Contribution de Françoise Tardin qui soutient les candidats de « Pour un Tarn et Garonne Social, Solidaire et Ecologiste » dans le canton de Castelsarrasin.
Une crise sanitaire sans précédent pour nos générations vient de révéler la fragilité de notre société, mais aussi tout l’intérêt d’un Service Public de Santé, ainsi que du dispositif de Solidarité en matière de soins que représente la Sécurité Sociale dont nous disposons depuis 1945, date de sa création à l’initiative d’Ambroise Croizat, ministre communiste du Travail et de la Sécurité Sociale de 1945 à 1947 dans le cadre du gouvernement dirigé par le Gal De Gaulle.
Bien que la compétence « Santé » ne soit pas expressément du ressort du Conseil Départemental, il est bon de rappeler le contexte national et, de se pencher sur le fonctionnement actuel du système de soins.
La Sécurité Sociale, dont le principe est : « Chacun cotise en fonction de ses moyens et reçoit selon ses besoins », est un dispositif qui a permis depuis plus de 75 ans de permettre l’accès aux soins à toute personne sur le sol français, ce qui représente un progrès humain inestimable au regard, d’une part, de l’état de santé général de notre population, mais aussi, des conséquences financières de la maladie pour les familles modestes qui, auparavant, tombaient dans la précarité si l’un des leurs était touché.
L’épidémie a aussi rappelé l’existence d’un Service Public Hospitalier en le mettant immédiatement à disposition pour accueillir et prendre en charge les malades. Mais, en même temps, elle a révélé que cet Hôpital Public souffre d’une pénurie de moyens aussi bien humains (personnels soignants) que matériels car la politique de Santé des différents gouvernements successifs a négligé ce service public en restreignant son budget tout en le mettant en concurrence avec l’hospitalisation privée, c’est-à dire les cliniques, qui disposent de capitaux privés bien autres….fonds de pensions américains en particulier.
Nous avons applaudi les soignants en oubliant qu’ils s’épuisaient à la tâche, leur repos n’étant pas assurés faute de relèves disponibles…
Oui, ce Service Public Hospitalier mérite une plus grande attention et une plus grande reconnaissance budgétaire.
Notre hôpital intercommunal Castel-Moissac n’est pas épargné par ses restrictions depuis plusieurs années : elles se sont traduites par des suppressions d’activités : la maternité d’abord, puis la fermeture des urgences la nuit, le non-remplacement de chirurgiens, la globalisation des moyens humains dans le cadre du GHT dont le but est bien d’optimiser l’efficacité des services tout en réduisant les effectifs, donc, de réduire les coûts de fonctionnement. Hélas, compenser les coûts de déplacement Montauban- Moissac ou faire appel à des intérimaires coûteux anéantit les économies souhaitées. Et maintenant, nous voyons se profiler un projet de construction de « super hôpital » hors des murs de Montauban alors qu’il n’y a pas de réponse véritable pour satisfaire les besoins de Moissac. Devons-nous accepter d’être les oubliés de la santé, Messieurs les élus locaux, en particulier futurs élus départementaux ?
Si l’hôpital souffre, si ses Urgences sont très sollicitées, c’est aussi parce que la médecine générale, dite de ville, est trop inégalement implantée sur le territoire. Une médecine qui devrait pouvoir accueillir, conseiller, prévenir tous les patients, sans obstacles, en leur consacrant le temps nécessaire.
Cette médecine de premier recours est le fondement d’un bon état de santé général de la population, d’autant que la médecine Scolaire ou celle du Travail sont de plus en plus inexistantes.
Or, son organisation, sur le mode libéral, a abouti à une implantation aléatoire des cabinets médicaux, au gré du choix des médecins guidés par l’environnement social, culturel et matériel. C’est ainsi que le Tarn-et-Garonne apparaît parmi les départements d’Occitanie les plus déshérités avec la Lozère en termes de densité de médecins. Ce sont les cantons ruraux du département qui sont les plus affectés par cette désertification médicale ; notre canton en fait partie, mais deux premières initiatives d’ouverture de Centres de santé publics tendent à y remédier.
Nous ne pensons pas qu’il suffise d’élaborer un magnifique projet architectural, comme on peut le lire sur certains programmes, pour combler le déficit médical. Peut-être faudrait-il orienter les premières installations vers les zones du territoire dépourvues de généralistes ?
Mais au plan national, aucune volonté ne s’exprime actuellement pour une affectation initiale organisée sur le modèle choisi par exemple dans l’éducation nationale, par exemple, pour une répartition équitable sur l’ensemble du territoire.
Alors que faire localement ? Créer des Centres de Santé Publics gérés par des Communes, des Communautés de Communes ou du Département à la manière du Gers voisin qui travaille à la mise en œuvre d’un tel projet. Le budget de ces Centres est alimenté par la Sécurité Sociale en fonction des actes médicaux réalisés (consultations, visites à domicile, ….). Les médecins y sont salariés pendant 3ans, 6 ans ou plus… selon leur choix. Cette installation ne nécessite aucun investissement financier de leur part, ce qui peut faciliter leur début de carrière. Ils peuvent ensuite, en fin de contrat, choisir de revenir vers un exercice individuel, autonome, libéral.
N’oublions pas qu’une prise en charge importante de nos soins par la Sécurité Sociale, nous permet de ne pas hésiter pas à consulter notre médecin référent dès qu’apparaissent quelques symptômes ; ce qui parallèlement, favorise le volume d’activité des médecins. Si bien que la contrainte du salariat pour un début de carrière peut se justifier et s’accepter comme une forme d’action sociale de solidarité de leur part.
Pourquoi ne pourrions-nous pas créer, à l’échelle du Tarn-et-Garonne, un Centre Départemental de Santé Public avec antennes médicales dans les cantons les moins servis sur le plan médical ?
Hélas, quelle n’est pas ma déception, en lisant le magazine départemental du Tarn-et-Garonne, d’apprendre le lancement d’une expérimentation consistant à mettre à disposition des patients une « consultation connectée », la télémédecine pour diagnostiquer sans déplacement du malade. Mais en y regardant de plus près, des frais de déplacement d’intervenants subsistent, ainsi que l’équipement informatique, l’abonnement au service, l’acquisition et l’actualisation de logiciels.
Outre l’aspect matériel, c’est la relation confidentielle entre patient et médecin qui disparaît. Or, dans le domaine de la santé, la relation de confiance qui s’établit est un facteur important de réussite ; la télémédecine ne la garantit pas de la même façon.
La télémédecine est certainement un outil intéressant, en particulier pour l’échange d’interrogations, d’informations et de conseils entre un généraliste et un spécialiste et assurer rapidement la continuité des soins (même si se pose actuellement le risque de diffusion d’informations personnelles) ; mais elle ne peut être, seule, la solution à la désertification médicale.
Le problème de l’accès aux soins dans les mêmes conditions pour tous reste posé et doit faire l’objet d’une réflexion de tous les élus pour une prise en charge efficace et effective où que ce soit sur le territoire.
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