Alors que l’inflation a fait repasser les plus basses rémunérations au niveau du Smic, les organisations sont reçues ce jeudi par le gouvernement. Si le ministère ne propose pas de hausse du point d’indice, elles quitteront les négociations.
Les agents de la fonction publique ont-ils enfin retenu l’attention du gouvernement ? Après des mois de tensions autour de la question salariale, la ministre de la Fonction publique a convoqué, ce jeudi, les représentants des syndicats représentatifs des agents à une rencontre, non prévue à l’agenda, au sujet de leur pouvoir d’achat. Alors même qu’aucun ordre du jour n’a été communiqué, la rencontre s’annonce sous haute tension. « Nous avons décidé en intersyndicale (CGT, FSU, Solidaires – NDLR) que nous nous autoriserons à quitter la salle si aucune annonce n’est faite dans le sens d’une augmentation générale des salaires ! », lance d’emblée Natacha Pommet, secrétaire générale de la CGT services publics. Sur la question, l’ensemble des organisations offre un front commun. « Il n’y a pour nous qu’une seule solution, c’est d’augmenter le point d’indice et d’engager une refonte des grilles », ajoute Christian Grolier, secrétaire général FO fonction publique. Si le gouvernement n’est pas prêt à proposer 2 % d’augmentation du point d’indice au minimum, il se retrouvera seul autour de la table.
Point d’indice gelé depuis 2010
Si les syndicats sont si unanimement prêts à en découdre, c’est que la situation est devenue intenable pour de nombreux agents de la fonction publique. Le point d’indice, qui sert de base au calcul des rémunérations, est gelé depuis 2010, mis à part quelques anodines revalorisations en 2016. Conséquences : le salaire des agents plafonne, même en cas de hausse des prix. « L’inflation n’est plus compensée, ce qui fait que le premier indice est aujourd’hui juste au-dessus du Smic pour la catégorie C, et il dépasse le Smic de seulement 3 points pour la catégorie B », détaille Christian Grolier. « En substance, on estime qu’on a perdu 17 % de pouvoir d’achat depuis le gel du point d’indice, et plus de 20 % depuis les années 2000 », poursuite Natacha Pommet.
La ministre Amélie de Montchalin avait bien concédé quelques miettes aux fonctionnaires les moins bien payés en juillet dernier, en augmentant de 40 à 100 euros mensuels net le salaire de 1,2 million d’agents. Mais, sans mesure plus générale, l’annonce n’avait guère séduit les syndicats. L’augmentation, que la ministre garantissait « extrêmement ciblée », a d’ailleurs déjà été en partie engloutie par l’augmentation automatique du Smic en octobre. Pire, les mesures sectorielles à destination des plus bas salaires, comme l’ajout d’indice en bas de la grille, « tassent » cette dernière et empêchent toute perspective de carrière. « Quand vous êtes agent d’entretien dans un collège, non seulement vous êtes au Smic, mais vous avez très peu de progression de carrière, vous gagnez un point d’indice tous les deux à trois ans, donc 4 euros », détaille Benoît Teste, secrétaire général de la FSU.
Le sujet n’est pas tabou
« Les organisations syndicales ont souhaité évoquer le sujet du point d’indice, ce n’est pas un sujet tabou », a toutefois affirmé le ministère en prévision de la rencontre, ce jeudi, comme pour désamorcer la bombe, puisque, en cas de désaccord avec les propositions qui leur seront présentées, ces derniers menacent tout bonnement de quitter la conférence sur les perspectives salariales, ouverte en septembre et censée trouver des orientations au long cours sur les salaires des agents de la fonction publique. Si la réunion du jour n’a a priori rien à voir avec ce cycle de négociations, les représentants des agents refusent de faire la différence. « Sans mesure immédiate et d’urgence pour le salaire, nous refuserons de parler du fond », prévient Benoît Teste au nom de l’intersyndicale. FO, de son côté, a déjà claqué la porte de ces réunions : « La ministre nous a expliqué qu’il s’agissait de construire la politique salariale des fonctionnaires post-quinquennat, mais nous ne sommes pas là pour écrire le programme de Macron », explique Christian Grolier. Si les discussions venaient à échouer, les organisations syndicales préparent déjà le coup d’après : une mobilisation est en cours d’élaboration pour le début de l’année.
La fronde pour l’augmentation des rémunérations ne concerne pas que les employés de la fonction publique. Face à l’augmentation des prix du gaz, de l’électricité et du carburant, pesant grandement sur le budget des ménages, une intersyndicale CGT, FO, Solidaires, FSU et des organisations de jeunesse appellent le gouvernement à revaloriser le Smic et les pensions de retraite au 1er janvier 2022.
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