Royaume-Uni. La reine est morte… vivent les Républiques

Après le décès de sa mère, le prince de Galles a été proclamé roi. Le règne de Charles III permettra-t-il aux peuples du Commonwealth de se détacher de la royauté, cette tradition surannée ?

© Ben Gurr/Pool/AFP

© Ben Gurr/Pool/AFP

Respect total à la personne, à la dame, dont le nom était Elizabeth Windsor. Maintenant, un peu de distance critique face à l’organisation mondialement médiatique des lamentations et devant le show télé global. La reine est morte, vive le roi… du nom de Charles III. Est-ce de si bon augure pour lui, lorsqu’on interroge qui furent les deux Charles avant lui ?

Charles Ier, tout d’abord. Monté sur le trône en 1625, il n’eut de cesse de vouloir construire un pouvoir personnel toujours plus important, faisant fi de la longue tradition des libertés anglaises concernant les aristocrates, mais aussi les communes. Un long conflit avec son Parlement déboucha sur une guerre civile. Arrêté, le roi subit un procès, fut jugé coupable de haute trahison et exécuté le 30 janvier 1649. Les Anglais ont, les premiers, décapité leur roi. Puis naquit une République, un Commonwealth, avec à sa tête Oliver Cromwell. C’est aussi à cette époque qu’apparurent les grands mouvements des « niveleurs », qui souhaitaient une redistribution de la terre et un partage des richesses.

La mort de Cromwell et des trahisons internes permirent la restauration de Charles II. Ici ou là, il est possible de lire que son règne, s’étendant jusqu’en 1685, fut paisible ; au pire peut-on savoir son surnom de Joyeuse Crapule. En réalité,­ cette période fut marquée par une répression forte contre les républicains non repentis. Nombre d’entre eux furent enfermés ou exécutés, dont le célèbre Algernon Sidney, en décembre 1683. Il était l’auteur de considérations sur le gouvernement, source d’inspiration républicaine ; ceux qui ne furent pas enfermés, ou mis à l’écart comme le poète Milton, durent s’exiler vers les colonies anglaises, emportant avec eux leur républicanisme qui allait inspirer leurs petits-enfants, les fils de la Liberté, menant à l’indépendance des États-Unis.

De par son nom seul, Charles III est, paradoxalement, un espoir pour tous les républicains. Son nom évoque la grande expérience républicaine anglaise redécouverte par l’immense historien marxiste Christopher Hill et retravaillée par de jeunes historien·ne·s. Aujourd’hui, le défi républicain est plus que jamais d’actualité­ pour que les peuples du Commonwealth se détachent d’une tradition surannée. À quand l’indépendance de l’Écosse et la réunion­ de toute la République d’Irlande ? Quand l’Australie va-t-elle devenir authentiquement républicaine, avec la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Tuvalu et les îles Salomon ? Sept pays de la Caraïbe, reste du colonialisme esclavagiste anglais, sont concernés : Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, la Jamaïque, la Grenade, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie et Saint-Vincent-et-les Grenadines. Belize et le Canada peuvent légitimement franchir le pas et faire grandir le nombre de républiques démocratiques. En ce XXIe siècle, il ne doit y avoir qu’un souverain, le peuple. Les nations de ces pays ont l’opportunité, face à une Angleterre conservatrice, de conquérir réellement et symboliquement leur ­indépendance pour devenir pleinement républicaines.


En savoir plus sur Moissac Au Coeur

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Donnez votre avis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.