Gauche. Face aux pièges du « 21 avril », chacun sa route pour 2022

11 décembre 2019, meeting unitaire contre la réforme des retraites. De gauche à droite : Éric Coquerel, député FI, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, et Julien Bayou, secrétaire national d’EELV. C. Bitton/Divergence

11 décembre 2019, meeting unitaire contre la réforme des retraites. De gauche à droite : Éric Coquerel, député FI, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, et Julien Bayou, secrétaire national d’EELV. C. Bitton/Divergence

À quinze mois de l’élection présidentielle, le chemin pour éviter une troisième élimination de la gauche au profit de l’extrême droite est étroit. Partis et potentiels candidats avancent, pour l’instant, suivant leur propre scénario.

Après le séisme politique de 2017, pourra-t-on échapper au tsunami en 2022 ? La question taraude à gauche. Il faut dire que, entre la pandémie, la crise économique et sociale et la démocratie mise sous cloche, la situation est particulièrement brouillée. Dans les partis ou mouvements, chacun à gauche avance sur son script pour éviter un scénario funèbre où Emmanuel Macron et Marine Le Pen se partageraient à nouveau les premiers rôles. La partition sera-t-elle suffisamment harmonieuse ? À un peu moins de quinze mois de l’élection présidentielle, c’est peu dire que le point de départ annonce une course difficile.

« Dans nos enquêtes, quel que soit le scénario testé, on a une élimination de la gauche, un troisième 21 avril dans un contexte où une très nette majorité de Français, de l’ordre de 70 %, ne veut pourtant pas de ce scénario », relève le directeur général adjoint de l’Ifop, Frédéric Dabi. Sans compter que, après un quinquennat catastrophique, la digue Macron pourrait finir par céder. « Une enquête d’intentions de vote, prévient-il, n’est pas une prédiction, ni une prophétie, c’est un rapport de forces à un moment donné. »

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« La République s’est lepénisée » : entretien avec le sociologue Ugo Palheta

 

Auteur de « la Possibilité du fascisme », Ugo Palheta estime que, si les « sondages ont pour fonction d’encadrer le débat », le plafond de verre pour le Rassemblement national n’existe pas pour autant. Entretien.

Un sondage non publié a donné Le Pen et Macron au coude-à-coude en cas de second tour de l’élection présidentielle. Existe-t-il un risque réel que le RN parvienne au pouvoir en 2022?

Ugo Palheta

Ugo Palheta © Alain Jocard/AFP

Pour l’instant, ces sondages sont très abstraits, notamment parce qu’on ne connaît pas encore toutes les forces politiques en présence pour la présidentielle. En outre, ces sondages ont pour fonction d’encadrer le débat, comme l’avait montré Bourdieu ; ils nous conditionnent psychologiquement à n’envisager qu’un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Cela dit, le FN puis le RN ont progressé énormément dans la dernière décennie. Ils sont passés en quinze ans, entre 2002 et 2017, de 18 % à 34 % au second tour de la présidentielle. Par ailleurs, leurs idées se sont banalisées dans l’espace médiatique, pas seulement sur les réseaux sociaux et Internet, mais sur les chaînes d’information en continu ou les radios de grande écoute, où l’on n’a jamais vu autant de chroniqueurs d’extrême droite, Éric Zemmour n’étant que l’arbre dissimulant la forêt. Continuer la lecture de « La République s’est lepénisée » : entretien avec le sociologue Ugo Palheta