Depuis un an, rien n’a été fait pour éviter une nouvelle fermeture des écoles, ni pour préparer celle-ci. Qui, de fait, pourrait produire les mêmes effets que la première.
« Une forme de petite parenthèse au mois d’avril. » À entendre Jean-Michel Blanquer, le 1er avril sur RTL, on aurait presque cru qu’il parlait de ses prochaines vacances en amoureux. Mais non : il était bien question de l’annonce, la veille, de la fermeture pour quatre semaines des établissements scolaires, de la maternelle au lycée. Cette « petite parenthèse » dans ce qu’il a osé appeler « une année scolaire pleinement réussie », il est sans doute le seul à la voir sous cet angle.
En premier lieu parce que cette fermeture pose un constat d’échec de sa stratégie, basée sur le déni de la circulation du virus en milieu scolaire et le refus d’agir puisque, quoi qu’il arrive, « nous sommes prêts ». Ensuite parce que dès jeudi soir, les syndicats enseignants étaient à peu près unanimes, entre « constat d’échec », « désaveu » ou « naufrage » pour le ministre. Enfin parce qu’il va falloir répondre aux nombreuses questions que pose cette décision.
L’improvisation et son corollaire d’inégalités
Un an et près de 100 000 morts après le premier confinement, c’est le retour à la case départ pour le système scolaire. Une fois encore, la décision de fermeture est prise alors que la veille il n’en était pas question. Une fois encore, l’impréparation est totale. Une fois encore, les élèves se retrouvent face à l’inconnu. Une fois encore, les familles sont sommées de s’adapter en deux jours pour permettre à leurs enfants de poursuivre leur scolarité à distance. Une fois encore, les enseignants vont devoir bricoler pour assumer la « continuité pédagogique ». Depuis un an, souligne la FSU (Fédération syndicale unitaire), « le ministre n’a pas voulu agir pour répondre aux alertes des personnels de terrain » et les mesures qui auraient dû être prises pour éviter la fermeture « n’ont pas été mises en œuvre ».
La période de quatre semaines va donc s’ouvrir, dès mardi 5 avril, par une semaine d’enseignement à distance pour tous, de la maternelle au lycée, et se terminer par une autre – mais seulement pour les collégiens et lycéens. Or, « la fracture numérique n’a pas été résorbée, les outils numériques sont toujours aussi faillibles », rappelle le Snes-FSU (premier syndicat du secondaire), pour qui « des mesures d’urgence doivent être prises pour équiper les personnels et les élèves qui en ont besoin ». Car si quelques milliers d’ordinateurs ont pu être distribués à des élèves pas ou mal équipés, les besoins réels sont loin d’avoir été couverts. Sans parler de l’absence de plan de formation des enseignants. Depuis un an… L’improvisation, reposant une fois de plus sur les personnels, sera donc de mise. Avec son corollaire d’inégalités qui vont se creuser, voire de décrochages.
Pour les élèves de classes à examen (brevet, bac, BTS…), c’est encore pire. Le ministre espère que la situation sera meilleure en juin… mais certains écrits sont prévus début mai ! La FCPE, première fédération de parents d’élèves, demande « une clarification des dates et du déroulé des différents examens » en privilégiant le contrôle continu. Le Snes-FSU « réitère sa demande de neutralisation du grand oral » du bac, d’aménagement des épreuves de français et de philosophie, et d’allègement des programmes pour tous. Reste enfin la question des conditions de la reprise : l’unanimité se fait pour exiger des recrutements afin d’assurer les remplacements, le suivi des élèves, des demi-groupes obligatoires… Quant aux promesses de vaccination prioritaire pour les personnels de l’éducation nationale, le ministre de la Santé, Olivier Véran, en a fait litière dès jeudi matin : ce ne sera « vraisemblablement pas dans les toutes prochaines semaines ».
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