Covid : L’école appelle à l’aide 

« Nous vous demandons solennellement de prendre en urgence toutes les mesures nécessaires pour endiguer l’épidémie au sein des écoles ». Tous les syndicats du 1er degré (sauf FO) appellent ensemble le premier ministre à intervenir. Alors que le ministère de l’éducation nationale minimise la crise sanitaire, l’épidémie atteint un niveau inédit dans les écoles, mettant en danger les enfants et leurs familles et contribuant largement à la diffusion du covid. L’inaction du ministre de l’éducation nationale, avec le maintien d’un protocole allégé, tourne à la faute. C’est la rentrée de janvier qu’il est urgent de préparer.

L’appel de 7 syndicats au premier ministre

« Vous avez annoncé des mesures qui n’en sont pas vraiment, nous inquiètent et génèrent une importante désorganisation dans les écoles », écrivent les secrétaires généraux du Snuipp Fsu, du Se Unsa, du Sgen Cfdt, de la Cgt , de Sud et du Sne, représentant plus de 80% des enseignants du premier degré.

Dans cette démarche inédite, ils affirment que « le passage du niveau 2 au niveau 3 du protocole sanitaire n’aura qu’un effet limité sur la circulation du virus dans les écoles, ces mesures sont trop faibles au regard de la contamination installée avec des taux d’incidence chez les 6-10 ans jamais atteints auparavant et deux fois plus importants que l’ensemble de la population ».

Le nouveau protocole qui remplace la fermeture de classe au 1er cas, ne prend pas en compte ni le temps d’incubation ni les difficultés des familles pour faire effectuer les tests. « Cette gestion quotidienne des cas positifs dans les écoles devient extrêmement compliquée, voire impossible, pour les équipes pédagogiques… Cela génère des tensions », poursuivent les syndicats qui rappellent « l’incompréhension des familles ».

Les 7 syndicats demandent  » de prendre en urgence toutes les mesures nécessaires pour endiguer l’épidémie au sein des écoles » mais aussi d’investir dans les écoles pour installer « l’aération mécanique », seule solution à long terme pour une épidémie qui s’installe aussi à long terme. Ils demandent aussi de  » doter les écoles en personnels statutaires suffisants, enseignants et non enseignants, pour abaisser les effectifs et pourvoir aux remplacements ».

L’Education nationale minimise

Pourtant si l’on en croit le ministère de l’Education nationale, la situation s’arrange dans les écoles. Selon le ministère on ne compte plus, grâce au nouveau protocole, que 3208 classes fermées , soit presque 50% de moins que la semaine dernière. Le ministère déclare 48 494 élèves contaminés sur la semaine contre 33 550, soit là aussi près de 50% de plus en une semaine. Quant au nombre de tests réalisés , 241 583, il est quasi identique à celui de la semaine dernière.

Ces données minimisent à la fois l’impact et la réalité de la crise sanitaire dans les écoles. Alors que le ministère déclare 48 494 élèves malades en une semaine, le ministère de la Santé en trouve 21 787 pour la seule journée du 6 décembre. Le nombre de classes fermées est artificiellement diminué grace au nouveau protocole. La réalité vécue par les familles et les enseignants c’est la chasse aux tests, le retour perlé d’élèves testés moins de 24 heures après le premier cas qui généreront de nouveaux cas ,de nouveaux tests. Les familles vivent dans cette multiplication des démarches et les enseignants dans un roulement incessant d’élèves ponctué de vérifications répétées auprès des familles. Tout cela atteint les apprentissages même si officiellement la classe est ouverte.

En réalité, une crise sanitaire inédite

La situation réelle est donnée par Géodes et le ministère de la santé. Le taux d’incidence dans les écoles élémentaires a dépassé en moyenne 1000 (1030). Un département est au dessus de 2000 : la Drôme à 2204. 44 départements métropolitains sont au dessus de 1000 et seulement 5 en dessous de 500. On atteint ainsi des niveaux de contamination chez les 6-10 ans jamais vus. JM Blanquer dit que ces taux d’incidence viennent du fait que l’on teste davantage les enfants. C’est vrai. Mais en testant davantage le taux de positivité des 6-10 ans ne cesse d’augmenter alors qu’il devrait baisser. Pour les 6-10 ans le taux d’incidence est supérieur à celui des autres vagues.

Le taux d’incidence chez les écoliers est supérieur au taux moyen du pays. Autrement dit, c’est bien par l’école que l’épidémie touche le reste de le société. Laisser filer l’épidémie dans les écoles comme le fait le nouveau protocole allégé a un impact global, les enfants étant rarement orphelins.

La situation se dégrade rapidement dans les collèges aussi avec un taux moyen d’incidence de 659, 17 départements au dessus de 1000 et 63 au dessus de 500. Le taux d’incidence a dépassé les plafonds des 3 dernières vagues. En maternelle, le taux moyen est de 459 avec 2 départements au dessus de 1000 et 40 au dessus de 500. Au lycée, il est de 403 avec 2 départements aussi au dessus de 1000(Drôme et Ardèche) et 28 au dessus de 500. Le taux d’incidence croit verticalement et a dépassé celui de la 4ème vague.

Anticiper la rentrée

Si cet appel syndical quasi unanime est lancé au premier ministre c’est probablement que les syndicats n’attendent plus rien du ministre de l’éducation nationale, régulièrement critiqué pour son aveuglement dans la lutte contre l’épidémie. Visiblement, le ministère joue la montre et regarde l’épidémie s’enflammer en attendant les vacances.

Mais c’est bien la rentrée de janvier qui se joue actuellement. Les syndicats exhortent le premier ministre à anticiper la crise sanitaire, ce que la rue de Grenelle n’a jamais réussi à faire.

François Jarraud

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