Reconnue coupable de détournement de fonds publics, l’édile LR devient inéligible. Son départ de la mairie, après vingt ans de surenchère droitière, marque un tournant.
Cinq ans d’inéligibilité avec effet immédiat, 12 mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende. Brigitte Barèges a été hier reconnue coupable de détournement de fonds publics par le tribunal de Toulouse. La maire LR de Montauban a puisé dans le budget municipal pour rémunérer Jean-Paul Fourment, chargé d’écrire dans le Petit journal, publication locale, des articles dithyrambiques pour elle et très virulents envers son opposition de gauche. Ce dernier a été condamné à 10 mois de prison avec sursis. Alain Paga, patron du Petit journal, écope d’une amende de 5 000 euros en plus des 10 mois de prison avec sursis. Seul Stéphane Bensmaine, ancien directeur de cabinet, est relaxé. À la demande de trois élus d’opposition, la ville de Montauban sera partie civile.
Les quatre prévenus étaient absents à la lecture du jugement. « Nous ferons appel », a simplement lâché l’avocat de Brigitte Barèges, Me Forget. Or l’appel n’est pas suspensif et, en attendant une nouvelle décision judiciaire, sa cliente ne peut exercer le moindre mandat. Exit l’écharpe de maire, la présidence du Grand Montauban et le mandat de conseillère départementale. Adieu sa candidature aux prochaines élections départementales.
Plusieurs adjoints de Brigitte Barèges peuvent ambitionner de lui succéder. Mais celle-ci avait fortement personnalisé la fonction et, avec son départ forcé, il n’est pas sûr que la politique municipale se poursuive à l’identique. « Une page se tourne à Montauban, se félicite Rodolphe Portoles, élu PCF. La justice rappelle que les élus doivent être exemplaires dans l’utilisation de l’argent public. » Pour Arnaud Hilion (PS), aussi, « c’est la fin d’un cycle ». « Contrairement à ce que dit madame Barèges, ce n’est pas une cabale politique. Les faits sont avérés », insiste également Jeannine Meignan (Montauban citoyenne).
L’ex-maire n’en était pas à son coup d’essai. Déjà en 2014, après les élections municipales, elle frôle l’inéligibilité, ses comptes de campagne ayant été rejetés par le tribunal administratif. En appel, le Conseil d’État confirme « les irrégularités » mais considère qu’elles ne sont pas assez graves pour démettre l’élue de ses fonctions.
Brigitte Barèges ose tout et c’est même à ça qu’on la reconnaît
Parmi les mauvais coups, un a marqué les esprits en mai 2019. En pleine nuit « BB » fait changer les serrures de la maison du peuple, jetant ainsi à la rue syndicats et associations qui occupaient le lieu. Le mois suivant, en pleine canicule, elle s’oppose à l’ouverture d’un centre d’accueil pour personnes sans abri, financé par la Fondation Abbé-Pierre. Dans la ville des Tontons flingueurs, Brigitte Barèges ose tout et c’est même à ça qu’on la reconnaît.
Elle se fait aussi remarquer par ses prises de position toujours plus à droite. En 2011, lors du débat sur le mariage pour tous, elle déclare : « Et pourquoi pas des unions avec les animaux ? Ou la polygamie ? » La même année, pour lutter contre le chômage, elle préconise « la préférence nationale ». Sa xénophobie s’exprime aussi lorsque, à trois rentrées scolaires successives, elle refuse d’inscrire à la cantine et aux activités périscolaires les élèves étrangers.
Ironie, Brigitte Barèges, aujourd’hui condamnée pour détournement de fonds publics, avait créé en 1994, avec le juge Thierry Jean-Pierre, le Forum démocratie justice. Avec le but affiché de lutter contre la délinquance politico-financière.
NDLR de MAC: quelques minutes après l’annonce du verdict, le Maire RN de Moissac signait la convergence des droites en mettant en ligne le post ci-dessous (copie d’écran) validant ainsi l’axe Ménard-Barège-RN/FN.
Chiche qu’il participe à la manifestation de soutien à son mentor local ce samedi. Se voulant légaliste, il piétine les décisions des magistrats au mépris de la justice de notre pays!
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