Beatriz Malleville, présidente de la FCPE : « Avec la journée Collège fantôme, on veut attirer l’attention sur le manque de moyens du Tarn-et-Garonne » in DDM

  "Avec la réforme du choc des savoirs, l’objectif est d’abandonner le collège unique", regrette Beatriz Maleville. Elle redoute surtout que la mise en place des groupes de niveaux stigmatise les élèves le plus en difficulté.
« Avec la réforme du choc des savoirs, l’objectif est d’abandonner le collège unique », regrette Beatriz Maleville. Elle redoute surtout que la mise en place des groupes de niveaux stigmatise les élèves le plus en difficulté. DDM – archives Lucie TOLLON

 

Lundi 13 mai, la fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) organise une action inédite dans le Tarn-et-Garonne, « École et collège fantôme ». Le syndicat invite les parents à ne pas envoyer leurs enfants en classe pour protester contre la réforme du « choc des savoirs » et dénoncer le manque de moyens pour la prochaine rentrée scolaire. Beatriz Malleville, la présidente de la FCPE 82, espère que cette action sera très suivie, notamment dans les collèges.

Beatriz Malleville, quel est l’objectif de cette journée de mobilisation du 13 mai ?

On veut envoyer un signal fort sur les difficultés que rencontrent de nombreux établissements et attirer l’attention sur notre département. Notre action s’inscrit dans une semaine de mobilisation nationale, mais à ma connaissance nous sommes le seul département de l’Académie de Toulouse à le faire sous cette forme-là. Demander aux parents de ne pas mettre leur enfant à l’école ou au collège, c’est quelque chose qu’on a rarement fait à la FCPE. On estime que c’est le bon moment d’organiser cette journée de mobilisation en réaction aux mesures annoncées par le gouvernement sur le « choc des savoirs ». Nous, on préférerait qu’il déclenche le choc des moyens.

Au premier trimestre, beaucoup de professeurs n’ont pas été remplacés, que ce soit à Bourdelle, au collège Jean-de-Prades à Castelsarrasin, à Moissac ou encore au collège du Pays de Serres à Lauzerte. Parfois, des enseignants doivent se déplacer de Toulouse. Cette situation défavorise la ruralité.

Justement, quel constat dressez-vous sur le manque de moyens ?

Le constat reste le même. Nous souffrons d’un manque d’enseignants, notamment en français et en mathématiques. Au premier trimestre, beaucoup de professeurs n’ont pas été remplacés, que ce soit à Bourdelle, au collège Jean-de-Prades à Castelsarrasin, à Moissac ou encore au collège du Pays de Serres à Lauzerte. Parfois, des enseignants doivent se déplacer de Toulouse. Cette situation défavorise la ruralité. Les parents sont d’autant plus inquiets quand cela concerne les classes à examen, comme la Première ou la Terminale. L’autre problématique, c’est que la réforme annoncée par le gouvernement pour les collèges, avec des groupes de niveaux pour le français et les maths, va se faire à moyens constants. On demande aux établissements de faire un effort en interne pour mettre en place ces heures, mais cela va se faire au détriment des langues ou du soutien scolaire. On sait que dans les petits collèges, les marges de manœuvre sont bien moins importantes. Pour nous, il aurait fallu prendre les problèmes dans l’ordre et, s’agissant de la mise en place des groupes de niveaux, tenir compte de la spécificité de chaque établissement.

Sur le fond, la FCPE combat aussi cette réforme. Pour quelle raison ?

Oui, pour nous, cette réforme va mettre de côté les enfants en difficulté scolaire qui sont aussi souvent ceux qui sont les plus défavorisés socialement. Ça veut dire qu’on est en train de trier les élèves. Or, des chercheurs ont démontré que l’hétérogénéité dans les classes apportait de l’émulation et tirait tout le monde vers le haut. Ce n’est pas vraiment la voie qu’emprunte notre pays. L’OCDE montre que le système éducatif français est plutôt élitiste. Cette réforme pour nous sonne le glas du collège unique qui permettait à chaque élève d’avoir de l’ambition même si tous ne suivaient pas le même enseignement.

On sait que le redoublement n’est bénéfique que si l’élève concerné est d’accord. Là, il va y avoir de la tension qui va se créer entre les familles et les enseignants.

La réforme prévoit aussi que désormais le redoublement pourra être proposé par les enseignants. Cela vous inquiète ?

Oui, jusqu’ici ce sont les familles qui pouvaient en exprimer le souhait. On sait que le redoublement n’est bénéfique que si l’élève concerné est d’accord. Là, il va y avoir de la tension qui va se créer entre les familles et les enseignants. Ceci s’ajoute à l’obligation d’avoir le brevet pour passer au lycée. Notre crainte, avec ce type de mesure, c’est que cette réforme conduise à faire quitter le collège à certains élèves. On voit que beaucoup est fait pour valoriser l’apprentissage. C’est vrai que l’apprentissage peut être une voie d’excellence mais il faut que ce soit une voie choisie pour que la réussite soit au bout.

Revenons à la journée « Collège fantôme ». Vous pensez qu’elle sera bien suivie ?

On l’espère. Il y a quinze jours, il y a déjà eu une journée de mobilisation au collège François-Mitterrand de Moissac et 90 % des élèves ne sont pas venus en classe. J’espère que quelques écoles pourront embrayer le pas, car il faut dire aux parents d’élèves de CM2 qu’ils sont concernés par cette réforme du choc des savoirs.

Un rassemblement est prévu ce 13 mai à Montauban ?

Non, il n’y a rien de prévu ce lundi. Par contre, on appelle les parents d’élèves et le monde enseignant du Tarn-et-Garonne à participer à un rassemblement régional le 25 mai à Toulouse. Le point de rendez-vous sera le métro Jean-Jaurès à 11 heures.

 


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