Ce que contient la proposition de loi macroniste pour criminaliser toute critique d’Israël et signée par François Hollande
Sous couvert de lutter contre les « nouvelles formes d’antisémitisme », la députée Caroline Yadan a annoncé déposer un texte qui cible les expressions de solidarité à la Palestine et la critique de la politique de Tel-Aviv.
C’était une de ses promesses de campagne, dans la 8e circonscription des Français de l’étranger qui inclut surtout Israël. La députée Renaissance Caroline Yadan est malheureusement passée aux actes, ce week-end, en déposant une proposition de loi visant « à lutter contre les nouvelles formes d’antisémitisme ». Au prétexte de ce combat tout à fait légitime dans un contexte de hausse des actes contre les juifs depuis les attentats du 7 octobre 2023, le texte organise en réalité la confusion entre antisémitisme et antisionisme, haine des juifs et critique d’Israël en tant que régime.
Dans un entretien accordé au Point, Caroline Yadan ne cache pas les arrière-pensées politiques de ce texte. Celui-ci relève « trois axes essentiels de cette nouvelle forme d’antisémitisme : l’apologie du terrorisme, la négation de l’État d’Israël et la comparaison avec la Shoah ».
Et l’ancienne militante de la Licra de détailler : « Je voulais que soient punissables toutes les références à des expressions telles que ”From the river to the sea” avec des cartes où Israël a disparu ; que Rima Hassan (l’eurodéputée insoumise – NDLR) ne puisse plus impunément estimer que le Hamas est un mouvement de résistance (ce qu’elle n’a jamais dit – NDLR) ou que l’on ne puisse plus poster sur ses réseaux sociaux un drapeau nazi accompagné d’une étoile de David. »
Des députés socialistes signataires dont François Hollande
Si le texte venait à passer, la blague de l’humoriste Guillaume Meurice comparant Benyamin Netanyahou à un « nazi sans prépuce » l’exposerait par exemple à une condamnation pénale pour antisémitisme. Caroline Yadan voit là une simple prolongation de la loi Gayssot de 1990, qui sanctionne le négationnisme : « La contestation de la Shoah est punissable, même si elle est présentée sous forme déguisée, dubitative, par voie d’insinuation ou de comparaison, d’analogie ou de rapprochement. De ce fait, la comparaison de l’État d’Israël au régime nazi serait sanctionnée comme une banalisation outrancière de la Shoah. »
Ceux qui compareraient les crimes de guerre de Tel-Aviv à ceux du Troisième Reich – argument dont on peut tout à fait douter de la pertinence – seraient jetés dans le même panier que les négationnistes comme Robert Faurisson, qui nient l’existence des chambres à gaz.
Jamais une loi n’avait limité de manière si explicite l’impossibilité de critiquer un État et sa politique. « Ce texte est une faute, tonne le député PCF Jean-Paul Lecoq. Il n’est pas possible qu’il y ait un seul État dans le monde dont la politique ne puisse être critiquée. Paradoxalement, cela contribue à faire d’Israël un État d’exception et donc à l’isoler. » La « loi Yadan » a été cosignée par 90 députés, dont 75 de la majorité (l’ex-ministre Aurore Bergé figure parmi les premiers paraphes) mais aussi 5 socialistes, dont Jérôme Guedj et François Hollande.
De quoi alimenter les tensions au sein du Nouveau Front populaire, le texte étant explicitement pensé par son autrice comme une attaque contre la France insoumise, qui « fait justement partie intégrante du problème par sa légitimation de la haine des juifs dans notre pays sous couvert d’antisionisme ».
À noter que ce n’est pas la première tentative de bâillonner les soutiens à la Palestine. En 2019, un autre député macroniste, Sylvain Maillard, avait tenté de faire adopter un texte pénalisant l’antisionisme au même titre que l’antisémitisme, mais celui-ci avait été transformé en résolution non contraignante.
Association France Palestine Solidarité 82
Rassemblement samedi 9 novembre
Montauban 11h préfecture
Gaza, Liban, stop génocide, protection du peuple palestinien.
Chaque jour, des enfants, des femmes et des hommes de Gaza meurent sous les bombes, d’épuisement, de malnutrition. Plus d’un an de bombardements, de déplacements forcés, de massacres, de génocide (plus de 43 000 morts et des dizaines de milliers de blessés),
L’objectif du gouvernement israélien d’extrême droite est clair : éradiquer le peuple palestinien de sa terre, recoloniser la bande de Gaza, expulser la population de Cisjordanie et annexer les territoires palestiniens occupés.
Au mépris du droit international, l’interdiction faite par Israël à l’UNRWA , l’organisme de l’ONU chargé des réfugiés palestiniens, de poursuivre ses activités à Gaza et en Cisjordanie est un nouveau pas dans cette entreprise de nettoyage ethnique.
Depuis plus d’un mois, Israël multiplie les bombardements et incursions contre le Liban. Plus de 1700 personnes ont été tuées et 1,3 million ont été contraintes de fuir.
Plus que jamais, la mobilisation des citoyens et citoyennes est nécessaire pour que les gouvernements se décident enfin à faire à mettre fin à l’impunité d’Israël et à exiger la cessez-le-feu au Moyen Orient.
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