Education Nationale: le 26 janvier est « Une sérieuse alerte » + Florilège d’articles académie de Toulouse

Avec 12% de grévistes dans le premier degré et 13% dans le second degré selon le ministère et un professeur sur trois selon la FSU, le mouvement de grève du 26 janvier lancé par 6 fédérations (Fsu, Fo, Cgt, Sud, Sncl, Snalc) semble modeste. Replacé dans le contexte de la crise sanitaire, des défis nouveaux qu’elle adresse aux enseignants et de l’isolement personnel qu’elle banalise, le mouvement a du sens. Dans le cortège parisien, la colère des professeurs présents vient de loin. Celle des infirmières est particulièrement visible.

Les infirmières contre leur décentralisation

Commençons par les vedettes de la journée. Les infirmières scolaires étaient nombreuses dans le cortège et particulièrement visibles, enveloppées dans une couverture de survie. « Je me bats avec mes collègues pour qu’on ne soit pas décentralisées et que l’on reste en établissement », nous a dit Nadia Barnerias, infirmière dans une cité scolaire de la banlieue parisienne. Le projet de loi 4D prévoit que la santé scolaire passe aux collectivités territoriales. Une autre menace est apparue récemment avec un amendement (adopté) au projet de loi sur « la santé par la confiance » mettant les infirmières sous la houlette des médecins. « On travaille à la réussite des élèves, à leur suivi, à la prévention. On ne chôme pas », assure t-elle. Elle ne voit pas comment en étant absentes des établissements les infirmières pourraient mieux assurer les visites obligatoires et suivre les élèves dans leurs problématiques de santé et d’aide psychologique ».

Sandrine contre 36 élèves par classe

Edith et Sandrine enseignent dans le même lycée du 78, l’une l’EPS, l’autre les maths. Si elles sont venues manifester c’est contre la réforme du lycée. « 36 élèves par classe c’est beaucoup trop pour enseigner correctement », estime Sandrine. « En maths on nous a enlevé tellement d’heures que ça devient infernal pour aider les élèves. Si l’épreuve (de spécialité) n’avait pas été annulée on n’aurait de toutes façons pas réussi à faire le programme ». Pour autant elle désapprouve la solution trouvée par le ministre. « Il aurait mieux valu une épreuve nationale en juin », dit-elle. « Le controle continu c’est l’enfer. On reçoit des mails des parents qui nous mettent la pression pour remonter les notes. Nous n’avons plus de sérénité pour travailler. Le métier perd son sens ». En EPS, Edith estime aussi que « 36 élèves c’est de l’abattage. C’est le nombre croissant d’élèves qui me mobilise avec le fait que le bac devienne local et non plus national ».

Un mouvement de fond pour B. Teste

En tête du cortège, Benoit Teste, secrétaire général de la FSU, voit dans la mobilisation « un mouvement de fond et non une réaction à la crise sanitaire qui nous dessert car chacun a le nez dans le guidon ». Il est inquiet du peu d’actes concrets face à la pandémie alors que « des choses pourraient être faites facilement comme limiter le brassage des élèves, l’aération des salles, la gestion des cas contacts et des fermetures d’écoles ». La FSU a envoyé le 25 janvier un courrier au premier ministre en ce sens.

Sur la récente publication des synthèses du Grenelle de l’éducation, il y voit « les poncifs habituels du Café du commerce, sur les enseignants qui ne travailleraient pas assez et sur le mérite. Il y a des choses à discuter sur le métier enseignant. Mais le Grenelle le fait avec un biais managerial », nous dit-il.

Des déserteurs pour le ministre

La grève et le Grenelle, JM Blanquer en parle aussi devant les députés de l’Assemblée nationale le 26 janvier. « Le taux de grévistes est faible car l’immense majorité des professeurs est mobilisée. C’est grace à eux que la France traverse la crise épidémique de la façon la plus correcte possible sur le plan scolaire ». Le ministre se sert aussi des deux syndicats qui n’appelaient pas à la grève. « Le Grenelle de l’éducation débouche par certains syndicats sur des propositions ».

Le prix du mépris pour E Faucillon

Rencontrée dans le cortège parisien, la députée (PCF) Elsa Faucillon est là « en soutien car on a vite oublié les remerciements au monde enseignants après le premier confinement ». Pour elle le bilan du ministère Blanquer est « sous le signe du mépris vis à vis des personnels », le ministre multipliant les communications « sans prendre en compte l’expertise des personnels de l’éducation nationale. Il se revendique des valeurs de la République mais il a bien du mal à les rendre effective et à défendre l’école publique ».

François Jarraud

Les infirmières en colère

La lettre de la FSU à J Castex

Les motifs d’une grève


VIDÉO. Grève du 26 janvier : à Toulouse, entre 1300 et 2000 personnes ont manifesté

l’essentiel Le personnel de l’Education nationale était appelé à manifester ce mardi. À Toulouse, entre 1300 (selon la préfecture), et 2000 personnes (selon les syndicats) ont défilé entre l’arche Marengo et le Monument aux morts. Les étudiants étaient également présents en nombre.

À l’appel de plusieurs syndicats, entre 1300 et 2000 personnes ont défilé dans les rues de Toulouse ce mardi, en fin de matinée. Objectifs de cette manifestation : réclamer « un plan d’urgence pour l’école » et une revalorisation des salaires des enseignants.

A lire aussi : REPLAY. Grève du 26 janvier : revivez le film de cette journée de mobilisation dans la région

Des revendications de longue date auxquelles s’ajoutent celles liées à la crise sanitaire, comme l’exprime par exemple Fabien, enseignant dans un établissement toulousain. « Les propositions du ministre de l’Éducation sont insuffisantes et ne contentent que très peu de collègues. Par ailleurs, avec la dotation, nous voyons qu’il y aura une très nette baisse des postes à la rentrée 2022. Nous avons en moyenne 35 élèves par classe alors que les conditions de travail sont très difficiles, surtout en ce moment. On s’est habitués à l’anormal ! »

Pour Abdallah, membre de la CGT Educ’actions, la situation est « intenable ». L’enseignant dénonce pêle-mêle « des réformes mal menées » dont l’objectif est de « casser le Bac », « une baisse des effectifs », et « un sentiment de déconsidération ». « La jeunesse est sacrifiée car le gouvernement refuse de mettre les moyens pour qu’on sorte de cette situation ! » lance-t-il également.

« On a l’impression que les étudiants sont mis de côté »

Un sentiment partagé par nombre d’étudiants présents dans le cortège, à l’image de Maël, 18 ans, étudiant en école d’ingénieurs. « Depuis le début de la crise, on a l’impression que les étudiants sont mis de côté. Je suis allé un mois et demi en cours depuis la rentrée, je viens de Charente-Maritime, ça m’empêche de créer des liens, et les cours derrière son ordinateur ne remplacent pas les cours en présentiel ! »

Un peu plus loin, Chloé, 18 ans également, est du même avis. « Je suis à Sciences-Po donc j’ai la chance de pouvoir aller en cours, mais je suis venue soutenir les étudiants. Ce n’est pas parce qu’on est étudiant, qu’on n’a pas droit à un traitement correct. Certains sont bloqués dans leur petit appart de 9 mètres carrés sans soutien familial, et maintenant sans soutien amical. On a l’impression d’être oubliés ! »

Cette impression de déclassement, le personnel éducatif non enseignant, à l’image des auxiliaires de vie scolaire ou des animateurs périscolaires, la connaît bien. C’est par exemple le cas de Gwendoline, animatrice dans un établissement scolaire de Cornebarrieu. « Je suis venue manifester pour que notre métier soit reconnu. Nous aussi on existe, on est là, mais nous sommes tout le temps oubliés ! Nous demandons la revalorisation de nos salaires, plus de moyens humains et matériels. On nous demande de faire plus avec très peu de moyens. »


VIDEO. Ariège : flashmob et défilé pour défendre l’Education nationale

Abonnés

Les professeurs d'EPS ont précédé le cortège en réalisant une flashmob à l'aide de ballons de basket.
Les professeurs d’EPS ont précédé le cortège en réalisant une flashmob à l’aide de ballons de basket. DDM – DENIS SLAGMULDER

Ce mardi après-midi, à Foix, environ 150 personnes ont répondu à l’appel lancé par l’intersyndicale enseignante FSU-Sud-CGT-FO, du premier et du deuxième degré, pour défendre l’Education nationale. Les responsables ont notamment profité de l’occasion pour dénoncer la future carte scolaire dans le second degré. Celle-ci prévoit la suppression de seize postes dans les collèges et lycées ariégeois.

Vu les prévisions de la carte scolaire pour la prochaine rentrée, notamment dans le second degré, on aurait pu penser que la mobilisation serait d’importance. Mais malgré l’appel lancé par l’intersyndicale enseignante FSU-Sud-CGT-FO, seules 150 personnes ont participé, hier après-midi, à la manifestation organisée dans les rues de Foix.

Pourtant, à en croire les responsables syndicaux réunis le matin en assemblée générale, la situation se présente mal pour les collèges et les lycées du département. « Nous allons perdre seize postes dans le second degré », annoncent en chœur Empari Perez (Sud-Education), Laurent Murati (SNES-FSU), Mickaël Trovalet (SNUipp-FSU), Olivier Châtelain (CGT Educ’Action) et Emmanuel Guillot (Force ouvrière Education). Ce sont les collèges, avec dix postes supprimés, qui devraient le plus souffrir de ces dispositions.

De gauche à droite: Emmanuel Guillot (FO Education), Empari Perez (Sud Education), Mickaël Trovalet (SNUipp-FSU), Laurent Murati (SNES-FSU) et Olivier Châtelain (CGT Educ-Action).
De gauche à droite: Emmanuel Guillot (FO Education), Empari Perez (Sud Education), Mickaël Trovalet (SNUipp-FSU), Laurent Murati (SNES-FSU) et Olivier Châtelain (CGT Educ-Action). DDM – DENIS SLAGMULDER

Une classe risque de fermer au collège de Seix

« Nous allons donc nous retrouver avec des classes à trente élèves », dénoncent Empari Perez, Laurent Murati et Emmanuel Guillot, tous trois enseignants dans des collèges du département. Avec des situations particulièrement compliquées à Mirepoix, où la cité scolaire pourrait être amenée à rendre six postes, et au collège de Seix où une classe risque de disparaître. « Cet établissement aura quinze élèves en moins. Ce sont des enfants de parents qui veulent faire l’école à la maison », expliquent les trois syndicalistes.

« C’est pour cela que nous bondissons quand nous entendons le recteur d’académie se réjouir des moyens et assurer que les emplois seront préservés. C’est un discours honteusement faux », vitupère l’intersyndicale.

Un poste de CPE supprimé au lycée Pyrène, à Pamiers

Les cinq organisations ajoutent que les lycées, s’ils seront moins impactés que les collèges, ne seront pas épargnés: -4 postes dans les lycées généraux, et -2 dans les lycées professionnels. « Et on ne parle pas des disparitions de postes de CPE (conseillers principaux d’éducation, NDLR) avec le nouveau mode de calcul — un CPE pour 320 élèves — qui va entrer en vigueur. Conséquence: il y aura un poste en moins sur le lycée Pyrène, à Pamiers, qui est réparti sur deux sites distants d’un kilomètre l’un de l’autre. »

« Et c’est la même chose pour les infirmières. Il va y avoir de moins en moins de postes. Résultat, alors que les lycéens se retrouvent à 36 par classe, il n’y a plus de médecine préventive. Ni pour eux, ni pour le personnel d’ailleurs », assurent les syndicats enseignants.

Dans le premier degré, ce n’est guère plus brillant. Certes, comme l’an passé, le département ne rendra pas de poste. « Mais la situation est très dégradée avec le problème des remplacements. La preuve, M. Duret (le directeur académique des services de l’Education nationale en Ariège, NDLR) a dû embaucher vingt contractuels depuis la rentrée. Et personne ne sait si leur contrat sera reconduit en février », indiquent Mickaël Trovalet et Olivier Châtelain, professeurs des écoles. Ils n’oublient pas, non plus, les dispositifs d’aides aux élèves en difficulté qui sont « mis à mal ».

« On est clairement sur une carte scolaire qui ne couvre pas tous les besoins », assurent les cinq représentants syndicaux en s’attendant à de sévères « négociations » lors des prochaines réunions de travail sur la carte scolaire.

« Les professeurs disent qu’ils ne peuvent plus travailler à cause du protocole sanitaire qui ne cesse de changer, rappellent-ils. Nous voulons donc leur montrer que nous les comprenons quand ils dénoncent leurs conditions de travail de plus en plus difficiles. Car nous savons qu’un professeur ne peut pas, en même temps, enseigner à des enfants, qui souffrent eux aussi de devoir porter un masque à longueur de journée, et faire la police afin que le protocole sanitaire soit respecté. »

Le collectif réclame donc des moyens pour soutenir les professeurs. « Il en va de l’avenir de nos enfants. Car leur bon développement passe par une bonne collaboration entre les enseignants et les parents. Or, à cause du contexte actuel, les professeurs ne vont pas bien et cela a un impact sur le moral de nos enfants », dénoncent ces militants.

« L’Éducation nationale » en colère était dans la rue

Plus d’une centaine de manifestants ont déambulé.
Plus d’une centaine de manifestants ont déambulé.

C’est au son de la musique contestataire que la FSU, Sud Éducation, le Snes, le Snalc, la CGT éducation entre autres syndicats, se sont retrouvés à manifester hier à Rodez. Quelque 130 manifestants ont répondu à cet appel, qui avait pour mot d’ordre, « une revalorisation salariale, de meilleures conditions de travail et un renfort du personnel dans l’éducation nationale « , en général. Les professeurs étaient rejoints par quelques élèves, mais surtout par le Snics (Syndicat national des infirmiers scolaires, majoritaire dans l’Éducation nationale).

D’autres professions de l’Éducation comme les AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap), ainsi que les AED (assistants d’éducation) se sont joints à l’intersyndicale. Pour Sylvain Lagarde (FSU), ce n’est pas tant, le nombre de manifestants qui compte, mais le nombre de grévistes, mobilisés aujourd’hui. « Au vu du contexte sanitaire, cette grève est un succès. Nous avons atteint un nombre de 40 % de grévistes dans le second degré et 30 % dans le premier degré. On est dans la moyenne nationale. Ces taux traduisent une colère certaine ». L’intersyndicale départementale dénonce également « le manque de crédibilité du ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, dans sa gestion de la crise ».

La Dépêche du midi


 Auch. Éducation nationale : les personnels réclament un « plan d’urgence » pour faire face à la crise
Les manifestants ont défilé dans les rues d’Auch, hier matin au départ de la place de la Libération, avant qu’une délégation ne soit reçue par le directeur académique du Gers, Farid Djemmal.
Les manifestants ont défilé dans les rues d’Auch, hier matin au départ de la place de la Libération, avant qu’une délégation ne soit reçue par le directeur académique du Gers, Farid Djemmal. Photo DDM, S.Lapeyrère

Environ 140 personnes ont défilé hier matin dans les rues d’Auch dans le cadre de la journée de mobilisation des personnels de l’Education nationale.

Troisième volet du confinement ou pas, la fermeture des établissements scolaires devrait être la dernière solution prise par le gouvernement, considérant les conséquences économiques et sur le bien-être des enfants et adolescents d’une telle décision. Mais du côté des personnels qui poursuivent leurs missions en période troublée, la marmite commence sérieusement à bouillir…

Présent hier dans le cortège auscitain, Nicolas, assistant social, témoigne : « J’interviens dans six à sept établissements, et l’impact de la crise sanitaire se ressent fortement dans les familles, sur les élèves. Et la ruralité vient aggraver ce phénomène, avec un éloignement des services publics. Il faut éviter de démanteler des choses qui fonctionnent : le public n’a rien à gagner. »

L’une des craintes récurrentes hier chez les personnels non-enseignants, était leur transfert envisagé vers le Département. Cécile, infirmière et pour l’heure « fonctionnaire d’Etat » (chaque établissement compte une infirmière), dénonce « un flou artistique concernant les missions qui nous seraient attribuées » tandis que sa collègue Laëtitia craint « d’être sortie des établissements scolaires pour d’autres missions ». « Avec le Covid, la charge de travail a été décuplée, à moyens constants. On passe trop de temps à remplir des tableaux (liés au cas contacts, NDLR) au détriment des autres missions… On comprend la priorité sanitaire mais pas que cela se fasse au détriment des autres besoins des élèves. »

Et sur le manque de moyens constatés, les professionnelles de santé étaient rejointes ce mardi par les enseignants rencontrés à Auch.

« Je suis prof de maths et beaucoup d’heures de demi-groupe ont été supprimées, souligne Hélène, professeur de mathématiques dans un collège. Si je suis ici, c’est pour avoir des moyens supplémentaires pour mes élèves : pour avoir des classes moins surchargées mais aussi avoir plus de moyens matériels, notamment des ordinateurs. »

Valérie, professeure des écoles, ajoute le problème délicat du remplacement des enseignants absents pour Covid + : « Les enfants sont accueillis dans la mesure du possible mais on ne peut pas les mélanger avec d’autres classes… Janvier et février, c’est déjà une période souvent compliquée. Cette année, cela devient intenable… »

Mobilisation : bataille de chiffres

Hier, pour cette première journée de mobilisation de 2021, plus d’un tiers des enseignants étaient mobilisés, selon les syndicats, contre autour de 12 % selon le ministère de l’éducation nationale. Dans le second degré, le Snes-FSU, premier syndicat, a notamment estimé que 40 % des professeurs, CPE, PsyEN (psy de l’éducation nationale), AED (assistants d’éducation), AESH (accompagnants d’élèves handicapés) étaient en grève hier dans tout le pays.


Grogne dans l’éducation: « L’État est très loin de la réalité »

Enseignants, encadrants, infirmiers scolaires, AESH, ils étaient plus de 200 ce matin dans les rues de Tarbes pour marquer leur ras-le-bol avec la politique gouvernementale autour de l’enseignement.

La grogne monte chez les agents de l’enseignement. Alors que la France est dans le flou vis-à-vis d’un troisième confinement et notamment le sort réservé aux écoles, le personnel de l’éducation nationale se mobilise au sujet de ses conditions de travail.

Ce mardi matin, ils sont plus de 200 devant l’Hôtel de ville de Tarbes à répondre à l’appel de l’intersyndicale. Les revendications sont nombreuses. Les deux principales sont la revalorisation salariale et les conditions de travail difficiles dues à l’épidémie. « Aujourd’hui, près de 70 % des salaires des enseignants sont gelés. Pour les autres, l’augmentation est minime », souligne Grégory, professeurs de français dans un lycée. « Nous voulons une augmentation de l’indice salarial, et non pas des primes, comme les 150 € de prime informatique. Les primes on peut les supprimer », ajoute David Castebrunet, représentant SNUIPP et instituteur remplaçant en école. Pour eux, cela fait trop longtemps que la politique budgétaire de l’enseignement est en régression.

Le cortège de manifestants, masqués, dans les rues de Tarbes./ photo Mickaël Louit
Le cortège de manifestants, masqués, dans les rues de Tarbes./ photo Mickaël Louit DDM – MICKAEL LOUIT

L’autre grand axe de cette mobilisation est le protocole sanitaire dans les écoles. « L’État et ses mesures sont très loin de la réalité que nous vivons dans les écoles. Nous avons des classes qui peuvent monter jusqu’à 35 élèves ou plus. C’est impossible de respecter les mesures. Nous demandons des cours en demi-groupe », explique Grégory. Le cortège, après s’être arrêté devant l’Inspection Académique, est revenu à l’Hôtel de Ville. Claude Martin, cosecrétaire du FSU a donné rendez-vous jeudi prochain pour une nouvelle mobilisation.

Le cortège de manifestants, masqués, dans les rues de Tarbes./ photo Mickaël Louit
Le cortège de manifestants, masqués, dans les rues de Tarbes./ photo Mickaël Louit
Bastien Loubet

Cahors. Manifestation des enseignants dans le Lot : « Il y a urgence »

Ils étaient moins d’une centaine à manifester hier à Cahors.
Ils étaient moins d’une centaine à manifester hier à Cahors. Photo DDM

Moins d’une centaine de personnes étaient rassemblées hier matin sur la place Chapou à Cahors. À l’appel de l’intersyndicale, enseignants en grève, sympathisants et quelques lycéens ont dénoncé les conditions de travail et les salaires du personnel des établissements scolaires.

C’est en effet leur précarisation qui était particulièrement pointée du doigt hier matin. « Pour 69 % des enseignants, les salaires n’ont pas été revalorisés. Depuis 2010, il y a un gel du point d’indice », souligne Benoît Debals de la FSU. « Les Accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) sont particulièrement touchés par la précarité : ils ne peuvent jamais travailler à temps plein et très peu sont titularisés. »

Ils ne sont pas les seuls : nombreux sont les enseignants qui font aujourd’hui appel au comité départemental d’action sociale. « Aujourd’hui, même des titulaires y ont recours dès qu’ils ont un petit accident de vie. C’était inconcevable avant, assure une enseignante gréviste. Cet appauvrissement est une lame de fond, lente mais certaine. »

Par ailleurs, pour la FSU, le Lot manque cruellement de remplaçants. « On estime qu’il devrait y en avoir deux par circonscription, soit huit dans le département », avance Benoît Debals.

Budget trop faible, épuisement du corps enseignant : pour la CGT il y a « urgence ». Le syndicat réclame notamment « des écoles et des établissements à taille humaine », avec « des classes ne dépassant pas vingt élèves », et mieux équipés, notamment en informatique. « Nous voulons une éducation prioritaire de la maternelle au bac […] et un renforcement du service social », précise Isabelle Baudis de la CGT.Défendant une « école démocratique et juste », elle prône « la fin de la concurrence entre établissements », « de l’encyclopédisme et de l’élitisme ».

Ce mouvement de grève intervient alors que le comité technique départemental doit examiner la carte scolaire 2021 le 4 février prochain. Celle-ci sera ensuite finalisée par le comité départemental d l’Education nationale le 12 février. « Dans le premier degré, il y a zéro suppression et zéro création de postes. En revanche, il y a une nouvelle injonction ministérielle de limiter les grandes sections à 24 élèves. On va devoir fermer des classes », déplore Isabelle Baudis qui dénonce « la volonté politique de l’Education nationale de regrouper les classes et de fermer les écoles rurales. » Quant au second degré, « il va payer un lourd tribut avec la suppression de quatorze postes », assure la représentante syndicale.

Les organisations syndicales ont d’ores et déjà assuré qu’elles seraient à nouveau présentes dans la rue le 4 février pour défendre les droits des enseignants.

Caroline Peyronel


Manifestation pour l’éducation à Albi : « Il faut se bouger »

Le cortège qui s’est formé place du Vigan a défilé dans les rues d’Albi jusqu’à l’inpection académique. Une manifestation animée, en musique. A Vilemur-sur-Agout, l'inquiétude est grande au collège. .

l’essentiel Les enseignants et les surveillants ont manifesté, hier, dans les rues d’Albi pour exprimer leur mécontentement et leurs inquiétudes par rapport à la crise sanitaire et les moyens attribués à l’éducation.

« Il faut se bouger. Je considère qu’il faut soutenir les enseignants. » Lina, élève de Terminale dans un lycée albigeois, a donné de la voix, hier, dans le cortège qui a réuni quelques centaines de personnes pour protester contre la gestion de la crise sanitaire dans les établissements scolaires, les réformes engagées notamment autour du bac et la précarisation croissante dans l’éducation nationale à l’appel de l’intersyndicale SUD Education, SNUipp-FSU, FNEC FP-FO et CGT Educ’action.

Ils étaient environ 250, selon les services de police, plutôt 300, selon un représentant syndical, à former le cortège parti de la place du Vigan en direction de l’inspection académique en passant par le Lude.

Une manifestation joyeuse avec l’animation musicale proposée par les enseignants. La reprise de classiques a trouvé écho dans le cortège.

« Je suis là pour lutter contre la précarité croissante dans l’éducation nationale » affirme Thierry San Andres, enseignant et élu. « Quand j’étais étudiant, j’ai pu avoir un emploi (MISE) avec un statut. Grâce à cela, j’ai pu faire des études et devenir professeur bien qu’issu d’un milieu modeste. Aujourd’hui, il y a une véritable précarisation des statuts » insiste-t-il.

Le problème des assistants d’éducation (A E D) interpelle le monde éducatif. « Les deux vies scolaires de Bellevue sont en grève, l’établissement aurait dû fermer » rappelle Burno Mercat, enseignant à Bellevue.

Le problème des moyens inquiète Thomas Verdier, cosecrétaire départemental du SNipp-FSU. « La crise sanitaire révèle dans quel état est le système. Nous sommes dans une asphyxie des services publics » regrette-t-il.

« Avec l’épidémie qui remonte, ça commence à fuir de partout. Le recrutement de contractuels ne suffit plus. »

Il pointe le nombre croissant de remplacements non assurés. « Avec les remplacements non assurés, les consignes sanitaires ont du mal à être respectées. » « Un manque de moyens » dénoncé à son tour par Benoît Foucambert, cosecrétaire de la FSU. La future carte scolaire dans le premier degré et la dotation horaires dans le secondaire inquiètent également au plus haut point les enseignants.

Autant de problèmes et de questions que les représentants de l’intersyndicale ont pu évoquer devant l’inspectrice d’académie qui a reçu une délégation de l’intersyndicale SUD Education, SNUipp-FSU, FNEC FP-FO et CGT Educ’action vers 16 heures.

Inquiétudes au collège Cassin

Au collège René-Cassin de Vielmur-sur-Agout 17 enseignants sur les 21 que compte l’établissement étaient en grève hier matin. Aux revendications nationales s’ajoutent là des préoccupations locales quant à la rentrée prochaine. Si la disparition d’une classe de cinquième est actée, la diminution prévue est plus importante que prévu : « Ce sont 32 heures en moins qui sont prévues l’an prochain pour le collège alors que les heures supplémentaires sont maintenues » souligne une enseignante qui dénonce ce choix ainsi que les classes de plus de 30 élèves et la précarisation des postes.
Ar.P.

Montauban. Tarn-et-Garonne : la colère gronde dans le corps enseignant

Les personnels pédagogiques étaient dans la rue hier pour protester contre le manque de moyens dans les écoles, collège et lycées du département. Plus d’une centaine de grévistes avaient répondu à l’appel des syndicats tarn-et-garonnais.

Les rangs de manifestants étaient abondants, et la colère non moindre. Hier après-midi, dès 14 h 30, près de 150 grévistes (selon les syndicats) du secteur de l’Éducation se sont réunis devant la préfecture de Tarn-et-Garonne pour porter une contestation nationale. Dans le cortège : une foule de professeurs, d’assistants d’éducation (AED), d’accompagnants pour élèves en situation de handicap (AESH), du secteur primaire comme du secondaire.

Guillaume Mangenot, cosecrétaire départemental FSU, a pris la parole devant la préfecture.

Le centre des protestations concernait le trop faible budget alloué à l’Éducation et toutes ses conséquences, notamment sur la question des salaires ou des conditions d’apprentissage des élèves. « Comme si ça ne suffisait pas, le ministre Jean-Michel Blanquer brandit son Grenelle de l’Éducation qui cherche à privatiser au maximum le monde enseignant en donnant toujours plus de pouvoirs aux chefs d’établissement », craint Olivier Andrieu, cosecrétaire du syndicat FSU.

Autre source de tensions, la pandémie de Covid-19, qui aurait agi comme « un révélateur des politiques désastreuses menées dans l’Éducation nationale depuis des années », déplore Guillaume Mangenot, cosecrétaire de la FSU et instituteur à la maternelle Françoise-Dolto. Il regrette « des revirements incessants et des consignes contradictoires qui désorganisent l’école et épuisent les personnels ».

Une manifestation calme

Après presque une heure de manifestation devant la préfecture, le cortège s’est dirigé vers l’Inspection académique de Tarn-et-Garonne. En remontant, escortés par les forces de l’ordre, le boulevard Gustave-Garrisson, les grévistes ont scandé leurs revendications et entonné des chants. Faute d’avoir été reçus par une délégation, les manifestants se sont massés devant le bâtiment jusque vers 16 heures.

L’impact de la manifestation s’est fait ressentir, hier, dans les établissements scolaires. « La grève a mobilisé entre 25 % et 33 % des personnels », recense Guillaume Mangenot. Dix établissements du secteur primaire ont été contraints de fermer.

Un nouveau rendez-vous programmé le 4 février

Si les manifestants se sont dispersés aux alentours de 16 heures, hier, un autre mouvement est d’ores et déjà à prévoir pour le 4 février. Il ne s’agira cette fois plus seulement du monde enseignant mais d’une concertation générale entre différents acteurs du public comme du privé et différentes revendications.
« La FSU engagera ses forces avec d’autres mouvements et revendications lors d’une journée interprofessionnelle le 4 février prochain, scandait Guillaume Mangenot lors de la prise de paroledevant les bâtiments de la préfecture. Ce devra être un nouveau temps fort pour exprimer des revendications légitimes. »
Les personnels soignants et les travailleurs de la centrale Golfech ont déjà répondu présent. « Tant que M. Blanquer et plus généralement tout le gouvernement ne prendra pas en compte nos revendications, ils nous trouveront dans les rues », affirme Caroline, une assistante d’Éducation présente hier dans les rues e Montauban.

Thomas André

Et dans l’HUMANITE du 27 janvier 2021
Les infirmières de l’éducation nationale ont elles aussi rejoint le mouvement. Thomas Coex/AFP

Les infirmières de l’éducation nationale ont elles aussi rejoint le mouvement. Thomas Coex/AFP

Mobilisation du 26 janvier. Le monde de l’éducation déconfine sa colère

Les personnels de l’éducation nationale, dans toute leur diversité, étaient en grève mardi 26 pour dénoncer leurs conditions de travail, la gestion de la pandémie, des salaires en berne.

Enseignants, surveillants, conseillers principaux d’éducation, AESH (accompagnants d’élèves handicapés), psychologues scolaires, infirmières scolaires, mais aussi lycéens et étudiants… Le monde de l’éducation était mobilisé mardi 26 janvier, à l’appel d’une très large intersyndicale (FSU, CGT, FO, Solidaires). Et, en dépit du contexte sanitaire, ils sont nombreux à avoir défilé, partout en France. Le Snuipp-FSU a relevé un tiers de grévistes dans le premier degré. Dans le second degré, le Snes-FSU estimait ce taux à 40 % des professeurs. Sans surprise, le ministère de l’Éducation nationale a communiqué sur un taux de grévistes, à la mi-journée, à 11 %.

Des suppressions de postes incessantes malgré la crise

Gestion calamiteuse de la crise sanitaire, conditions d’enseignement dégradées, salaires en berne, suppressions de postes incessantes… les motifs de la colère étaient vastes. « C’est un travail que j’aime mais aujourd’hui je suis épuisée », a confié à l’AFP une professeure des écoles de Toulouse, évoquant « le manque criant de moyens, surtout depuis le début de la crise sanitaire ». À Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), un millier de personnes ont manifesté derrière une banderole « Urgence pour le service public d’éducation ». Parmi elles, Magali Gallais, CPE (conseillère principale d’éducation) : « On brasse des élèves toute la journée, ils oublient souvent de mettre leur masque correctement, on est exposé au virus en permanence. » Malgré le froid, ils étaient tout autant à Rennes. « On a eu une perte de pouvoir d’achat en dix ans de 275 euros mensuels par personne », a témoigné Axel Benoist, le secrétaire national du Snuep-FSU (enseignement professionnel). « C’est un moment crucial pour l’éducation, il y a une vraie colère qui monte chez les enseignants qui sont très inquiets », estime Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, en référence au Grenelle des enseignants, lancé par le ministre Jean-Michel Blanquer, qui doit s’achever en février. « Ce qui est entrepris par le ministère n’est absolument pas satisfaisant, c’est essentiellement de la communication avec une revalorisation de surface qui est très insuffisante. »

Pour Saphia Guereschi, secrétaire générale du Syndicat national des infirmières conseillères de santé (Snics-FSU, majoritaire), les infirmières au collège ou au lycée sont accaparées par la gestion de la crise sanitaire et doivent gérer les « phases de dépistage et de tracing », au détriment de l’accompagnement des élèves. « Nos jeunes, qui vont très mal, ne peuvent plus être accueillis comme il se doit lors des consultations dans les établissements car nous ne sommes pas remplacées, il faut réagir très rapidement », a-t-elle alerté. Six jours après s’être mobilisés contre les effets délétères de l’épidémie sur leur vie, les étudiants se sont eux aussi joints aux cortèges. « La manifestation de la semaine dernière nous a permis d’obtenir des choses mais pas de nous faire totalement entendre, a expliqué à l’AFP Mélanie Luce, présidente de l’Unef. Alors on poursuit la mobilisation. »


En savoir plus sur Moissac Au Coeur

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Donnez votre avis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.