Les États membres de l’Union européenne n’ont pas trouvé d’accord sur la reconduction de l’autorisation du glyphosate pour dix années supplémentaires. La Commission européenne a tranché et a validé le renouvellement. De nombreux militants et organisations écologistes alertent de la dangerosité de ce pesticide controversé et de la non-prise en compte des études scientifiques.
La Commission européenne proposait de reconduire l’autorisation du glyphosate pour dix années supplémentaires et, ce jeudi, les États membres de l’Union européenne n’ont pas trouvé d’accord sur cette prolongation. « On attend les derniers éléments de propositions de l’Union européenne » sur le glyphosate, « s’il n’y a pas de changement, il n’y a pas de raison que le vote » de la France « change », avait indiqué mercredi 15 novembre sur franceinfo Marc Fesneau ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Alors que la France s’était abstenue lors d’un premier vote le 13 octobre, plusieurs pays en Europe s’opposent au renouvellement de l’autorisation du glyphosate, notamment l’Autriche et le Luxembourg, premier pays au sein de l’Union européenne à avoir totalement interdit la commercialisation de cette substance active sur son territoire.
Pour que le texte proposé par la Commission soit adopté ce jeudi, il devait obtenir la majorité qualifiée – soit 15 États sur 27, représentant au moins 65 % de la population européenne. Dans la mesure où aucune majorité suffisante ne s’est dégagée pour soutenir la proposition, la Commission a donc décidé, seule, de prolonger le feu vert au glyphosate.
Les réactions n’ont pas tardé à tomber sur les réseaux sociaux. « Macron avait promis d’interdire ce poison, il a donc sciemment menti & joué un double jeu » fustige par exemple sur X (ex-Twitter) Manon Aubry, eurodéputée FI et présidente du groupe de la gauche au Parlement. « Qui ne dit mot, consent. Grâce au silence coupable de la France, la Commission européenne a les mains libres pour le réautoriser pour 10 ans » regrette de son côté Benoît Biteau, député écologiste au Parlement européen. Même sentiment chez sa collègue Marie Toussaint pour qui « le gouvernement aurait pu envoyer un signal fort en votant CONTRE le renouvellement du #glyphosate. »
« Les avis scientifiques ne doivent pas être ignorés »
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui a rendu son rapport l’été dernier, n’estime pas le glyphosate assez dangereux pour justifier une interdiction, alors que dans le même temps, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le classe comme « probable cancérogène ». Pourtant, l’EFSA elle-même a reconnu devant une commission d’enquête de l’Assemblée nationale de nombreuses faiblesses dans l’évaluation des pesticides.
« Nous ne donnons pas un poids suffisant à ces études (universitaires, N.D.L.R.) dans l’évaluation des risques », a ainsi reconnu Guilhem de Seze, chef du département « production des évaluations du risque », parlant même « de fossé entre le monde scientifique et le monde réglementaire ». « Les études universitaires ne pèsent quasiment rien dans la prise de décision finale relative à l’homologation d’une substance pesticide », fustige Générations futures, association de défense de l’environnement menant des actions afin d’informer sur les risques de diverses pollutions. Sur X (ex-Twitter), Green Peace France demande à Emmanuel Macron de tenir ses engagements : « Les avis scientifiques ne doivent pas être ignorés. NON à la réautorisation du glyphosate. »
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Fin octobre, une étude internationale a établi pour la première fois un lien, parfois très précoce, entre l’exposition à la substance et la leucémie, c’est-à-dire le cancer du sang. L’institut italien Ramazzini, à l’origine de l’enquête et en lien avec le Programme National sur la Toxicologie des États-Unis, est une coopérative indépendante dédiée à la promotion de la recherche scientifique pour la prévention du cancer. L’institut avait également lancé l’alerte sur la dangerosité de l’aspartame. Même exposés à faible dose au glyphosate, les rats étudiés ont contracté un cancer dès l’âge d’un an, soit l’équivalent de 40 ans pour un humain. « Le sujet est trop important, il faut que les autorités européennes appuient sur pause et prennent en compte les résultats de cette étude avant de réautoriser la mise sur le marché de cette substance », alerte Camille Étienne, activiste pour la justice sociale et climatique, sur X.
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