Le premier exécutif du second quinquennat d’Emmanuel Macron reconduit 13 ministres du précédent mandat, sur 23. Parmi les nouveaux, beaucoup de profils « technos », jamais élus, et deux surprises : l’historien marqué à gauche Pap Ndiaye à l’Éducation nationale, et l’ex-chef des députés LR Damien Abad aux Solidarités.
Véran, Dupond-Moretti, Dussopt, Le Maire… Pour « l’élargissement » et le « renouveau », on repassera. La composition du gouvernement Borne, premier du second quinquennat d’Emmanuel Macron, a été annoncée vendredi 20 mai, quatre jours après la nomination de la première ministre. Un délai qui s’explique par de nombreux refus et la nécessaire vérification des déclarations de chacun – et permet au passage de rogner un peu sur la campagne des législatives.
Le nouvel exécutif est composé de 17 ministres, 6 ministres délégués et 4 secrétaires d’État. Sur les 23 ministres, 13 étaient déjà dans le gouvernement Castex. Entre eux, c’est un petit jeu des chaises musicales : Bruno Le Maire est reconduit à l’Économie (à laquelle est ajouté le portefeuille de la « Souveraineté industrielle »), Eric Dupond-Moretti à la Justice, Gérald Darmanin à l’Intérieur. Mais Olivier Dussopt, représentant de « l’aile gauche » de la Macronie, lâche le Budget à Gabriel Attal et hérite du Travail : il devra notamment porter la controversée réforme du RSA… et le recul de l’âge de la retraite à 65 ans. Olivier Véran bascule de la Santé aux Relations avec le Parlement, laissant sa place à Brigitte Bourguignon, anciennement à l’Autonomie.
Enfin, comme annoncé durant la campagne, le portefeuille de l’Écologie, dévolu jusqu’ici à Barbara Pompili, est scindé en deux : l’ancienne UMP Amélie de Montchalin (ex-Fonction publique) prend la tête de la Transition écologique, et Agnès Pannier-Runacher (ex-Industrie) atterrit à la Transition énergétique. Les deux femmes sont de fidèles lieutenants de la Macronie. Leur nomination montre à la fois l’incapacité d’Emmanuel Macron à attirer des profils issus de l’écologie politique au sens large, et sa volonté de ne pas prendre de ministres susceptibles de lui faire de l’ombre.
Car, du reste, parmi les nouvelles têtes, figurent surtout des profils technocratiques, qui n’ont jamais été élus. Certains ont été piochés directement dans les cabinets et les directions du précédent gouvernement, comme Rima Abdul-Malak, conseillère Culture de Macron, qui s’installe au ministère éponyme. Ou encore Charlotte Caubel, ex-directrice de la protection judiciaire de l’enfance, nommée secrétaire d’État à l’Enfance. L’ambassadrice Catherine Colonna, ex-ministre et porte-parole de la présidence Chirac, succède à Le Drian au Quai d’Orsay. D’autres se veulent plus ouverts sur la société comme l’ex-présidente de la Fédération française de Tennis, Amélie Oudéa-Castéra, nouvelle ministre des Sports, la physicienne et directrice d’université Sylvie Retailleau à l’Enseignement supérieur, ou la magistrate Isabelle Rome à l’Égalité femmes-hommes.
Reste deux surprises. Ou plutôt une et demi. Une « prise de guerre » attendue d’abord : Damien Abad, ex-patron des députés LR et donc figure de l’opposition au premier quinquennat, est nommé ministre des Solidarités et du Handicap (il est lui-même atteint d’arthrogrypose). Nomination plus inattendue, celle de l’historien Pap Ndiaye, à l’Éducation nationale. Spécialiste de l’histoire sociale des États-Unis, et notamment de la question afro-américaine, son profil étonne. Antiraciste, à gauche, il estimait en 2020 que les autorités sont dans le « déni » sur les violences policières. On est curieux de le voir cohabiter dans le même gouvernement que Gérald Darmanin.
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