Réforme des retraites : pourquoi faut-il un référendum ? Par F. Roussel

Le projet d’Emmanuel Macron vise à un recul du départ à la retraite. C’est une question qui concerne tout le monde. Afin de juger sur pièces, les Français doivent pouvoir se prononcer lors d’un véritable débat public.

Fabien Roussel

Secrétaire national du PCF, député du Nord

La démocratie est toujours la solution. Après avoir envisagé un passage en force pour imposer, via un amendement au PLFSS, un recul à 65 ans de l’âge de départ à la retraite, Emmanuel Macron et son gouvernement viennent d’engager un « cycle de concertations » sur une durée limitée de deux mois. Ils maintiennent un agenda à la hussarde avec un projet de loi – ou un amendement sur un PLFSS rectificatif – en début d’année, pour une mise en œuvre de leur contre-réforme à l’été 2023. Et, surtout, ils ne cessent de dire que le recul de l’âge de départ et l’augmentation de la durée de cotisation sont une fatalité pour « équilibrer le système », pour « faire des économies et financer des politiques publiques », pour « compenser l’allongement de la durée de vie »… Tout cela est faux, et nous en ferons la démonstration dans les prochaines semaines.

Un front syndical uni est constitué pour s’opposer à des mesures d’âge et pour porter des solutions communes sur des dispositifs de carrière longue, de pénibilité et d’usure au travail, d’emploi des seniors, de minimum retraite, de financement du régime et d’égalité femmes-hommes. Une majorité de la population est opposée à un recul de l’âge de départ.

Une telle perspective serait une catastrophe sociale et humaine pour les personnes qui exercent les métiers les plus pénibles, aux carrières les plus hachées, pour les femmes notamment. En France, un salarié sur deux qui liquide ses droits n’est déjà plus en activité. Face à des enjeux vertigineux, qui portent sur le travail, sur une nouvelle création et une nouvelle répartition des richesses, sur un véritable choix de société, un grand débat national, projet contre projet, est un impératif démocratique. Notre peuple en a fait une spectaculaire démonstration en 2005 avec le traité constitutionnel européen. Il sait se saisir de questions jugées complexes. Il sait les instruire dans le cadre d’un débat pluraliste et contradictoire.

Depuis sa réélection, Emmanuel Macron laisse entendre que la méthode aurait changé. Chiche ! alors, qu’il retire son projet en acceptant un véritable débat. Le PCF y apportera sa contribution avec une réforme pour une bonne retraite. Fin août, lors de nos universités d’été, au cours de la rencontre qui réunissait l’ensemble des forces de gauche et écologistes, j’ai proposé que ce débat puisse être conclu par le peuple souverain dans le cadre d’un référendum, proposition relayée par le groupe communiste à l’Assemblée nationale via une motion référendaire. Cet objectif est désormais partagé par tous les groupes de gauche et écologistes.

Je le mesure à l’échelle de ma circonscription, lors de mes déplacements, de mes échanges sur la question du travail et aussi sur les retraites, les Français veulent être consultés, associés à une telle réforme. Le président de la République ne doit pas passer en force, ni ­brutaliser le monde du travail. Il provoquerait une grave rupture démocratique dans le pays.

Une bonne retraite est possible si le peuple s’en mêle. Il existe un font syndical pour refuser les mesures d’âge. Le monde du travail ne doit pas être brutalisé.


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