À la Stef, cinq semaines de grève pour vivre enfin de son travail… in l’Humanité

Le 14 janvier à Montbartier. Les employés demandent une requalification de certains métiers et une revalorisation des majorations de nuit.
Les salariés du spécialiste du transport et de la logistique du froid de Montbartier, dans le Tarn-et-Garonne, ont cessé le travail depuis le 16 décembre. Ils exigent des hausses salariales et dénoncent les méthodes de la direction.

C’est une très longue grève. À Montbartier, dans le Tarn-et-Garonne, le mouvement des salariés de la Stef atteint aujourd’hui son 35e jour. Le 16 décembre 2020, les femmes et les hommes de la plateforme logistique – qui centralise les produits frais et les surgelés avant de les expédier vers les magasins Intermarché – ont cessé le travail, excédés par des salaires de misère et des lourdes tâches de manutention qu’il faut exécuter toujours plus vite.

« Après cinq années d’ancienneté, je gagne 1 250 euros net par mois, raconte Cindy. J’embauche à 13 heures, mais je ne peux pas quitter mon travail avant 22 heures ou 22 h 30. Je n’ai pas de soirée ! » Kevin n’est pas mieux loti. Recruté d’abord en intérim puis en CDI depuis juillet 2020, ce manutentionnaire dénonce les conditions de travail. « J’arrive sur place à 11 h 30, mais je ne peux pas partir, en moyenne, avant 20 heures. Il m’est arrivé de rester jusqu’à 23 heures. Les chefs font aussi pression pour qu’on travaille six jours sur sept. On nous en demande toujours plus », confie-t-il. Le mouvement revendique aussi de véritables augmentations sur la feuille de paye : selon les salariés de la Stef, ils perçoivent 100 à 300 euros de moins que leurs homologues d’entreprises identiques, basées elles aussi dans le secteur de Montbartier. Autre réclamation : que cessent les pressions de la part des chefs pour travailler toujours plus et toujours plus vite.

Depuis cinq semaines, les chasubles jaune et bleu de la plateforme ne passent pas inaperçues dans le Tarn-et-Garonne : tractage auprès des clients d’un magasin Intermarché, rassemblement devant la préfecture à Montauban… La lutte s’est aussi prolongée dans les locaux de l’inspection du travail, le 28 décembre, avant que d’imposantes forces de police viennent vite en déloger les occupants.

Conséquence de la grève, les clients des magasins Intermarché ont trouvé des rayons vides, surtout pendant les fêtes de fin d’année. Rien n’indique, pourtant, que cette enseigne de la grande distribution demande à la Stef, son sous-traitant, de mettre fin à la mobilisation. De son côté, la direction de la plateforme logistique semble jouer le pourrissement du conflit, et les négociations avec les salariés grévistes s’avèrent très sporadiques. Et les dirigeants n’hésitent pas à recourir à des méthodes musclées. Des vigiles, avec un chien, ont été embauchés pour surveiller le site jour et nuit, ce qui a provoqué un face-à-face tendu avec les grévistes. De source syndicale, le puissant groupe Stef, présent dans toute la France, cherche également à entraver la grève en recrutant des intérimaires, en mutant à Montbartier des manutentionnaires venus d’autres sites. Le 7 janvier, la direction pensait même remporter une bataille en lézardant l’intersyndicale. La section FO s’est en effet retirée du mouvement après avoir obtenu, d’après ses calculs, une augmentation de 42 euros net par mois (51 euros pour certains opérateurs).

« J’irai jusqu’au bout ! »

Mais, dans les faits, très peu de salariés ont arrêté la grève. Et la CGT, syndicat majoritaire, poursuit le mouvement, ne se contentant pas des modiques sommes lâchées par la direction. Objectif : une augmentation de 150 euros brut mensuels. « J’irai jusqu’au bout ! » s’écrie Kevin. Comme lui, comme Cindy, beaucoup de salariés ont rejoint la CGT, que cette lutte semble renforcer.

Lundi matin, les grévistes tenaient une assemblée générale dans les locaux de l’union départementale de la CGT à Montauban. Principale décision, le mouvement est reconduit. Mais ce très long conflit, qui ne semble pas se débloquer, pousse plusieurs salariés à envisager des moyens extrêmes : certains envisagent même une possible grève de la faim. L’assemblée générale a tout de même appris une bonne nouvelle : les négociations doivent reprendre ce mardi, avec la présence d’un dirigeant national du groupe Stef et, de l’autre côté, d’un responsable de la fédération CGT transports et logistique. « Mais les négociations auront-elles vraiment lieu ? » s’interroge un syndicaliste, échaudé par cinq semaines de mobilisation acharnée. La situation, semble-t-il, se débloquera au niveau national.

Le scandale de la pénurie de vaccins… et comment Sanofi pourrait aider à y remédier

En vertu de l’état d’urgence sanitaire, le gouvernement français a la possibilité, de procéder à la «  réquisition de biens ou de services ». © Kay Nietfeld/Pool via Reuters

En vertu de l’état d’urgence sanitaire, le gouvernement français a la possibilité, de procéder à la « réquisition de biens ou de services ». © Kay Nietfeld/Pool via Reuters

La pénurie menace les campagnes de vaccination partout dans le monde. Face à ce spectre, la question d’une mutualisation globale commence à s’imposer. Sanofi pourrait tout à fait participer, mais cela demande une décision politique.

Nul n’a pu oublier l’image convoquée par Emmanuel Macron au printemps dernier. « Nous sommes en guerre », avait asséné le chef de l’État face à l’explosion de la pandémie due au nouveau coronavirus. Une image pas forcément très heureuse, mais elle prend aujourd’hui un sens plus macabre encore : les Français, comme beaucoup d’autres, évidemment, à l’échelle planétaire, vivent une phase de rationnement sévère. Les vaccins contre le Covid-19 existent : ils ont été mis au point grâce au travail de recherche mené dans des laboratoires publics pendant des décennies et aux montagnes de fonds publics pour le développement, les essais cliniques, la logistique, etc. Ils existent, mais les laboratoires qui, comme Moderna ou BioNTech, ont remporté la course de vitesse, sont en fait incapables de les produire à la hauteur des besoins.

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