La lutte pour l’égalité, quelle que soit l’origine ou la religion, était au cœur des universités européennes de la Fédération des Maisons des potes, qui publie ce mardi son baromètre sur la lutte contre les discriminations.
Origine, nationalité, couleur de peau, religion : autant de critères qui justifient trop souvent un inégal accès à l’emploi ou au logement, des carrières bloquées, des retraites amputées.
À ces pratiques discriminatoires illégales, les Français disent massivement non, révèle un sondage Harris pour la Maison des potes, publié aujourd’hui ; 86 % des Français se déclarent favorables au renforcement des sanctions contre les employeurs coupables de discrimination à l’égard de l’origine, de la nationalité, de la couleur de peau ou de la religion, et 85 % souhaitent que la même rémunération et la même retraite soient garanties à toutes les personnes exerçant le même travail. « Ces résultats vont à l’encontre de ce qui est mis en valeur dans certains médias et des propos de nombre d’éditorialistes et de personnalités politiques, note Samuel Thomas, le délégué général des Maisons des potes. Pourtant, ils ne font que confirmer ce qui apparaissait déjà dans nos précédentes études. »
Les politiques doivent s’engager
Forts de cette adhésion populaire, les militants de la Maison des potes souhaitent porter la lutte contre les discriminations dans le débat public avant l’échéance électorale du printemps prochain. Au cours de leurs universités européennes, qui se sont achevées le week-end dernier, ils ont présenté leurs propositions aux représentants des différents candidats et les ont invités à prendre des engagements en faveur d’une plus grande égalité entre toutes et tous. « L’une de nos premières exigences est la régularisation des travailleurs sans papiers. Ils sont le plus souvent exploités car ils ne peuvent exiger une rémunération conforme au droit du travail en raison de la menace que constitue leur situation administrative », rapporte Samuel Thomas.
Une proposition qui a notamment retenu l’attention de Léon Deffontaines, le représentant du candidat (PCF) Fabien Roussel.
Si l’adhésion des politiques est si importante, c’est que les discriminations sont parfois le fait même de l’État. Les médecins étrangers dans les hôpitaux publics, les enseignants étrangers dans l’éducation nationale subissent une inégalité de rémunération de traitement et de carrière. Dans la fonction publique territoriale, les étrangers extracommunautaires n’ont accès qu’au statut de vacataire. Ce qui n’est pas sans conséquences : une femme de ménage tunisienne employée dans une mairie sera payée au Smic toute sa vie professionnelle et aura une retraite moitié moins élevée que celle de ses collègues français qui ont fait le même travail. « En Belgique, par exemple, les concours de la fonction publique sont ouverts aux non-Européens. C’est donc possible de le faire en France », plaide le secrétaire général des Maisons des potes, qui espère que la diffusion des résultats du sondage encourage les personnes discriminées à faire valoir leurs droits.
« Aujourd’hui, il n’y a que très peu de poursuites en justice de la part des victimes. Cela s’explique : la police et la justice sont plutôt réticentes, voire hostiles au fait de combattre les discriminations devant les tribunaux. Cela se traduit par des enquêtes bâclées ou partiales et peu de déclenchements de procédure », poursuit-il. Résultat : les personnes discriminées ne voient pas l’intérêt de porter plainte, et la loi se trouve ainsi dévitalisée. Il constate que « depuis des années, on préfère orienter les victimes de discrimination vers des dispositifs de médiation comme le Défenseur des droits ». Et plaide pour qu’ « au contraire, des sanctions financières décidées par la justice mettent en péril l’équilibre économique des entreprises discriminantes ou des promoteurs de haine, sinon rien ne changera ».
Pour donner l’exemple, les Maisons des potes sont partie civile dans deux affaires en cours : le procès d’Éric Zemmour, le 17 novembre, pour ses propos contre les mineurs étrangers isolés, qu’il qualifiait d’assassins, et, le 4 janvier 2022, celui du Front national (devenu RN) qui, en 2014, dans son « guide de l’élu », demandait à ses candidats aux élections municipales de s’engager, s’ils étaient élus, à mettre en œuvre la préférence nationale dans les attributions de logements sociaux. En attendant, des marches pour l’égalité vont avoir lieu dans toutes les régions, avec des rencontres dans 33 villes-étapes, et un grand rendez-vous à Paris, le 12 décembre, pour clore ce tour de France.
Les Français sont de plus en plus favorables au droit de vote des étrangers aux élections (54 % en 2021 contre 49 % en 2019) et ils sont 61 % à plaider pour qu’ils puissent devenir titulaires de la fonction publique, un niveau inégalé depuis 2015. La régularisation des travailleurs étrangers sans papiers se maintient depuis 2018 à un niveau d’adhésion de 60 %.
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