« Une saignée », « un sabordage » : les syndicats d’enseignants dénoncent la suppression de 4 000 postes prévus dans le budget 2025

Sous couvert de démographie scolaire, le gouvernement a annoncé la suppression de 4 000 postes dans l’Éducation nationale, jeudi 10 octobre lors de la présentation du projet de budget 2025. Pour les syndicats l’argument ne tient pas. Ils dénoncent une scandaleuse « saignée » qui mettra à mal leurs missions.

 

« Nous voulons faire mieux avec moins. Je sais, vous avez déjà entendu cela avant. Sauf que nous, nous ferons moins d’abord. » La sentence prononcée par le ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, jeudi 10 octobre à l’heure de présenter le projet de budget 2025, prend une dimension toute particulière dans l’Éducation nationale. Elle devrait être amputée, selon les prévisions de l’exécutif, de pas moins de 4 000 postes. Et le gouvernement Barnier a beau se réfugier derrière la démographie scolaire (« 97 000 élèves en moins à la rentrée 2025 », selon la rue de Grenelle) et l’augmentation du nombre d’AESH (+ 2 000 postes d’accompagnants d’élèves en situation de handicap), l’argument est loin de convaincre les syndicats d’enseignants.

Déjà mobilisés ces derniers mois contre le « choc des savoirs » voulu par le prédécesseur du premier ministre, Gabriel Attal, mais aussi pour obtenir les moyens d’exercer dans de bonnes conditions, ils dénoncent « une véritable saignée » et un « sabordage de l’école publique » en règle.

« L’école est à un point de bascule »

Dans le détail, le premier degré public (maternelle et élémentaire) est le plus touché avec une baisse de 3 155 postes. Le second degré public (collèges et lycées) perd 180 postes, le premier degré privé 660 et enfin le second degré privé 40, selon le ministère.

« Mais où est la priorité donnée à l’école ? », a interrogé, sur X (ex-Twitter), Guislaine David, la secrétaire générale de la FSU-Snuipp, premier syndicat en maternelle et élémentaire. « C’est un sabordage de l’école publique que nous annonce le gouvernement Barnier », ajoute la responsable syndicale quand Sophie Vénétitay, à la tête du Snes-FSU, premier syndicat du second degré, estime que « l’école est à un point de bascule, (et que) M. Barnier la pousse dans le vide ».

https://twitter.com/SVenetitay/status/1844613941151859139

Quant à l’argument de la baisse du nombre d’élèves : « En 7 ans, – 8 865 postes de profs dans le 2d degré, + 7 441 élèves. Il faudrait 10 617 emplois pour retrouver le taux d’encadrement de 2017 », rappelle-t-elle. Et de conclure en dénonçant « une véritable saignée » : « L’Éducation nationale plus gros contributeur des suppressions de postes. Aucune mesure salariale nouvelle pour 2025. Michel Barnier sacrifie l’école publique. Indigne et irresponsable ».

« 4 000 postes, c’est énorme. On fait littéralement un tête à queue, c’est scandaleux », fustige également auprès de l’AFP Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la CFDT Éducation. « Et en parallèle de ces suppressions, on demande aux enseignants de maternelle ou d’élémentaire un objectif d’inclusion des élèves en situation de handicap. On nous annonce 2 000 postes d’AESH en plus mais on sait pertinemment que personne ne veut faire ce métier pas suffisamment payé », souligne-t-elle.

Des suppressions de postes répétées

Et ce n’est pas la première « saignée ». L’an dernier, le projet de loi de finances 2024 prévoyait la suppression de 2 500 postes d’enseignants, justifiée également par la baisse démographique, estimée par le ministère à 83 000 élèves en moins à la rentrée 2024. Pour permettre la mise en œuvre les groupes de niveaux du « choc des savoirs » qui ont viré au fiasco, Gabriel Attal s’était contenté d’annuler la suppression des 484 postes prévus dans le second degré et d’en créer 574. Pour rappel, l’État avait supprimé 1 500 postes en 2023 et près de 2 000 en 2022.

Quant au budget global de l’Éducation qui doit selon le projet de l’exécutif s’élever en 2025 à 63 milliards d’euros, le ministère met en avant une hausse de « 834 millions d’euros » par rapport au budget 2024 tel qu’il était à l’arrivée en poste d’Anne Genetet, nommée en septembre. Mais, en réalité, cette augmentation est bien plus modeste – et quoi qu’il en soit sans rapport avec les besoins – si on la compare au budget original voté il y a un an, car entre-temps l’enveloppe a été réduite de quelque 700 millions d’euros en février.

Le tout dans un contexte où les syndicats ne cessent d’alerter sur le fait que l’objectif affiché de mettre un professeur devant chaque classe est loin d’être rempli et insistent sur la nécessité de rendre plus attractif le métier, alors que plus de 3 000 postes ont été non pourvus aux concours enseignants du public et du privé cette année.

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