Culture à Moissac: Prise de Parole durant le rassemblement

NDLR de MAC: à l’appel du PCF et dans le cadre du CODEX 82 ( ATTAC 82, CGT 82, FSU 82, LDH 82, Montauban Citoyenne, PCF 82, NPA 82, FI 82, RESF 82, Solidaires 82, Union Antifasciste 82) le rassemblement a réuni plus d’une centaine de personnes pendant que l’association MCV tenait son assemblée générale. Le courage des élus de la majorité municipale est tel, qu’aucun d’entre-eux ne s’est rendu à cet AG. Une lâcheté qui évitait de répondre aux avanies égrenées par M. Lopez dans les colonnes du Petit Journal. Sur que de nombreux membres de MCV avaient des questions à poser à la hauteur de leur mécontentement. Par ailleurs, M. Lopez a la culture particulière, il propose via l’association « L’art s’invite à Moissac » des prix (de 300 à 1200 euros) pour un concours de peinture et de sculpture lors de la « fête du Chasselas ». Ethno-local et mercantile avec ça!

Mme Catherine Philippe, secrétaire départementale du PCF82:

L’action n’est pas le nombre mais il fallait marquer le coup, il va de notre dignité et de nos valeurs de citoyennes et citoyens pour aujourd’hui et pour demain.

Depuis des mois, la culture se résume à Netflix ou Amazon sur nos canapés, puisque la culture à contrario de l’activité économique, ne relève pas de l’essentiel pour nos dirigeants..

Depuis des mois, plus de théâtre, …. plus de concert, … plus de salle obscure, … plus de musée, … plus d’exposition,  … plus de festival car au nom de la crise sanitaire, nous sommes privés de ce que, pourtant nombre d’entre nous, considérons comme indispensable.

Ce ne sont pas quelques pièces de théâtre ou concert diffusé via le net qui remplaceront le spectacle vivant … une salle remplie d’hommes et de femmes partageant dans une même communion un spectacle avec des artistes sur scène ou une émotion devant une œuvre dans un musée.

Depuis des mois, les artistes, les techniciens du spectacle sont touchés de plein fouet , comme,  par ailleurs de nombreux salariés, par cette crise sans avoir de réelles perspectives de reprise d’activité puisque le gouvernement Macron et singulièrement sa ministre de la culture Roselyne Bachelot restent bien taiseux sur la question.  A cela, s’ajoutera prochainement la réforme de l’assurance chômage, un tsunami qui viendra dans sa mise en œuvre aggraver les inégalités et pénaliser les plus fragiles ajoutant ainsi de la précarité à la précarité.

Face à cette situation, aux coups terribles portés à l’ensemble de la vie culturelle et artistique la logique aurait voulu que partout dans notre pays, les élus soutiennent le combat des actrices et acteurs culturels dans leur diversité. Force est de constater qu’ils sont bien peu nombreux aux côtés de celles et ceux qui luttent aujourd’hui à travers notamment l’occupation des théâtres.

C’est pourquoi, nous appelons à nous retrouver cet après-midi nombreuses et nombreux aux côtés du Collectif Art Culture 82 à partir de 14 heures à la préfecture de Montauban.

Il y a des années en arrière, à Montauban, une maire, nouvellement élue, de droite extrême, presque disparue aujourd’hui et c’est tant mieux, décidait de s’en prendre à l’Association Chant Libre qui participait à la programmation du théâtre et notamment au festival Carambole en direction des enfants. Puis quelques années plus tard, elle porta un nouveau coup en mettant fin au soutien de la municipalité au festival « alors chante » qui était pourtant une aventure artistique unique de grande qualité, reconnu nationalement et qui permis à tant de jeunes artistes devenus connus aujourd’hui de faire leurs premiers pas. Dans le sillage de la chute de « Alors Chante » suivait le festival de jazz à Montauban.

Brigitte Barèges signait ainsi sa volonté de mettre la main sur la culture par la mise à l’écart des associations. Elle confiait alors à des groupes privées de programmation les spectacles d’été comme son festival Montauban en Scène.  Même si nous n’avons rien contre les artistes de qualité qui s’y produisent, pour autant ce sont bien les « tourneurs » qui finalement propose aux municipalités les mêmes artistes, ceux qui sont bancable comme on dit … et laisse un arrière-goût d’uniformité. En tout état de cause, force est de constater que ce n’est pas la tenue d’un festival qui inscrit une ville dans une politique publique culturelle ambitieuse.

Dans ce contexte aggravé par la crise sanitaire, l’histoire dans notre département se reproduit … ici à Moissac !

Aujourd’hui, la posture du maire du rassemblement national a, de fait, laisser aucun autre choix aux initiateurs d’un festival, en l’occurrence le Festival des Voix que de mettre fin à une trentaine d’année d’une aventure qui a permis à tant de Tarn et garonnais la découverte d’artistes singuliers, de ceux qui font rarement la une des émissions télévisées.

En voulant contrôler, surveiller, sans en avoir l’air, l’activité culturelle déployée par l’engagement et le dynamisme de citoyens et citoyennes, il ne leur a pas laissé d’autre alternative que de poursuivre sous d’autre formes et ailleurs cette belle aventure.

Cette décision, certes prise en commun, de mettre un terme à ce partenariat vient affaiblir le champ de la création à Moissac puisque, déjà, il y a peu la compagnie Arène Théâtre s’était vu privée de subvention et de résidence par le maire lepéniste de la cité.

Des hasards ? Nous n’y croyons pas. Comme à chaque fois que l’extrême droite, car il faut nommer un chat un chat, accède à des responsabilités, les premiers coups portés, le sont, envers les activités culturelles et les associations humanitaires. Moissac en est une démonstration de plus.

Et pourtant, nous sommes nombreux ici réunis à avoir été enchantés par ces voix venus du monde entier,  à avoir dansé sur des rythmes endiablés, à avoir été enchanté par des spectacles de grande qualité sans se soucier d’ailleurs de savoir si les artistes se produisant étaient de droite ou de gauche, car, rappelons-le à Romain Lopez, la création artistique n’est ni de droite ni de gauche comme il semble le penser.  Elle n’est aucunement au service d’un parti, d’une idéologie mais donne à voir, contester et réfléchir le monde.

Nous sommes pour la liberté totale de créations d’activités artistiques et culturelles car ce sont elles qui sont véritablement émancipatrices, capables de favoriser le vivre ensemble. Pour cela, les élus quelque soient leurs étiquettes ne doivent pas avoir la main mise sur les choix artistiques et culturels.

Dénonçons également ses propos démagogiques, populistes et insultant à l’encontre des ouvriers, des agriculteurs et des immigrés de Moissac  alors que chacun sait que nous nous battons pour l’accès de tous à la culture quel que soit sa situations sociale ce qui est l’opposé des valeurs et des objectifs du rassemblement national.

A Moissac, comme ailleurs, nous restons attentifs à la liberté pour les artistes, pour les créateurs, pour les programmateurs de concevoir et diffuser les œuvres et les pratiquent culturels qu’ils souhaitent.

Pour terminer laisser moi cité quelques phrases de Félix Castan, auteur, poète, organisateur de festivals pendant plus de quarante ans à Mntauban qui écrivait dans son ouvrage « Le vouloir d’une ville » en 1992.

« La culture à coups sûr n’a pas tous les droits , mais elle n’a que des droits, elle n’a pas de devoirs envers les pouvoirs. Les pouvoirs politiques n’ont que des devoirs de soutien à son égard, et aucun droit ».

Et d’ajouter :

« La culture, à vrai dire, a des devoirs , mais non pas vis-à-vis d’autrui, seulement vis à vis d’elle-même doit d’être  intraitable sur ses objectifs, sur ses démarches, sur ses choix.… Il appartient aux acteurs culturels (réalisateurs, organisateurs et critiques) de débusquer par les moyens qui sont les leurs les brebis galeuses, d’affirmer leur indépendance par rapport aux politiques , aux médias, aux groupes de pression, ainsi qu’aux tentations populistes ».

Merci pour votre attention!