
Des absences plus longues et difficiles à remplacer
En 2023, les enseignants ont été absents en moyenne 9,3 jours pour raison de santé. À titre de comparaison, la moyenne est de 12 jours pour l’ensemble de la fonction publique et 10,3 jours dans le secteur privé, bien que le nombre de semaines travaillées diffère. Les temps partiels thérapeutiques, souvent accordés pour trois mois et pouvant être renouvelés, sont particulièrement difficiles à remplacer. Leur recours a été facilité depuis 2021 grâce au décret n° 2021-997 du 28 juillet 2021. Ce décret a notamment permis que la prescription soit faite par le médecin traitant plutôt que par le médecin du travail, a supprimé la condition d’arrêt maladie préalable et a prévu la reconstitution des droits après un an.

Une tendance générale à la hausse depuis 2019
Depuis 2019, la hausse des absences pour raison de santé suit la tendance observée dans l’ensemble de la population salariée française. La pandémie de Covid-19 a accentué celle-ci, notamment en raison de l’augmentation des troubles psychologiques. Toutes causes confondues, le taux moyen d’absence des enseignants du second degré public était de 4,4 % en 2022-2023 et de 4,6 % en 2024-2025, soit une progression de 0,2 point en un an. Entre 2018-2019 et 2023-2024, les besoins de remplacement de longue durée ont augmenté de 15 %, avec un tiers des académies où l’évolution a été supérieure à 30 % : Aix-Marseille, Amiens, Clermont-Ferrand, Grenoble, Montpellier, Nancy-Metz, Poitiers et Reims.
« La part des enseignants absents au moins un jour au cours d’une semaine donnée pour raison de santé est passée de 2,6 % en 2018 à 4,1 % en 2023 », souligne la Cour des comptes. Cette progression s’ajoute aux difficultés de recrutement, matérialisées par 13 % de postes non pourvus dans le second degré public à la rentrée 2024, avec des disparités selon les disciplines.
Une politique de prévention insuffisante
La Cour des comptes juge que le ministère n’a pas mis en place de politique de prévention structurée pour protéger les enseignants. « Les principes généraux de la prévention définis dans le code du travail (article L. 4121-2) s’appliquent au ministère de l’éducation nationale pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs », rappelle la Cour.
Pourtant, le contrôle des arrêts maladie, qui pourrait passer par des contre-visites médicales, est quasiment inexistant. Selon le ministère, « la pénurie de médecins en général et de médecins du travail en particulier rend particulièrement difficile l’organisation de la médecine de prévention dans la fonction publique et à l’éducation nationale ». Aujourd’hui, 77 médecins du travail sont en poste pour 1 193 378 agents, dont 900 000 enseignants. De plus, chaque académie n’a qu’un seul inspecteur santé et sécurité au travail, certaines ne disposent pas de conseillers prévention académiques, et 10 % des circonscriptions n’ont aucun assistant de prévention.

Les risques psychosociaux, une menace majeure
Les risques psychosociaux (RPS) sont largement sous-estimés alors qu’ils sont à l’origine de nombreux troubles, absences et conflits au travail. Au ministère de l’éducation nationale, les RPS représentent 35 % des signalements dans les registres « santé et sécurité au travail » et « danger grave et imminent ». Ces registres pourraient être mieux exploités pour élaborer un plan d’action ministériel, décliné au niveau académique.
Vieillissement du corps enseignant et enjeux futurs
Le vieillissement de la population enseignante constitue un défi majeur. « La forte hausse du nombre d’enseignants de plus de 50 ans, davantage sujets aux absences longues, aux maladies professionnelles et aux accidents du travail, nécessitera une politique de prévention et d’accompagnement RH spécifique, en particulier pour aménager les fins de carrière », avertit la Cour.
Cette évolution démographique entraînera des départs massifs à la retraite. Si 6 % des enseignants ont plus de 60 ans en 2025, ils seront 16 % en 2035, ce qui accentuera les besoins de remplacement et nécessitera une anticipation des politiques RH.
Djéhanne Gani

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