Comment retrouver une école dans un village, au cœur d’une ville ? Facile me direz-vous… Dans un village, on cherche la mairie et on trouve l’école. En effet, les premières écoles publiques ont très souvent été construites attenantes aux mairies.
Dans une ville, selon son importance, la tâche semble plus délicate. Mais non, facile là encore ! On cherche les plus hauts grillages, les quelques arbres qui ont singulièrement grandi depuis la naissance des écoles et on la trouve !
Remarquez, les clôtures, les arbres identiques et les surfaces asphaltées, on les repère partout aujourd’hui dans les cours d’école. Il faut dire quand même que ce n’est pas mal ! C’est sûr, c’est sécurisé, c’est aseptisé (encore que!?), les enfants reviennent propres le soir (exceptés quelques pantalons déchirés).
Ah j’oubliais : le carré de sable ! Le fameux bac à sable qui, là aussi, aux sacro-saints noms de l’hygiène et de la sécurité, ont progressivement disparu des cours d’école ! Mais quand va t-on arrêter cela ?
À l’heure où l’urgence d’un changement d’attitude écologique et responsable semble interpeler les consciences, où l’on reboise les espaces après les avoir rasés, où l’on replante des haies dans les campagnes après les avoir faites disparaître au nom du rendement agricole, quand redonnera-t-on aux cours d’école leur bon air d’autrefois, accueillant et épanouissant ?
Durant ma carrière d’enseignant, j’ai eu la chance de travailler au sein d’une école ouverte. Super ! Enfin un peu d’herbe, des arbres avec d’énormes racines, des ouvertures vers le parc adjacent, une cour avec des hauteurs et des espaces différents. Et bien, qu’est-il arrivé ? Fermeture de la cour par un beau et grand grillage sous l’impulsion de l’Éducation nationale intimant l’ordre à la municipalité. J’ai également eu la chance de démarrer une nouvelle école publique (et oui, cela se produit encore…). La grande bataille à l’ouverture de celle-ci fut de maintenir une grande zone herbée adjacente à la belle cour bitumée. Et mieux encore! Éviter le grillage entre les espaces maternelle et élémentaire. Le grand talus prévu initialement, par contre, a disparu durant les vacances précédant la rentrée scolaire. Quel ravissement de voir les petits aller voir la grande sœur ou le grand frère à la récréation, et inversement, le grand allant jouer avec les petits. Puis le plaisir de mettre en place au fur et à mesure une haie bocagère autour de l’école et de déguster les fruits de celle-ci. Je cite ces quelques exemples juste pour montrer le chemin qu’il reste à entreprendre pour expliquer que l’éducation, les apprentissages ne se réalisent pas seulement entre quatre murs d’une école mais bien aussi dans un milieu qui offre d’autres possibilités qu’une cour bitumée et grillagée hors de tout milieu naturel, de toute bio-diversité.
La joie de pouvoir circuler à nouveau en France m’a amené récemment dans un beau village de Haute Garonne. En pénétrant dans un beau parc arboré, une surprise m’attendait : une école !
De loin, on ne croit pas deviner qu’il s’agisse d’une école. Mais si ! Une école maternelle au style particulier de la région dont la brique reste reine. C’est en faisant le tour de celle-ci qu’on constate qu’il s’agit bien d’une école. Une vraie cour asphaltée clôturée de grillage, des sols amortissants verts pour les jeux de cour, un arbre trônant au milieu, etc.
Mais que voit-on tout autour de cette cour ? De beaux arbres, des buissons de toutes les formes, de l’herbe verte, de la terre … de la diversité quoi ! De quoi sans doute éveiller de nombreux enfants aux explorations dans la nature, aux escapades motrices, aux sensations diverses et variées, aux jeux naturels, à la reconnexion au fonctionnement de la nature, aux comportements responsables ! Mais non, impossible ! Ce milieu se trouve hors de l’école !? Incroyable, mais vrai !
À l’heure où l’on commence à évoquer le fait qu’il faille revégétaliser les cours d’école, le chemin à rebours risque d’être long et confronté à nombre de peurs institutionnelles et humaines. Pourtant ici, comme dans de nombreux cas d’ailleurs, il n’y aurait même pas besoin de dépenser des subsides sonnantes et trébuchantes pour apporter quelques éléments de milieu naturel. Il suffirait juste d’enlever le grillage et le muret castrateurs sur un côté de la cour et d’inclure ce milieu naturel ambiant qui ne demande qu’à accueillir un peu de vie et de joie enfantine.
À quand des cours d’école devenues des espaces de liberté et d’éducation à l’environnement, à la responsabilité ? À quand les cours d’école transformées en espaces verts, en espaces responsables? À quand une réelle formation des enfants, des jeunes aux comportements éco-responsables ? À quand une École ouverte à la vie ?
François Le Ménahèze
ex-enseignant, formateur
En savoir plus sur Moissac Au Coeur
Subscribe to get the latest posts sent to your email.