Plusieurs coups de feu ont été tirés dans le centre de Paris peu avant midi, faisant trois morts et quatre blessés. Le tireur visait le centre culturel kurde. L’auteur des coups de feu a été interpellé, un septuagénaire connu pour des faits de violence à composante raciste. Si le parquet antiterroriste n’a pas été saisi, pour les milieux kurdes il s’agit d’un attentat. Un appel à manifester demain samedi a été lancé.
Trois personnes, selon un nouveau bilan, sont décédées après avoir été touchées par des tirs, vendredi peu avant midi, dans le Xe arrondissent de Paris, et un homme a été interpellé et placé en garde à vue
Les faits se sont déroulés au 16 rue d’Enghien, au niveau d’un centre culturel kurde, dans un quartier commerçant et animé et notamment prisé de la communauté kurde.
Une enquête a été ouverte des chefs d’assassinat, homicides volontaires et violences aggravées. Le bilan provisoire fait état de trois personnes décédées, et quatre blessés. Il n’y a pas à cet instant de saisine du parquet national terroriste.
« Il y a trois décédés, une personne en état d’urgence absolue, deux personnes en état d’urgence relative et le mis en cause qui a pu être interpellé, est également blessé, notamment au visage », a affirmé la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, lors d’un point presse sur les lieux.
L’homme, âgé de 69 ans a été interpellé et placé en garde à vue. Selon Le Parisien, il était connu pour deux tentatives d’homicide, l’une en 2016 et la seconde l’année dernière. Il s’en était également pris à des migrants à Paris en 2021, muni d’un sabre, et venait de sortir de prison, le 12 décembre dernier.
Au croisement de la rue d’Enghien et de la rue d’Hauteville, des brancards étaient amenés dans le calme vers la scène de la fusillade et un périmètre de sécurité était mis en place par la police. Une cellule psychologique est également mise en place dans l’arrondissement.
« Sept à huit coups de feu dans la rue, c’est la panique totale, on est restés enfermés à l’intérieur », a témoigné auprès de l’AFP une commerçante d’un immeuble voisin souhaitant garder l’anonymat.
« On a vu un vieux monsieur blanc rentrer et tirer dans le centre culturel kurde, puis il est allé dans le salon de coiffure à côté. On est réfugiés dans le restaurant avec les salariés », a témoigné Romain, le directeur adjoint du restaurant Pouliche Paris, dans la rue, joint par téléphone par l’AFP.
Selon un autre témoin, un habitant du quartier qui passait dans la rue et interrogé par l’AFP, « il y avait des gens en panique qui criaient à des policiers : il est là, il est là, avancez en désignant un salon de coiffure ». « J’ai vu des policiers rentrer dans le salon où j’ai vu deux personnes à terre, blessées aux jambes, j’ai vu le sang », a-t-il ajouté décrivant des « gens sous le choc et en panique ».
Le Centre Ahmet Kaya, nommé en hommage au chanteur éponyme, est une association loi 1901 ayant pour objectif de « favoriser l’insertion progressive » de la population kurde installée en Ile-de-France. Il y a près de 10 ans, trois militantes kurdes avaient été assassinées à Paris.
Le Conseil démocratique kurde de France appelle à une manifestation samedi à 12h, Place de la République à Paris, parlant explicitement d’un attentat terroriste.
« Stupeur », « colère », « tristesse » : après la fusillade les réactions politiques se multiplient
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu sur les lieux de l’attaque. Devant les caméras il a déclaré « très sincères condoléances », ayant « un mot tout particulier pour la communauté kurde, qui connaît de nombreuses pertes » avant de saluer l’intervention de la police « en moins de quinze minutes ». Lors de l’intervention du ministre de l’Intérieur, des membres de la communauté kurde ont exprimé leur colère contre la Turquie. Des jets de projectile ont visé la police, qui a chargé et gazé les manifestants en retour.
La Première ministre Élisabeth Borne a quant à elle qualifié « d’acte odieux » cet attentat.
« Tristesse et colère devant l’attaque terroriste visant le centre culturel kurde Amet Kaya à Paris », a tweeté le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon. « Il y a 10 ans presque jour pour jour étaient assassinées trois dirigeantes kurdes en plein Paris. Ça suffit! » a-t-il poursuivi, plaidant pour la « protection de nos alliés kurdes ».
« Pensées pour les victimes de l’attentat perpétré rue d’Enghien et solidarité avec la communauté kurde si lourdement touchée. Immense émotion face a ce crime odieux ! Toute la lumière doit être faite sur le motif et les conditions dans lesquelles son auteur l’a commis » a de son côté réagi Fabien Roussel pour le PCF.
« Effroyable attentat. L’extrême droite semble avoir encore frappé. Mortellement », a avancé la députée insoumise Clémentine Autain, en interrogeant: « Quand le sommet de l’Etat prendra-t-il au sérieux cette menace terroriste? ».
« Pensées pour les victimes de la terrible fusillade à Paris », a tweeté le nouveau patron des Républicains Eric Ciotti. « Stupeur et émotion après la fusillade en plein coeur de Paris », a écrit la cheffe des députés Rassemblement national Marine Le Pen sur Twitter.
« Aujourd’hui, le criminel s’est attaqué aux Kurdes. Ce qui s’est passé doit réveiller chacun d’entre nous sur le danger que représente l’extrême droite. Donner une légitimité au racisme, c’est armer les identitaires », a commenté sur Twitter le numéro un du PS, Olivier Faure.
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