Télémédecine dans les gares, plainte contre l’inaction de l’État: les déserts médicaux échauffent les esprits

NDLR de MAC: La solution passe par une augmentation du nombre de médecin et en premier lieu par une augmentation du nombre de places en université. Le salariat des médecins en Centre de Santé Public est à généraliser…. des solutions existent!

Alors que l’ordre des médecins ferraille contre la SNCF et ses futures télécabines de consultation installées dans les gares, l’UFC-Que choisir va, elle, porter plainte contre l’inaction de l’État pour tenter de résoudre les difficultés d’accès aux soins.

La filiale Gares et connexions de la SNCF avait annoncé, lundi 13 novembre, un déploiement d’une offre de télémédecine dans 300 gares d’ici à 2028.
© Philippe Lopez / AFP

« Va donc t’occuper de la désertification de tes lignes ferroviaires ! » Tel est en substance le message envoyé par l’ordre des médecins, comme par le syndicat de médecins UFML, à la SNCF, dont sa filiale Gares et connexions avait annoncé, lundi 13 novembre, un déploiement d’une offre de télémédecine dans 300 gares d’ici à 2028.

Il faut dire qu’en rendant publiques ces futures implantations de télécabines dans des gares « situées dans les zones d’intervention prioritaire (ZIP) et les zones d’action complémentaire (ZAC), caractérisées par une offre de soins insuffisante et une difficulté d’accès aux soins », la filiale SNCF se faisait fort d’apporter une solution aux déserts médicaux, alors que les organisations et fédérations de médecins ont toujours combattu toute mesure aiguillant l’installation des généralistes et spécialistes vers des territoires dépourvus de professionnels.

« Très profonde inquiétude »

Selon son communiqué, cette formule de télémédecine, avec des patients accueillis par un infirmier sur place pour des consultations de médecins à distance dans des cabines connectées, doit rien moins que « faciliter la couverture du territoire par une offre de santé de proximité en s’appuyant sur le réseau de gares (90 % de la population réside à moins de 10 km d’une gare) » et « appuyer des stratégies locales et soutenir l’action des collectivités ».

La SNCF, nouvel acteur de santé de proximité ? C’en était trop pour l’ordre des médecins. Exprimant « sa très profonde inquiétude », l’autorité tutélaire et disciplinaire rejette en bloc, dans un communiqué publié lundi 20 novembre, « cette proposition (qui) va détourner des professionnels de santé, qui seront ainsi moins disponibles pour exercer dans les territoires les plus vulnérables ». Inquiète de ce nouveau pas vers la « financiarisation » du système de santé, elle « appelle bien davantage » l’entreprise de transport ferroviaire à « améliorer la desserte ferroviaire des territoires les plus enclavés, véritable enjeu d’attractivité des territoires vis-à-vis de l’installation des professionnels de santé ».

L’UFML, qui parle, elle, de « cabines à fric », surenchérit en faisant valoir « que la mainmise de la financiarisation sur le soin ne vise qu’à développer une médecine low cost très lucrative pour ces entreprises qui n’ont rien de bienfaitrices de l’humanité souffrante ». Tout cela avec l’aide et l’argent des agences régionales de santé, s’égosille ce syndicat très libéral et opposé à toute régulation du secteur.

« Faire pression sur les pouvoirs publics »

Ce mardi, l’UFC-Que choisir renvoie les deux partis dans leurs cordes en lançant une pétition nationale sur les inégalités d’accès aux soins en France, prélude à une plainte en justice pour inaction contre l’État.

Les médecins en prennent pour leur grade : « En France, la fracture sanitaire est abyssale. Deux raisons s’additionnent et nourrissent ce phénomène : la mauvaise répartition des professionnels libéraux de santé et les dépassements d’honoraires qui ne cessent de progresser. » Avec cette campagne, l’association de consommateurs entend « mobiliser l’opinion afin de faire pression sur les pouvoirs publics pour qu’ils prennent enfin des mesures contraignantes et efficaces ».

Pour l’association, l’État est tout aussi responsable : « Dans le contexte de pénurie de médecins, les gouvernements successifs ont instauré des dispendieuses politiques d’incitation à l’installation pour tenter de réduire la fracture sanitaire. »

UFC-Que choisir appelle à taper fort, en instaurant un « conventionnement territorial des médecins (…) qui ne permette plus aux médecins de s’installer en zones surdotées » et en leur interdisant tout l’accès au secteur 2, afin de juguler les dépassements d’honoraires.

 


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