Après la première salve de mobilisations du 10 septembre, et à quelques jours de l’appel à la grève du 18 par l’intersyndicale, la secrétaire générale de la CGT était l’invitée de l’Agora de la Fête de l’Humanité, ce samedi 13 septembre. « Tous en grève dans votre boîte le 18 septembre car il faut enterrer le budget dans le musée des horreurs », a lancé la syndicaliste.

C’est sous les applaudissements que la secrétaire générale de la CGT a débarqué sur la scène de l’Agora de la Fête de l’Humanité, samedi 13 septembre. Et Sophie Binet n’a pas perdu une minute. Elle a attaqué bille en tête sur la question du moment, celle de la nomination par Emmanuel Macron d’un autre de ses fidèles à Matignon alors même que sa politique est décriée à l’Assemblée mais aussi dans la rue.
« Nous sommes dans un moment où l’histoire sociale s’accélère. Macron pourra changer de premier ministre autant qu’il veut, il n’arrêtera pas le mouvement. Tous en grève dans votre boîte le 18 septembre car il faut enterrer le budget dans le musée des horreurs », a-t-elle lancé au public alors que Sébastien Lecornu a entamé des « consultations » des forces politiques mais aussi syndicales pour tenter de sauver ce qui peut l’être du plan d’austérité à 44 milliards de François Bayrou.
« Cette réforme des retraites est comme le scotch du capitaine Haddock »
Alors que le mouvement « Bloquons tout » a déjà réuni 250 000 dans diverses actions mercredi dernier, la syndicaliste brosse les enjeux de la prochaine journée de grève à l’appel de l’intersyndicale reconstituée pour l’occasion. Et ils sont nombreux.
« Le 18 et après, on veut gagner de l’argent pour nos services publics », commence-t-elle alors que l’ex-premier ministre, François Bayrou, prévoyait des milliers de suppressions de postes dans la fonction publique et une purge pour les services publics. « Ce n’est plus possible que nos hôpitaux soient à l’os, que nos écoles et nos universités ne puissent plus fonctionner. Il faut des moyens pour nos services publics », a scandé Sophie Binet.
Mais ce n’est pas tout. « Le 18, on va gagner l’abrogation de la réforme des retraites, cette réforme qui ne passe pas, qui ne passera jamais. On va exiger l’augmentation des salaires et des pensions. Et le 18, on va aussi exiger l’arrêt des licenciements parce que depuis un an la CGT a recensé 450 plans de licenciements dans le pays, ça n’est pas possible que ça continue comme ça », a martelé la cégétiste sous une salve d’applaudissements.
Et d’interroger : « Pourquoi est-ce qu’Emmanuel Macron a été obligé de sacrifier trois premiers ministres en un an ? Parce qu’il est passé en force avec la réforme des retraites ». D’ailleurs, pour Sophie Binet « cette réforme des retraites est comme le scotch du capitaine Haddock » et « Emmanuel Macron n’arrive pas à s’en détacher et donc, nous, notre message est très simple : Il n’arrivera jamais à s’en détacher ».
« Ce n’est plus possible d’avoir un ministère de l’Industrie transformé en ministère des licenciements »
Elle a aussi livré un autre message à l’intention du président de la République : « Tant qu’on aura un pouvoir qui continuera de piétiner les droits des travailleurs, de ne pas répondre aux exigences sociales, quel que soit le contexte institutionnel, il faudra se mobiliser pour le mettre sous pression de la rue », prévient-elle mettant également en garde contre la menace de l’extrême droite. Car, estime-t-elle, « le jour où les patrons vont sentir que Macron c’est fini, ils vont se réorganiser. Ils sont déjà en train de le faire autour de Bardella et de l’extrême droite ».
La cégétiste sait également ce qu’elle dira à Sébastien Lecornu qu’elle doit rencontrer lundi : « Ce n’est plus possible d’avoir un ministère de l’Industrie qui est transformé en ministère des licenciements. » Et alors que la bataille du budget s’annonce, elle n’est pas plus tendre avec Bercy : « On n’a pas besoin d’avoir à Bercy des gens qui versent des larmes de crocodile sur les plans de licenciements et qui nous resservent les mêmes arguments que ceux qui sont sortis par nos patrons à Bercy. On a besoin d’un État stratège qui utilise les aides publiques comme levier pour agir sur le capital au lieu de signer des chèques pour subventionner les plans de licenciements ».
Elle se rendra donc à Matignon avec ses revendications, notamment sur les aides aux entreprises. Alors que le rapport du sénateur communiste Fabien Gay, par ailleurs directeur de l’Humanité, a établi que 211 milliards d’euros d’aides publiques leur avaient été versés, en 2024, sans contrôle ni contrepartie, Sophie Binet estime « qu’il faut fonctionner par en bas et qu’il faut garantir un contrôle social sur les aides publiques ». Et « centrer ces aides sur les secteurs qui en ont besoin, les petites entreprises, les secteurs exposés » alors qu’« aujourd’hui c’est la grande distribution et les grandes entreprises qui en bénéficient le plus ».
Alors comment faire aboutir les revendications du mouvement social face à un exécutif qui s’acharne à maintenir sa politique coûte que coûte ? « Le 10 septembre, ce qui a marché, ce sont les grèves et les rassemblements », estime Sophie Binet dont le syndicat avait appelé à soutenir la journée d’actions. « Je veux tordre le cou à ce discours sur le fait que les syndicats, ça gagne plus, ça ne sert à rien. Il y a eu 10 fois plus de personnes dans les manifestations en 2023 qu’en 2018-2019 », poursuit-elle en concluant sur un message d’encouragement : « Depuis 8 ans qu’Emmanuel Macron est président de la République, il n’a jamais été seul aussi seul. Il n’a jamais été aussi isolé. Même s’il y a parfois des moments d’abattement, c’est le moment de relever la tête parce qu’on est dans un moment d’accélération où on peut prendre la main ». A en juger par les applaudissements, le peuple de la Fête, lui, est convaincu.
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