Des cours de récréation vides et des classes quasi désertes… Dans plusieurs établissements du Tarn-et-Garonne, cette journée de lundi a été particulièrement calme. En effet, à l’appel de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), les parents ont été invités à ne pas envoyer leur enfant au collège. Un boycott inédit et qui va plutôt à contrecourant de la philosophie habituelle de la structure. Mais aux grands maux, les grands moyens ! Et c’est grâce à cette action que la fédération entend protester contre la réforme dite du « Choc des savoirs ».
À Lauzerte par exemple, sur les 287 élèves qu’accueille en temps normal le collège, seuls 71 enfants ont été en cours. Soit un taux d’absentéisme de plus de 75 %. « Nous avons pris la décision de participer à cette action suite à une réunion d’information que nous avons tenue le 30 avril, explique Manuela Dader, la présidente de l’association des parents d’élèves du collège Pays de Serres. Beaucoup de parents se posent des questions pour l’avenir de leurs enfants, poursuit-elle. Cette réforme va créer une société qui va à l’encontre de l’entraide et de la mixité alors que c’est justement cette mixité qui permet de tirer les élèves vers le haut », prédit-elle. Cette maman de deux préados, dont l’un est au collège et l’autre va bientôt y rentrer, estime que la réforme ne va faire que « stigmatiser les élèves en difficulté. Il n’y aura pas de possibilité de changer de niveau en cours d’année, cela va empêcher l’évolution des enfants », s’alerte-t-elle.
420 heures de cours supplémentaires allouées pour mettre en place la réforme
Lauzerte n’est pas le seul établissement à s’être mobilisé. Moissac enregistre « 78 % d’absents, dénombre Béatriz Malleville, présidente de la FCPE 82, et près de 85 % au collège de Labastide-Saint-Pierre ». Ils n’étaient que 80 collégiens présents ce lundi à Jean-Jacques-Rousseau. Lafrançaise, Grisolles et Nègrepelisse ont également participé avec des taux de participation à la journée Collège fantôme, de près de 30 %.
« À Montauban, cela a peu fonctionné, il n’y a eu en moyenne que 10 % d’absents dans les établissements car les équipes FCPE n’ont pas eu assez de temps pour s’organiser et communiquer », regrette la représentante départementale. Le collège Ingres est le seul des établissements montalbanais qui a massivement suivi le mouvement avec près de 75 % d’absents.
Au final, pour la présidente tarn-et-garonnaise, le bilan de cette journée d’action est très positif.
Bien que surpris par cette action, Cyril Le Normand, le directeur de l’inspection académique des services de l’Éducation Nationale dans le Tarn-et-Garonne, souligne pour sa part que le « dialogue continue avec la FCPE ». Le directeur minimise l’impact de ce mouvement qui n’a vraiment été suivi que par « quatre collèges publics sur les 18 que compte le département », estime-t-il. Et de rappeler que « 420 heures supplémentaires ont été allouées pour mettre en place cette réforme » et qu’un travail est en cours afin d’attribuer et d’organiser au mieux ces dotations avec les différents établissements.
En attendant, d’autres actions sont déjà annoncées dans les jours et semaines à venir. Une réunion d’information va en effet être organisée le mardi 21 mai prochain de 18 h à 20 h, au restaurant le Fort à Montauban (5 rue du Fort) et une grande manifestation locale et régionale est d’ores et déjà à l’agenda des parents d’élèves qui ont coordonné leur lutte avec les syndicats enseignants. Tous se réuniront le samedi 25 mai à 11 heures au métro Jean-Jaurès à Toulouse. Un moyen de donner encore plus de « visibilité et de lisibilité » au mouvement.
Les syndicats enseignants aussi en ordre de marche
Déjà mobilisées à plusieurs reprises depuis le début de l’année, les organisations syndicales de l’éducation nationale ont annoncé plusieurs manifestations. Ce mardi, CGT éduc’action, Fnec FP-FO et SUD éducation ont en effet déposé un préavis de grève.
Un rassemblement est en outre organisé le vendredi 17 mai 2024 à 12 h 30 devant le collège Olympe de Gouges, 570 Rue du Ramiérou.
Enfin, les organisations de l’intersyndicale (FSU, FNEC FP FO, CGT Educ’action et SUD) appellent à faire de la semaine du 13 mai, une semaine d’amplification et de convergence de toutes les mobilisations contre le « Choc des savoirs » et à participer massivement aux manifestations avec les parents d’élèves du samedi 25 mai « contre le choc des savoirs, pour le choc des moyens et des salaires pour l’École publique », annoncent les militants dans un communiqué.
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