Les fascistes sont de sortie, stoppons-les.

Affiche apposée sur les murs cette semaine

Horrifiés, comme la majorité de nos concitoyens, par le crime abject de la petite Lola, nous sommes aux côtés de sa famille et de ses proches. Face à ce terrible assassinat, le recueillement et la dignité auraient dû l’emporter. La réflexion également sur les causes d’une telle sauvagerie et les moyens d’y remédier.

Cela n’a pas été le choix de la droite et de l’extrême droite. Bien aidées par les chaînes d’information en continu du groupe Bolloré, elles ont décidé de faire leur miel de l’horreur.

Il s’est même trouvé un Cyril Hanouna, aussi populiste que sordide, dansant dans ses studios pour fêter les records d’audience réalisés par ses émissions grâce à cet assassinat, après avoir appelé devant des centaines de milliers de téléspectateurs à une justice expéditive, sans avocat ni contradiction. Abject ! Pour ces gens sans scrupule, pour l’extrême droite et la droite radicalisée, les appels de la famille contre toute récupération politique et médiatique ne comptent pas. À la digne émotion, ces forces opposent l’indigne récupération.

Outre leur inhumanité, leur propagande et leur violence contribuent à détourner les regards du mouvement social qui, ces dernières semaines, place en son cœur le double enjeu de l’amélioration de la rémunération du travail, du refus de la montée permanente des prix et l’exigence majoritaire de la taxation des profits colossaux des grandes firmes.

Fidèles serviteurs des milieux d’affaires qui n’en demandaient pas tant, leurs appels à la haine servent à couvrir la voix du mouvement syndical et social, ici et en Europe. Ces forces excitent les plus vils instincts et colportent tous les ragots, au mépris du travail de la police et de la justice, profitant comme des sangsues d’un terrible drame. Ainsi, elles libèrent des forces et groupements fascisants qui, visages souvent dissimulés, en cortège dans plusieurs villes ces derniers jours, ont hurlé leur haine au cœur des villes, de Paris à Lyon, de Rennes à Metz, de Strasbourg à Perpignan… Dans ces torrents boueux, racistes et xénophobes, les mensonges et les amalgames s’ajoutent aux chants identitaires, lâchant une haine décomplexée contre les immigrés et toute personne issue de l’immigration.

À la tête de ces manifestations, déclenchées depuis l’Assemblée nationale par les groupes de droite et d’extrême droite, on trouve la clique du pitoyable et sinistre Zemmour qui a eu tous micros ouverts pour dénoncer un « francocide », des groupes affiliés au mouvement Civitas, des complotistes, des catholiques intégristes, le Gud… Rappelons que les choses ont commencé ainsi en Italie, et que les infâmes slogans « migrants assassins » singent exactement ceux du mouvement anti-immigrés Pegida en Allemagne.

La droite et l’extrême-droite essentialisent le profil de la suspecte mise en examen en soulignant que Lola était « Française et chrétienne », avec des accents dignes de la période des ratonnades anti-arabes des années soixante-dix. Dans un contexte de crise multiforme où nos concitoyens s’interrogent sur les responsabilités de leur situation et les moyens de vivre mieux, l’étranger est ainsi désigné comme inquiétant par nature, surtout s’il est musulman. Et la propagande autour des « obligations de quitter le territoire » ne tient aucun compte des réalités, notamment celles du refus des pays d’origine d’accueillir celles et ceux qui y sont astreints. Ajoutons que, malheureusement dans le cas d’espèce, la situation de la suspecte semble plus relever de la psychiatrie, et des moyens – défaillants- de l’exercer, que de ses origines.

Face à la montée des extrêmes-droites fascisantes en Europe, l’heure est donc bien plus grave qu’on veut parfois le laisser croire. Le ministre de l’Intérieur a lui-même contribué à libérer ces forces lorsque à la fin du mois d’août il a déclaré : « il serait idiot de ne pas dire qu’il y a une part importante de la délinquance qui vient de personnes immigrées ». On ne peut laisser couler ce venin raciste et xénophobe dans les veines de notre société. Notre responsabilité est immense pour combattre l’idée qu’il s’agirait d’une opinion parfaitement acceptable.

De ce point de vue Il est navrant et préoccupant que Serge Klarsfeld, qui a tant fait dans le combat antifasciste et dans la chasse aux nazis, ait pu blanchir le maire d’extrême-droite de Perpignan, M. Louis Alliot qui a toujours considéré J.M Le Pen comme son « père spirituel » et qui vient d’installer dans sa ville une stèle glorifiant la sinistre OAS. Il y a quelques jours, à l’occasion des 50 ans de la création du Front national, il déclarait fièrement « nous n’avons pas à rougir de notre passé ».

Comment ne pas voir que l’opération de charme en direction des juifs ne vise qu’à renforcer un « camp » antimusulman, alors que dans les nouveaux discours de l’extrême droite est recyclé le vocabulaire des Maurras, Barrès et Drumont qui assimilaient les juifs aux « lobbies internationaux », à la « finance cosmopolite », à des « mondialistes », à des « corps étrangers ». Le fascisme change de visage. Pas de nature.

Les forces du capital aux prises avec leurs multiples contradictions en ont besoin. C’est leur roue de secours. Comme toujours, l’extrême droite agite les ressentiments. Elle propose comme solution aux problèmes des familles populaires, la fin de la lutte des classes au profit de la guerre raciale en identifiant des individus et une « communauté » supposée comme responsables des malheurs de la société.

Rien ne doit être fait pour renforcer leurs thèses. Elles doivent au contraire être combattues sans merci, comme elles l’ont été hier, tout en faisant valoir une alternative, une perspective politique démocratique et progressiste. Le moment est préoccupant. Il est urgent que tous les démocrates se lèvent.

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