Le tarif réglementé, majoritaire chez les usagers, va augmenter de 10 % à partir du 1er août. En pleine spirale inflationniste, cette hausse va entraîner de graves conséquences pour les foyers les plus modestes.
Les Français vont devoir davantage se serrer la ceinture. Le gouvernement a prévu une augmentation du tarif réglementé de l’électricité à hauteur de 10 % à partir du 1er août.
Un nouveau coup dur pour le pouvoir d’achat des ménages, en pleine spirale inflationniste affectant fortement leur niveau de vie : la moitié de la population dit se retrouver contrainte de sauter des repas occasionnellement ou régulièrement, selon une étude publiée en juin.
Le gouvernement vise 14 milliards d’euros d’économie
Cet accroissement des coûts difficile à supporter s’inscrit dans une politique de baisse des dépenses publiques voulue par le gouvernement, avec la décision de mettre fin au bouclier tarifaire dans la même visée d’économie budgétaire.
Prévue initialement pour le début de l’année 2025, l’extinction du dispositif a été avancée à la fin 2024. Une mise à l’arrêt progressive, qui se traduit par une hausse de 10 % des tarifs pour août, au prétexte d’éviter une augmentation encore plus brutale en cas de sortie complète du dispositif.
Le ministre délégué chargé des Comptes publics Gabriel Attal a prévenu les Français qu’ils devront faire « un effort global ». En démantelant le bouclier tarifaire, le gouvernement compte faire près de 14 milliards d’euros d’économie.
« Dès lors qu’on doit faire des économies, il faut notamment sortir des dispositifs spécifiques qu’on a mis en place pendant la crise de l’inflation ; cela veut dire qu’on va devoir sortir progressivement du bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie », a indiqué le ministre au micro de RTL. « Ça ne va pas se faire d’un coup, d’un bloc » assure-t-il.
Une situation qui ne peut qu’empirer
Le prix de l’électricité, sujet de crispation pour de nombreux foyers, en particulier pour les plus modestes, a augmenté constamment ces dernières années. La part allouée à l’énergie destinée au logement par les ménages dans leurs dépenses a quasiment doublé entre 1970 et 2020, selon les chiffres du ministère de la Transition énergétique, passant de 7 % à près de 14 %.
Ces chiffres inquiétants ne prennent pas en compte les augmentations récentes des prix de l’électricité sur fond de crise énergétique mondiale. Le tarif réglementé qui concerne 60 % des ménages, révisé en février et en août, avait flambé de 4 % en 2022, et de 15 % en février de cette année.
L’augmentation prévue pour le mois d’août à hauteur de 10 % n’inverse pas la tendance. L’impact sur le « pouvoir d’achat » des consommateurs sera conséquent : selon les calculs du sénateur communiste Fabien Gay, spécialiste des questions d’énergie, les retombées sur la facture des usagers seront comprises entre 400 et 600 euros sur l’ensemble de l’année 2023.
Une augmentation qui survient dans un contexte de sobriété énergétique subie, où les ménages tentent déjà par tous les moyens de réduire leur consommation. Selon le baromètre Énergie-Info, ils seraient même 9 sur 10 à avoir changé leurs habitudes. D’après le médiateur national de l’énergie, 69 % des consommateurs ont « restreint le chauffage (…) pour ne pas avoir de facture trop élevée ».
Une précarité qui touche particulièrement les jeunes, puisque ces difficultés financières sont majoritaires chez les 18-34 ans, et que huit sur dix disent ne pas pouvoir se chauffer correctement. Une situation qui ne peut qu’empirer sous l’effet de cette nouvelle augmentation.
« La libéralisation du marché de l’énergie n’a fait qu’augmenter les prix », juge Julien Lambert, secrétaire de la fédération des mines et de l’énergie CGT. « En 2023, nous assistons à la plus grande hausse des prix de l’électricité ; même en 2008, dans un contexte de crise financière mondiale, nous n’avions pas atteint de tels chiffres », poursuit le syndicaliste, pour qui nous sommes arrivés à un stade historique des méfaits du libéralisme sur les prix de l’énergie.
Selon le militant syndical, il faut sortir de l’idée que « le marché va réguler les prix car on voit bien que c’est faux ». La libéralisation n’a donc pas permis de faire baisser la facture, au contraire. Si l’on appliquait les recommandations de la Commission de régulation de l’énergie, il faudrait augmenter le tarif réglementé de 74,5 %. Une impasse sociale dans le contexte de précarité énergétique de plus en plus prégnante.
En savoir plus sur Moissac Au Coeur
Subscribe to get the latest posts sent to your email.