les accepter. »

Faibles moyens déployés

Au-delà des tests, rien ou presque n’est prévu pour protéger les enseignants. L’éducation nationale ne fournit que des masques en tissu, et encore, inégalement selon les territoires alors que des chirurgicaux seraient nécessaires. «  On a toujours un problème d’aération et ça avance très lentement », dénonce aussi la syndicaliste. Autre faiblesse, les capteurs de CO2 dont seulement 20 % des écoles sont équipées, et pas dans toutes les classes. «  Nous avons déjà débloqué 20 millions d’euros en soutien des collectivités locales. Avec le premier ministre, nous adresserons cette semaine une circulaire aux préfets pour renforcer ce soutien », a indiqué Jean-Michel Blanquer. Mais nul ne sait si ces fonds ont été utilisés ni comment, ni s’ils sont suffisants pour équiper les classes.

Sans cesse nié par le ministre de l’Éducation nationale, le niveau élevé de contamination en milieu scolaire ne fait pourtant plus de doute. «  Le virus circule plus dans les établissements scolaires, du primaire et du secondaire, que dans la communauté à la même période », a rappelé cette semaine une tribune signée par 50 scientifiques dans le Journal du dimanche. Alors que 300 000 enfants et adolescents ont été testés positifs, depuis novembre, dont 50 000 rien que la semaine avant les vacances, les mêmes ont déploré « les faibles moyens déployés jusqu’à présent par le ministère de l’Éducation nationale pour freiner l’épidémie dans les écoles ». L’inquiétude monte alors que le variant Omicron, beaucoup plus contagieux, devrait être majoritaire dès le mois de janvier.

Une politique d’affichage

Les syndicats dénoncent surtout une politique d’affichage qui ne tient pas compte des réalités, au détriment de tous. Avec l’augmentation de la circulation du virus, le nombre d’enseignants malades risque de monter en flèche. Or, rien n’a été planifié pour faire face. «  On n’arrivera pas à résoudre le problème du non-remplacement parce que l’éducation nationale n’a pas prévu d’embaucher de personnel supplémentaire », alerte Guislaine David. Le ministre a promis sur France Inter de faire appel à des contractuels et à des retraités de l’éducation nationale. Des mesures peu adaptées en plein pic épidémique. Pour préserver les enseignants et in fine les élèves, les syndicats enseignants demandent le retour à la règle en vigueur jusqu’en décembre : la fermeture de la classe pour une semaine dès l’apparition du premier cas. Faute de quoi, estime Guislaine David, «  on va se retrouver avec une école ouverte, mais sans enseignants. »


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