« Les violences ne sont pas une fatalité » : les défenseurs des droits des femmes se sont mobilisés samedi, en particulier lors d’une manifestation à Paris, pour dire « stop » aux violences sexistes et sexuelles et « exiger des politiques publiques à la hauteur » contre ce fléau.
La manifestation parisienne, partie de la place de la République vers Nation derrière une banderole #NousToutes proclamant « stop aux violences sexistes et sexuelles », a rassemblé 50.000 personnes selon les organisateurs.
D’autres rassemblements sont programmés partout en France entre ce samedi 20 et le 25 novembre, journée internationale contre les violences faites aux femmes. A Rouen, une centaine de personnes ont ainsi défilé, en attendant une marche nocturne, jeudi, sur le thème « reprenons la rue, la nuit! ».
« L’impunité doit cesser »
Deux ans après le « Grenelle » contre les violences conjugales, « l’impunité doit cesser. L’éducation à l’égalité doit devenir une priorité », martelait l’appel à manifester, porté par le collectif féministe #NousToutes et une soixantaine d’associations, syndicats et partis politiques.
De nombreuses pancartes sur fond violet, la couleur de cette mobilisation, délivraient des messages comme « ras le viol », « 65% des victimes de féminicides avaient pris contact avec la police », ou encore « on te croit ».
« Encore aujourd’hui, de nombreuses femmes se font violer, et on leur demande comment elles étaient habillées, on remet en doute leur parole. On ne leur dit jamais qu’on les croit. Voilà pourquoi nous sommes ici aujourd’hui, avec ces pancartes », revendique la jeune Fiona.
Milena est présente dans le cortège car elle a subi une agression sexuelle lors de son enfance, qui n’a pas été pénalisée. « J’ai porté plainte, et l’homme n’a eu que 6 mois de sursis, j’ai l’impression qu’on s’est foutu de ma gueule » témoigne-t-elle.
« Les violences ne sont pas une fatalité, elles peuvent cesser », a assuré devant les journalistes Marylie Breuil, du collectif #NousToutes, pour qui « il existe un décalage immense entre la mobilisation de la société et l’engagement des politiques ».
« Une rigolade »
« Quand on augmente de 60% le nombre de places d’hébergement, quand on vote quatre lois pour accompagner non seulement les victimes mais aussi leurs enfants, quand on fait en sorte que les auteurs soient pris en charge pour éviter la récidive, ce sont des actes factuels », a plaidé samedi la ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes Elisabeth Moreno sur Europe 1, évoquant également la formation de policiers et gendarmes, la mise en place de bracelets anti-rapprochement et de téléphones grave danger. « Chaque féminicide est un féminicide de trop mais on peut voir que toutes ces actions commencent à porter leurs fruits », a-t-elle affirmé.
Mais pour Sandrine Bouchait, présidente de l’Union nationale des familles de féminicides présente à la manifestation, « il y a eu quasiment 600 femmes assassinées pendant le quinquennat, c’était censé être une grande cause nationale mais les chiffres sont quasiment les mêmes que ceux du quinquennat précédent, c’est une rigolade ».
En France, quelque 220.000 femmes sont victimes de violences et 94.000 sont violées chaque année, relève #NousToutes. Depuis le 1er janvier, 101 femmes ont été tuées par leur conjoint, selon le décompte du collectif « Féminicides par compagnon ou ex ». Pour l’ensemble de l’année 2020, le chiffre avait atteint 102 féminicides et 146 en 2019, selon le ministère de l’Intérieur.
« Il ne suffit pas d’avoir des mots et de la compassion, il faut des budgets pour lutter contre les violences faites aux femmes » a déclaré Stéphane Peu, député de la Seine-Saint-Denis (PCF) contestant l’action gouvernementale. « L’Espagne dispose d’un budget d’un milliard d’euros, quand la France dispose d’un budget de 200 millions »,a-t’il ajouté.
Un milliard d’euros par an à cette lutte
La manifestation était également l’occasion de dénoncer l’inceste, les violences pédocriminelles ou subies par les enfants dans le cadre conjugal. Les organisations féministes estiment que l’Etat devrait consacrer un milliard d’euros par an à cette lutte, au lieu de 360 millions aujourd’hui.
Elles demandent également des mesures de « prévention », comme apprendre aux plus jeunes ce qu’est le consentement, et réclament un effort supplémentaire pour créer davantage de places d’hébergement pour les femmes qui fuient leur conjoint violent. Dans une telle situation, environ 40% des victimes ne se voient proposer aucune solution d’hébergement, et seules 12% obtiennent une place adaptée, selon un rapport publié jeudi par la Fondation des femmes.
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