Palestine solidarité ! Par Patrick Le Hyaric + appel à Rassemblement

Directeur de l’Humanité ; député européen 2009-2019 ; membre de la commission chargée des relations avec la Palestine.

Il est de la responsabilité des États-Unis et de l’Union européenne de faire cesser immédiatement l’offensive meurtrière et criminelle contre les Palestiniens de Gaza. Seule l’action diplomatique résolue pourra également mettre fin aux contre-offensives du Hamas, qui, elles aussi, font des victimes civiles. Une nouvelle fois, les populations, les enfants de Gaza en paient le prix fort.

Il n’y a pas d’issue militaire au conflit. La mise à l’écart de l’OLP a ouvert la dangereuse voie des armes. C’est l’action politique des gouvernements et des peuples s’appuyant sur le droit international qui, seule, est porteuse de solutions. Il est de leur responsabilité de contraindre expressément le pouvoir israélien à respecter les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU. Pour moins que cela, les gouvernements occidentaux trouvent bien souvent les moyens d’appliquer des sanctions et des actes de boycott. Or, le premier ministre israélien, en quête de réélection, est laissé libre de faire monter les tensions et de déstabiliser toute une région dans des buts bassement électoralistes et sur le dos des populations civiles palestiniennes.

Quelle femme, quel homme raisonnable peut supporter ces images de fer et de feu sur Gaza, le vol des maisons de familles palestiniennes à Jérusalem, la chasse à l’Arabe, les ratonnades, et les lynchages dans les villes israéliennes, les vociférations racistes entonnées de plein cœur par une foule fanatisée ? Quel pays au monde bénéficie-t-il d’une impunité totale depuis cinquante-quatre années d’occupation et de viol du droit international ? Sans les mouvements de jeunes Palestiniens aux côtés de leurs parents, les expulsions menées par l’armée israélienne à Jérusalem, hier pourtant sanctifiée par un consensus international, se dérouleraient dans un silence plombant, tandis que chaque semaine depuis des mois des bombes israéliennes détruisent et tuent à Gaza. L’exaspération a été portée à son comble. En témoignent les mouvements spontanés inédits de la population arabe d’Israël. Il ne faut donc pas inverser les rôles, comme s’y complaisent médias et chancelleries occidentales. Ici, il y a un occupant et un peuple occupé privé de sa terre et d’un État.

Il y a bien un oppresseur et des opprimés : le processus d’apartheid et de colonisation s’accélère et s’amplifie, donnant quitus aux forces fanatisées de l’extrême droite israélienne qui, désormais, font ou défont les coalitions gouvernementales. C’était à prévoir : l’engrenage de la guerre et de la colonisation, huilé par les États-Unis de Donald Trump, renforce les éléments les plus radicaux et fascisants de la société israélienne tout en marginalisant les courageuses forces de progrès. Ces faiseurs de roi messianiques, racistes et colonialistes ont trouvé leur caution en la personne de Netanyahou, sinistre va-t-en guerre corrompu, adepte d’une conception ethnique et ségrégationniste de la nation digne des extrêmes droites continentales, qui ne lésinent d’ailleurs pas sur leur soutien envers le gouvernement israélien.

Cette fuite en avant n’est rendue possible que par la sidérante complaisance des États occidentaux avec le pouvoir israélien et ses relais d’extrême droite, dans un nouvel enchevêtrement géopolitique à l’œuvre depuis les scélérats accords d’association entre l’Union européenne et l’État d’Israël et, plus récemment, sous l’égide des États-Unis, les cyniques accords au parfum de dollar signés avec le Maroc, le Soudan, les Émirats arabes unis ou Bahreïn. Voilà qui explique le silence de la France et d’autres, qui équivaut à absoudre le gouvernement israélien d’exactions pourtant condamnées par le droit international. Le scandaleux renvoie dos à dos des responsabilités dont est désormais coutumier le Quai d’Orsay normalise dangereusement la politique ultrarépressive et raciste d’Israël, tout en dégradant considérablement l’image de la France à travers le monde. Pire, le placement en garde à vue de Bertrand Heilbronn, président de l’Association France Palestine Solidarité, et l’interdiction de la manifestation de solidarité organisée mercredi dernier à Paris témoignent d’une criminalisation inédite de la solidarité avec le peuple palestinien dans notre pays, hier moteur dans la recherche de la paix.

La mise en scène de la rivalité entre le Hamas et l’extrême droite israélienne permet ainsi d’évacuer les causes premières et fondamentales de la colère, à savoir le vol permanent des terres palestiniennes et la situation d’apartheid créée par Israël dans ses frontières depuis le vote de la loi « Israël, État-nation du peuple juif » en 2018, comme dans les territoires occupés. On peut toujours regretter la forme qu’a prise la résistance palestinienne, la confessionnalisation grandissante et désolante d’une lutte de libération nationale. Elle reste cependant la résistance d’un peuple délaissé, opprimé, spolié, emmuré, dont les parlementaires sont arrêtés et les militants enfermés dans les geôles de l’occupant comme l’est Marwan Barghouti. Ils n’ont d’autre choix que la lutte quotidienne. Il est de notre responsabilité d’amplifier la solidarité active pour trouver des solutions politiques. D’abord en interpellant nos gouvernements et l’Union européenne, mais aussi en réclamant encore une force de protection du peuple palestinien.

De puissants points d’appui existent. La saisine et l’enquête de la Cour pénale internationale pour commission de crimes de guerre par Israël, les deux rapports de l’ONG israélienne B’Tselem, celui de Human Rights Watch, la reconnaissance des actions « Boycott, désinvestissement, sanctions » comme formes non violentes de lutte.

L’action doit s’amplifier ici pour que la France demande la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, qu’elle suspende sa coopération militaire, et réengage le processus pour la reconnaissance de l’État de Palestine comme l’a déjà voté le Parlement le 2 décembre 2014.

Pourquoi n’envisagerait-on pas, en plus de nos actions quotidiennes, l’envoi, en Palestine et auprès des forces démocratiques israéliennes, de missions civiles d’observation et de protection du peuple palestinien ? Solidarité concrète avec la Palestine !


Le PCF 82 s’associe à l’appel de l’AFPS 82
au rassemblement en soutien au peuple palestinien
vendredi 14 mai à 17h30
devant la préfecture de Montauban.
Jérusalem : Exigeons des sanctions ! (Fabien Roussel)
Je dénonce la réponse honteuse du ministre Jean-Baptiste Lemoyne faite à ma collègue Elsa Faucillon lors de sa question au gouvernement aujourd’hui. Dans sa réponse, le gouvernement renvoie dos à dos la politique de colonisation de l’Etat israélien et l’appel de l’autorité palestinienne, à faire respecter toutes les résolutions de l’ONU.
Pourtant, les violences contre les Palestiniens de Jérusalem ont culminé ce lundi 10 mai. La répression policière israélienne des manifestants de l’Esplanade des Mosquées a fait, selon le Croissant rouge palestinien, plus de 305 blessé.es.
A Gaza, plus de 20 personnes – dont plusieurs enfants – ont succombé sous les bombes israéliennes.
Déjà vendredi, sur l’Esplanade des mosquées, mais aussi dans la Mosquée Al Aqsa, lors de la prière à laquelle participaient 70 000 fidèles, l’armée israélienne — armée d’occupation de Jérusalem-Est depuis 54 ans, au mépris de toutes les résolutions des Nations unies —, est intervenue tirant à balles métalliques enrobées de caoutchouc, utilisant des gaz lacrymogènes.178 personnes ont été blessées dont 88 grièvement.
Les Palestiniens sont confrontés à un déferlement de violence de l’armée israélienne, allant jusqu’à envahir la mosquée.
Dans le quartier de Sheikh Jarrah, comme dans tout Jérusalem-Est, des familles palestiniennes sont, de nouveau, menacées d’expulsion par les colons israéliens et militants d’extrême droite soutenus par le système judiciaire israélien. Même si la décision d’expulsion a été reportée au 15 juin, la résistance non violente des Palestiniens s’est organisée et la police israélienne a bouclé le quartier.
Cette violence est le résultat à la décision du pouvoir israélien, au mépris du droit international, d’annexer Jérusalem-Est et d’en éliminer toute présence palestinienne, dans le même temps qu’il s’emploie à coloniser définitivement la Cisjordanie.
La communauté internationale a condamné cette annexion mais n’a pas accompagné cette condamnation de sanctions, ce qui conforte le sentiment d’impunité de ceux qui, en Israël, n’hésitent pas à crier « Mort aux Arabes » et de ceux qui, depuis 1967, le pensent tout bas, en prétendant annexer Jérusalem-Est.
Le Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas parvenu, ce lundi, à s’accorder pour condamner le gouvernement israélien. Et pourtant une décision d’urgence portée par la France et l’Union européenne est nécessaire pour apporter une protection internationale au peuple palestinien mais aussi imposer des sanctions au gouvernement israélien et dans l’immédiat, faire respecter les droits des Palestiniens à la sécurité dans leur vie quotidienne.
Une fois de plus, la preuve tragique est apportée que seule une solution conforme aux résolutions des Nations unies peut créer une paix durable avec la création, aux côtés d’Israël, d’un Etat palestinien sur les territoires occupés de Cisjordanie et Gaza, avec Jérusalem-Est pour capitale.
Le PCF appelle tous les communistes à participer aux rassemblements dans leurs villes et à Paris ce mercredi 12 mai de 16h à 18h devant le Ministère des Affaires étrangères, à l’appel du Collectif national pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens.
Fabien Roussel, député du Nord, secrétaire national du PCF
Paris, le 11 mai 2021.

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