Les urgences du centre hospitalier de Montauban. DDM
Les urgences du centre hospitalier de Montauban. DDM

Faute de médecins, le service des urgences de l’hôpital de Moissac devrait fermer la nuit. À Montauban, c’est une équipe du SMUR fonctionnant 12 heures sur 24 qui pourrait disparaître.

Le manque de moyens humains a dépassé aujourd’hui la cote d’alerte sur les hôpitaux de Montauban et Moissac. Le service des urgences de l’hôpital de Moissac pourrait, très prochainement, fermer la nuit de 20 heures à 8 heures. A Montauban, c’est l’une des deux équipes du Smur (service mobile d’urgence et de réanimation), fonctionnant 12 heures sur 24 heures, qui est également sur la sellette.

Comment en est-on arrivé à pareille situation dans le Tarn-et-Garonne ?

L’organisation qui fédère les hôpitaux de Montauban et de Moissac pour gérer les urgences souffrait depuis plusieurs mois. Mais cet automne, la tension est montée d’un cran. Alors qu’il faut en temps normal une quarantaine de médecins urgentistes pour bien fonctionner, ils sont treize de moins actuellement. En plus, aucune amélioration n’est attendue dans les prochains mois. D’où les deux mesures envisagées par les deux hôpitaux en relation avec l’Agence régionale de santé. « Il s’agit de deux hypothèses parmi d’autres », tempère Sébastien Massip, le directeur du centre hospitalier de Montauban. Le patron du groupement hospitalier de Tarn-et-Garonne ajoute : « On essaie de se donner le maximum de moyens pour maintenir l’organisation en place. Des discussions sont en cours. On attend notamment des réponses des agences spécialisées dans l’intérim médical. » Le directeur de l’hôpital de Montauban a réuni les équipes d’urgentistes, hier après-midi. Un rendez-vous aux allures de réunion de la « dernière chance ».

De son côté, David Billetorte, délégué départemental de l’Agence régionale de santé confirme qu’un projet de réorganisation est à l’étude. « Nous travaillons actuellement sur ces questions avec les centres hospitaliers concernés. Aucun scénario n’est fixé à ce jour, il est donc prématuré d’y apporter des précisions pour le moment. »

Selon nos informations, la décision finale pourrait être prise en fin de semaine, ou en début de semaine prochaine.

Un rassemblement prévu mardi

En attendant, les personnels ne cachent pas leur mécontentement. C’est déconcertant de penser que l’on va fermer les urgences la nuit à Moissac, ainsi que cette deuxième ligne de Smur à Montauban. L’offre de soins d’urgence va diminuer de façon drastique dans le Tarn-et-Garonne. C’est une catastrophe », souffle Christel Quris, secrétaire – adjointe de la CGT au centre hospitalier de Montauban.

La déléguée syndicale comprend aussi la désaffection des personnels pour les urgences et d’autres services : « Le manque de moyens humains n’est plus tenable pour ceux qui restent. On est à un point de non-retour. »

Enfin, le comité de défense de l’hôpital intercommunal Castel-Moissac appelle, avec plusieurs syndicats et partis politiques (CGT, PCF…), à manifester devant la sous-préfecture de Castelsarrasin mardi 9 novembre à 18 heures.


Les premières réactions

Sylvia Pinel, députée de Tarn-et-Garonne, a exhorté, hier, le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Veran a « bien vouloir examiner avec bienveillance ce dossier qui suscite de vives inquiétudes et une forte opposition sur le territoire. » Dans le même courrier, la parlementaire estime qu’une « fermeture des urgences de nuit engendrera des dommages considérables pour le centre hospitalier intercommunal Castelsarrasin-Moissac et mettra en danger la population d’un bassin de vie d’environ 80 000 habitants. » Sylvia Pinel a également écrit au directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS), Pierre Ricordeau, au directeur départemental de l’ARS David Billetorte et aux directeurs des hôpitaux de Castelsarrasin-Moissac et de Montauban. Elle regrette « de ne pas avoir été informée, comme c’est l‘usage de ces différents projets de fermeture par les autorités compétentes, alors que ces dernières semaines les réunions sur les sujets hospitaliers ont été fréquentes. »
Michel Weill, président du conseil départemental : « J’apprends la restructuration possible des services des urgences dans notre département. Si cela se confirme, ce serait une nouvelle attaque contre le service public de la santé déjà mis à mal depuis de nombreuses années. Le conseil départemental entend que les droits des citoyens soient respectés tout comme il veillera au respect des agents. J’attire l’attention de tous et notamment des autorités sanitaires sur ce dossier très important pour le territoire. »De son côté, le maire de Moissac, Romain Lopez, pourtant président du comité de surveillance du Chic, affirme ne pas avoir été consulté ou informé, et demande que cette situation « soit traitée avec clarté et limpidité ».
Thierry Dupuy avec Loubna Chlaikhy