En s’accrochant, Adrien Quatennens s’enfonce
Après les entretiens qu’il a accordés dans la presse, le député du Nord est vivement critiqué pour sa ligne de défense dans les rangs de la Nupes et de son propre mouvement. Gérald Darmanin a annoncé un dépôt de plainte en diffamation.
Sitôt condamné pour violences conjugales à quatre mois de prison avec sursis, le député insoumis du Nord Adrien Quatennens, a accordé deux entretiens. Le premier à la Voix du Nord, publié dès le soir de sa comparution le 13 décembre, le second le lendemain à Bruce Toussaint sur BFMTV. Loin d’être close par la décision de justice, la polémique se prolonge.
En premier lieu, sur la ligne de défense qu’il a choisie. L’ex-coordinateur de la France insoumise (FI) a réfuté les comparaisons avec d’autres affaires de violences sexistes et sexuelles : « Je demande la proportion et je souhaite simplement pouvoir reprendre une activité parlementaire normale », a-t-il déclaré face à Bruce Toussaint. En outre, il n’épargne plus son ex-compagne. Depuis l’éclatement de l’affaire au mois de septembre, celle-ci aurait, selon le député, un « sentiment de pleine puissance et de plein pouvoir ».
Il laisse entendre qu’il aurait été lui-même victime à la Voix du Nord qui l’interroge sur le conseil donné aux femmes de partir dès le premier geste de violence : « Si j’avais respecté à la lettre ce conseil des associations, c’est moi qui aurais dû partir. Mais puis-je seulement le dire ? » répond le député. Enfin, alors que son groupe a prévenu de sa radiation pour quatre mois et conditionne son retour à un stage de sensibilisation aux violences faites aux femmes auprès d’associations féministes, Adrien Quatennens annonce sa rentrée dans l’Hémicycle dès le mois de janvier, quitte à siéger en tant que député non inscrit.
Caroline De Haas sur Twitter : « faites-le taire »
Les réactions n’ont pas tardé. Dans les rangs de la Nupes, et de la FI elle-même, ça grince aussi. La première à lui avoir suggéré de démissionner, c’est l’écologiste Sandrine Rousseau. La féministe Caroline De Haas s’est fendue d’un « faites-le taire » sur Twitter. Certains de ses collègues insoumis ne l’épargnent pas. La députée du Puy-de-Dôme Marianne Maximi a dénoncé une « stratégie caractéristique des auteurs de violences conjugales », qui consiste selon elle à « dévoiler le passé, l’enfance, l’intimité de la victime » et à « minimiser et relativiser sa propre violence ». Sur RTL jeudi, François Ruffin a estimé que son collègue du Nord manquait de « retenue », « quand le jour même on a une condamnation, quand même, pour violences conjugales… ». Le député de la Somme ajoute que « les grands hommes se construisent avec des traversées du désert, qu’il s’agisse du Christ ou du général de Gaulle », encourageant ainsi Adrien Quatennens à prolonger son retrait de la vie politique… Car ce cas met en évidence les contradictions de la FI. Lorsque des affaires de violences faites aux femmes touchent des élus d’autres formations politiques, la FI et les autres partis de la Nupes appellent à leur démission. L’ex-numéro 2 du mouvement prend le contre-pied de cette ligne : « Démissionner après avoir été condamné pour un acte que j’ai reconnu créerait un précédent dangereux et ouvrirait la porte à toutes les instrumentalisations de la vie privée. »
Le député pourrait, en outre, avoir de nouveau affaire rapidement à la justice pour une tout autre raison. Le ministre de l’Intérieur a annoncé déposer plainte pour diffamation alors qu’Adrien Quatennens a laissé entendre dans la Voix du Nord que les fuites dans la presse concernant la main courante de son épouse auraient été orchestrées par son ministère.
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