Avocat, ancien président d’EuroMed Droits, ancien vice-président de la Fidh, secrétaire général, président, puis président d’honneur de la LDH, Michel Tubiana s’est éteint ce samedi 2 octobre, à l’âge de 68 ans.
Né le 24 novembre 1952 à Alger, Michel Tubiana a 10 ans en 1962, lorsque sa famille quitte l’Algérie pour s’installer à Paris. Il milite à la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR), au lycée, et entre au Grand Orient de France en 1972. Après ses études de droit, il devient avocat en 1974. Il adhère à Ligue des droits de l’homme (LDH) en 1981. Secrétaire général de l’association entre 1984 et 1995, président en 2000, il en était président d’honneur depuis 2005.
Parmi ses grands combats, Michel Tubiana a notamment plaidé en 1998 en tant que partie civile au procès de Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de Gironde entre 1942 et 1944 impliqué dans des actes d’arrestation et de séquestration lors de l’organisation de la déportation des juifs de la région bordelaise vers Auschwitz et qui sera condamné pour complicité de crimes contre l’humanité. L’avocat y a démontré que Papon avait fait « le choix de Vichy en toute connaissance de cause ».
Du désarmement d’ETA à la défense des militants antifacistes
Autre combat notable, sa défense, avec l’avocat Jean-Louis Chalanset, du cofondateur du groupe d’extrême gauche, Action directe, Jean-Marc Rouillan. Artisan de la paix au Pays basque, il fut aussi l’une des chevilles ouvrières de l’opération de désarmement d’ETA et membre du collectif Bake Bidea, militant pour les droits des prisonniers basques. Avocat de deux amis de Clément Méric, étudiant antifasciste tué dans une rixe impliquant des nervis d’extrême droite à Paris en 2013, il s’est également engagé contre l’extradition du militant italien d’extrême gauche Cesare Battisti.
Militant antiraciste, Michel Tubiana avait dénoncé, l’année dernière, dans nos pages, l’attitude de dénégation d’Emmanuel Macron concernant « la réalité des violences policières fondées sur une discrimination liée à l’origine », le président de la République évoquant le « communautarisme » et le « séparatisme » de ceux qui les dénonçaient. « Le chef de l’État n’a pas à dicter aux victimes du racisme les canons selon lesquels elles doivent lutter contre ce fléau », déclarait-il à l’Humanité : « Ses propos traduisent ce mépris. On peut être critique sur certains aspects de la lutte contre le racisme. Pour ma part, je ne suis pas sûr que la notion de “privilège blanc” soit très opérante, par exemple. On peut en débattre. Mais ne pas voir que le racisme existe de la part des représentants de l’ordre public, qu’il est perçu, subi par certaines catégories de nos concitoyens, c’est complètement irresponsable. »
« Un ardent défenseur de la dignité humaine »
« Militant infatigable de la défense des droits de l’homme en France et dans le monde, il était un des maillons essentiels de la LDH », déclare le communiqué de la LDH par lequel l’association a fait connaître la nouvelle de son décès. « Il incarnait la LDH et était un phare d’une intelligence vive et rare, clairvoyant et précurseur, infatigable défenseur des droits et libertés en France et dans le monde », a souligné pour sa part Malik Salemkour, président de la LDH. « Michel a apporté un soutien sans faille et décisif au processus de paix en Pays basque », ont déclaré dans un communiqué commun Bake Bidea et les Artisans de la paix, mouvements de promotion du processus de paix au Pays basque.
Par contraste avec le silence du gouvernement, un consensus pour lui rendre hommage s’est exprimé à gauche, à la nouvelle de sa disparition.
« Ce grand avocat, ancien président de la LDH, a été un ardent défenseur de nos libertés et de la dignité humaine », a déclaré pour sa part Fabien Roussel, secrétaire national du PCF
« Grand défenseur des droits humains, il était de tous les combats », a déclaré Anne Hidalgo, maire de Paris, tandis qu’Alexis Corbière, de la FI, a tenu à adresser ses condoléances « à la famille de Michel Tubiana, à ses proches, à ses camarades et à tous les ligueurs ». « Une grande voix vient de s’éteindre. Le plus bel hommage que nous puissions lui rendre est de prolonger son combat pour les droits humains », a déclaré Olivier Faure, premier secrétaire du PS, alors que Julien Bayou, secrétaire national d’EELV, l’a salué pour « son combat infatigable ». « Ce grand avocat, ancien président de la LDH, a été un ardent défenseur de nos libertés et de la dignité humaine », a déclaré pour sa part Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, adressant « toute (s)on amitié aux militants de la LDH avec qui nous partageons tant de combat ».
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