Depuis quelques jours, la canicule s’est installée sur le territoire et dans les salles de classes. Ces phénomènes extrêmes se répètent régulièrement depuis quelques années et ne sont pas sans poser de problèmes pour enseigner en juin, juillet et septembre. De très nombreux enseignant.es ont partagé à la rédaction du Café pédagogique leurs conditions de travail mais aussi des solutions mises en œuvre pour lutter contre la chaleur. Tour d’horizon des possibles.

Une aération précoce

« Les employés municipaux arrivent plutôt pour ouvrir les classes et les rafraichir. Leurs horaires de travail ont été modifiés pour s’adapter à la chaleur », évoque Carine. Au collège d’Ambérieu-en-Bugey dans l’Ain, Sarah a « personnellement acheté récemment 30 éventails » qu’elle distribue à chaque heure de cours.

Quelles pratiques pédagogiques ?

« J’ai essayé d’adapter mes pratiques au mieux :  plus de temps calme, moins de sport par exemple. Les enfants ont le droit d’aller plus régulièrement boire de l’eau et aller aux toilettes », affirme Léa, enseignante à Morsang-sur-Orge dans l’Essonne. « J’autorise également que les enfants se mouille le visage et les bras de temps en temps ». De son côté Printemps a opté pour « des activités de peinture, de chant ou jeux divers en maternelle ». Le mouillage de casquettes est aussi assez répandu, quelques fois c’est même au jet d’eau qu’agissent les enseignant.es.

Claire enseigne à Martigues : « les matières maths et français sont faites le matin, autant pour la concentration que pour les températures ». « J’ai favorisé les activités collectives orales pour garder un peu de dynamique », souligne Karine. D’autres allègent les journées avec des séquences plus courtes et finissent avec un documentaire. Fabrice enseignant de SVT au lycée en Auvergne en profite même pour relever les températures dans différentes salles au cours des mois de septembre, mai, juin et notamment durant les épreuves. Son tableau contenant 3 années de mesure est accessible en ligne.

Enfin, Véronique, enseignante dans le Lot-et-Garonne, a allégé travail prévu et effectue des pauses régulières : « classe en extérieur à l’ombre, avec séances autour de l’eau, des états de l’eau ». Certain.es font cours directement au sol, sur le béton. Pour Catherine, une partie des cours a lieu dans le couloir. « Les enfants sont moins aptes à travailler (fatigue, agitation, peu de concentration…). Certains ont pu se sentir mal (sensation de malaise) », relève Elodie, enseignante à Achères dans les Yvelines.

Un maître mot : la végétalisation

« Un toit végétalisé avait été mis sur un bâtiment », nous explique Tania, enseignante dans une école parisienne. « Mais avec le temps actuel, et l’absence d’arrosage de ce toit et l’absence de pluie, la végétation sèche rapidement ». Certaines collectivités font le choix de désimperméabiliser la cour de récréation.

« Nous avons tout de même la chance d’avoir deux cours de récréation séparées par un bout de pinède, les enfants sont donc à l’ombre des pins après manger le temps d’une retour au calme », précise Claire.

Il ressort des message qu’une grande majorité d’enseignant.es apporte leur propre matériel : ventilateur, spray, brumisateurs… « Soyons honnêtes, un ventilateur par classe ne sert pas à grand-chose, à part brasser de l’air sur le petit groupe de 6, placé à proximité », résume Jeanne, enseignante en moyenne section à Nice. Dans la cour d’école de Cécile : « la municipalité a mis en place un système de brumisateur sous le préau ». La présence de ce système dans plusieurs écoles permet un rafraichissement des enfants qui sortent de la classe toutes les 30 minutes.

Quand les familles s’en mêlent, les choses avancent…

Certaines classes ont des ventilateurs de plafond, plus rare, des climatiseurs. Ces derniers font baisser en moyenne de 3 °C la température des pièces remplies d’élèves. De l’avis de la majorité des enseignant.es ayant répondu, les brise-soleils, films, stores ou autres rideaux n’ont que peu d’effets sur la température.

Dans la cour de Jennifer, il y a 2 tonnelles de 5m x 5m pour « faire un peu d’ombre ». Dans une autre école à Nîmes, il y a une zone  » refuge » climatisée : la cantine, mais accessible l’après-midi à partir de 14h, pour les 4 classes de maternelle et les 6 classes d’élémentaire. « Les 2 dortoirs sont climatisés », nous affirme Valérie.

Il ressort aussi des centaines de courriels reçus que les mairies sont plus enclines à investir pour l’école quand les demandes des enseignant.es sont appuyées par celles des familles.

Les fiches RSST (registre santé sécurité au travail)

Compte tenu des conditions de travail et des problèmes engendrés, beaucoup d’enseignant.es remplissent une fiche RSST qui permet de signaler une situation anormale ou susceptible de porter atteinte soit à l’intégrité physique et la santé des personnes, soit à la sécurité des biens.

En parallèle des nombreux endormissements et des maux de tête, les cas de malaises ne manquent pas en cas de fortes chaleur. « D’autres pays européens sont bien plus attentifs à ce sujet », indique Patrick. D’ailleurs, cet article du Café pédagogique relayait en septembre 2023 les initiatives prises en Allemagne.

Une majorité d’enseignant.es suit aussi avec inquiétude la révision annoncée des rythmes scolaires. « Nous redoutons également, au vu des conditions actuelles, un allongement de la période scolaire début juillet ou fin août », conclut Stéphane, enseignant à Lille.